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Fête du Travail : Syndicats cherchent cortège désespérément


Rédigé par La Rédaction le Vendredi 2 Mai 2025

Au Maroc, le 1er mai 2025 s’est tenu dans un calme inhabituel. Les cortèges syndicaux étaient clairsemés, signe d’un désintérêt croissant pour les mobilisations.



Fête du Travail sans invités : le grand vide du 1er mai au Maroc. Où sont passés les travailleurs ?

Fête du Travail : Syndicats cherchent cortège désespérément
Le 1er mai 2025 au Maroc s’est déroulé dans un calme inattendu. Dans plusieurs villes du Royaume, les cortèges syndicaux, traditionnellement hauts en couleurs et en slogans, ont peiné à rassembler du monde. À Rabat, Casablanca, Fès ou encore Agadir, l’ambiance n’avait rien de celle des grands rendez-vous sociaux. Quelques centaines de militants, souvent les plus fidèles, ont battu le pavé, mais le peuple salarié dans son ensemble a brillé par son absence.

Ce désintérêt apparent soulève de nombreuses questions. Comment expliquer cette démobilisation massive des travailleurs à un moment censé symboliser leur unité et leur combat pour de meilleures conditions de vie ? D’un côté, certains pointent une désaffection croissante vis-à-vis des syndicats, perçus comme peu efficaces, voire compromis dans des négociations tièdes avec le gouvernement. D’un autre, une grande partie des salariés, notamment dans le privé, n’ont tout simplement plus confiance dans la capacité des défilés à faire évoluer leur situation.

Il faut dire que le contexte socio-économique n’aide pas. La vie chère, la stagnation des salaires, le chômage des jeunes, l’extension du travail informel… autant de sujets brûlants qui n’ont pas trouvé d’écho massif dans la rue ce 1er mai. À cela s’ajoute une certaine lassitude face à des revendications qui se répètent d’année en année, sans changement tangible. Le slogan « travail décent pour tous » paraît bien creux quand les salariés, eux, peinent à tenir jusqu’à la fin du mois.

Mais ce silence des rues ne signifie pas que la colère a disparu. Elle s’exprime autrement, souvent de manière plus diffuse : sur les réseaux sociaux, dans les conversations de café ou dans les démissions silencieuses. L’éloignement entre les syndicats et les jeunes générations, en particulier, devrait inquiéter. Car que vaut une Fête du Travail si elle ne parle plus aux travailleurs ?

Ce spectacle étonnamment discret, mais qui n’est pas une exception marocaine : la presse internationale rapporte la même tendance dans nombre de capitales, de Paris à Rome, de Tunis à Bruxelles.

La baisse de mobilisation pour la Fête du Travail est loin d’être un phénomène exclusivement marocain. Dans de nombreuses capitales, les cortèges syndicaux n’ont pas fait recette cette année. À Berlin, Londres ou Buenos Aires, la presse évoque « des rassemblements timides », « une mobilisation en net recul » ou encore « un rendez-vous symbolique mais déserté ». Seules quelques villes comme Séoul ou La Paz ont vu de véritables foules descendre dans la rue. Ce recul interroge sur l’évolution des formes de contestation et la difficulté des syndicats à incarner l’avenir du travail dans un monde post-pandémique et précarisé.

​Le paradoxe des droits syndicaux garantis mais peu exercés

Le Maroc reconnaît dans sa Constitution la liberté syndicale et le droit de grève. Pourtant, seuls 6 % des travailleurs marocains seraient syndiqués selon les dernières estimations. La faiblesse du dialogue social sectoriel, la précarité croissante du salariat et la peur des représailles dans certaines entreprises dissuadent bien des employés de se mobiliser. En parallèle, les grandes centrales peinent à se renouveler ou à intégrer les enjeux des nouvelles formes de travail, comme le télétravail, l’auto-entrepreneuriat ou les plateformes numériques.

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