Le dernier rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP) sur le secteur informel au Maroc dresse un constat aussi inquiétant que révélateur : les femmes y sont sous-représentées, marginalisées et souvent invisibilisées, alors même qu’elles y participent activement, souvent par nécessité.
En 2023, seulement 7,6 % des unités de production informelles (UPI) sont dirigées par des femmes, un chiffre en recul par rapport à 2014 (8,8 %). Cette présence réduite ne reflète en rien un désintérêt féminin pour l'entrepreneuriat, mais plutôt les barrières sociales, financières et culturelles qui entravent leur insertion dans ce secteur déjà précaire.
L’analyse des trajectoires des femmes dans l’informel révèle une double peine. Près de 72 % d’entre elles déclarent être entrées dans le secteur informel par contrainte économique, faute d'accès au marché de l’emploi formel ou après une période de chômage prolongé. Pour beaucoup, c’est un choix par défaut, une manière de participer à l'économie sans en avoir les outils, ni les soutiens.
L’enquête met également en lumière une forte inégalité dans la gestion des responsabilités familiales et professionnelles. Ainsi, 30 % des femmes cheffes d’UPI déclarent avoir des difficultés à concilier leur activité avec leurs obligations familiales, contre seulement 8,1 % des hommes. Ce chiffre met en évidence la charge mentale qui pèse sur les femmes, notamment dans les milieux populaires, où elles doivent jongler entre productivité économique et rôles domestiques.
Malgré cette implication, les femmes du secteur informel sont confrontées à une fragilité institutionnelle exacerbée. L’accès au crédit leur est encore plus limité que pour les hommes. Elles recourent moins à l’autofinancement (63,8 % contre 73,9 % pour les hommes), dépendent davantage de dons familiaux ou d’héritages, et sont moins bancarisées. Résultat : leurs activités sont souvent sous-capitalisées, peu visibles, et très vulnérables aux aléas économiques.
Et pourtant, certaines branches du secteur informel sont féminisées, notamment l’industrie de transformation artisanale, la restauration à domicile, les soins personnels ou encore les petits commerces ambulants. Ces femmes, souvent peu qualifiées, créent de la valeur, animent les économies locales, participent à la survie de leurs foyers, tout en demeurant exclues des mécanismes de reconnaissance, de protection et de valorisation.
Les dispositifs publics censés intégrer ou accompagner ces femmes peinent à les atteindre. Le statut d’auto-entrepreneur, par exemple, ne concerne que 1,7 % de l’ensemble des UPI, et encore moins de femmes. La complexité des démarches administratives, l’absence de temps, la méfiance institutionnelle ou le manque d’information contribuent à les maintenir en dehors des dispositifs formels.
Ce phénomène soulève une problématique politique de fond : comment concevoir une politique d’autonomisation économique des femmes sans repenser l’accès au financement, à la formation, et sans alléger la charge sociale et familiale qui pèse sur elles ? Tant que les politiques d’inclusion resteront indifférenciées, les femmes continueront à subir une forme d’exclusion silencieuse.
Il ne s’agit pas seulement d’encourager l’entrepreneuriat féminin, mais de créer des conditions équitables d'accès à l’économie, formelle ou informelle. Cela passe par des programmes de proximité, une simplification des démarches, des formations adaptées aux contraintes horaires des femmes, et surtout une reconnaissance symbolique et statistique de leur contribution économique.
Car l’informel, s’il est précaire pour tous, l’est doublement pour les femmes. Et c’est cette double précarité qu’il faut désormais rendre visible, questionner, et transformer.
En 2023, seulement 7,6 % des unités de production informelles (UPI) sont dirigées par des femmes, un chiffre en recul par rapport à 2014 (8,8 %). Cette présence réduite ne reflète en rien un désintérêt féminin pour l'entrepreneuriat, mais plutôt les barrières sociales, financières et culturelles qui entravent leur insertion dans ce secteur déjà précaire.
L’analyse des trajectoires des femmes dans l’informel révèle une double peine. Près de 72 % d’entre elles déclarent être entrées dans le secteur informel par contrainte économique, faute d'accès au marché de l’emploi formel ou après une période de chômage prolongé. Pour beaucoup, c’est un choix par défaut, une manière de participer à l'économie sans en avoir les outils, ni les soutiens.
L’enquête met également en lumière une forte inégalité dans la gestion des responsabilités familiales et professionnelles. Ainsi, 30 % des femmes cheffes d’UPI déclarent avoir des difficultés à concilier leur activité avec leurs obligations familiales, contre seulement 8,1 % des hommes. Ce chiffre met en évidence la charge mentale qui pèse sur les femmes, notamment dans les milieux populaires, où elles doivent jongler entre productivité économique et rôles domestiques.
Malgré cette implication, les femmes du secteur informel sont confrontées à une fragilité institutionnelle exacerbée. L’accès au crédit leur est encore plus limité que pour les hommes. Elles recourent moins à l’autofinancement (63,8 % contre 73,9 % pour les hommes), dépendent davantage de dons familiaux ou d’héritages, et sont moins bancarisées. Résultat : leurs activités sont souvent sous-capitalisées, peu visibles, et très vulnérables aux aléas économiques.
Et pourtant, certaines branches du secteur informel sont féminisées, notamment l’industrie de transformation artisanale, la restauration à domicile, les soins personnels ou encore les petits commerces ambulants. Ces femmes, souvent peu qualifiées, créent de la valeur, animent les économies locales, participent à la survie de leurs foyers, tout en demeurant exclues des mécanismes de reconnaissance, de protection et de valorisation.
Les dispositifs publics censés intégrer ou accompagner ces femmes peinent à les atteindre. Le statut d’auto-entrepreneur, par exemple, ne concerne que 1,7 % de l’ensemble des UPI, et encore moins de femmes. La complexité des démarches administratives, l’absence de temps, la méfiance institutionnelle ou le manque d’information contribuent à les maintenir en dehors des dispositifs formels.
Ce phénomène soulève une problématique politique de fond : comment concevoir une politique d’autonomisation économique des femmes sans repenser l’accès au financement, à la formation, et sans alléger la charge sociale et familiale qui pèse sur elles ? Tant que les politiques d’inclusion resteront indifférenciées, les femmes continueront à subir une forme d’exclusion silencieuse.
Il ne s’agit pas seulement d’encourager l’entrepreneuriat féminin, mais de créer des conditions équitables d'accès à l’économie, formelle ou informelle. Cela passe par des programmes de proximité, une simplification des démarches, des formations adaptées aux contraintes horaires des femmes, et surtout une reconnaissance symbolique et statistique de leur contribution économique.
Car l’informel, s’il est précaire pour tous, l’est doublement pour les femmes. Et c’est cette double précarité qu’il faut désormais rendre visible, questionner, et transformer.