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Fifa : Al-Khelaïfi et Valcke rejugés en appel


Rédigé par le Dimanche 6 Mars 2022

Acquittés en première instance dans une affaire de droits TV, Nasser Al-Khelaïfi, patron de beIN Media et du Paris SG, et Jérôme Valcke, ancien numéro 2 de la Fifa, retrouvent la justice suisse pour un procès en appel à partir de lundi.



Fifa : Al-Khelaïfi et Valcke rejugés en appel
Premier des multiples scandales du football mondial à aboutir à une décision judiciaire en Suisse, à l'automne 2020, le procès devant le Tribunal fédéral de Bellinzone s'était soldé par un revers quasi-total pour l'accusation. 

Une deuxième manche s'ouvrira donc jusqu'à jeudi dans la cité tessinoise, sans que la présence des accusés ne soit garantie alors que le PSG ira chercher sa qualification mercredi sur le terrain du Real Madrid en huitièmes de finale retour de Ligue des champions (aller: 1-0). 

Dans le volet le plus médiatisé, Al-Khelaïfi, 48 ans, et Valcke, 61 ans, sont accusés d'avoir conclu un pacte dans le dos de la Fifa, relevant de la "gestion déloyale" et passible de cinq ans de prison. 

Au terme de dix jours d'audience en septembre 2020, le parquet avait requis 28 mois d'emprisonnement contre le dirigeant qatarien, 3 ans contre Valcke et 30 mois contre un homme d'affaires grec, Dinos Deris, acquitté du chef de "corruption privée" dans une affaire distincte. 
Comme l'accusation, le Tribunal pénal fédéral avait estimé que Valcke avait monnayé son soutien à beIN en échange d'une luxueuse villa sur la Côte d'Emeraude sarde, achetée pour lui 5 millions d'euros fin 2013 par une société brièvement détenue par Al-Khelaïfi. 

L'ancien secrétaire général de la Fifa avait sollicité l'aide du dirigeant qatari pour financer la "Villa Bianca", quelques mois avant la signature en avril 2014 d'un contrat entre beIN et l'instance du football portant sur les droits en Afrique du Nord et au Moyen-Orient des Mondiaux-2026 et 2030.

Dans leur jugement civil, les magistrats ont même qualifié de "pot-de-vin" l'acompte pour la villa sarde. Mais, au pénal, le tribunal ne pouvait condamner pour "corruption privée", la Fifa ayant retiré sa plainte en janvier 2020 après un accord avec Al-Khelaïfi, dont les termes n'ont jamais été rendus publics. Restait donc l'accusation de "gestion déloyale", qui nécessite de prouver que l'accord entre les deux hommes a lésé la Fifa. 

Or "rien n'indique que la Fifa aurait pu obtenir un contrat plus avantageux" que celui signé avec beIN pour 480 millions de dollars pour deux Coupes du Monde, soit 60% de plus que pour les Mondiaux-2018 et 2022, alors que la chaîne était seule en lice, avait tranché le tribunal. 
"Notre client a été totalement acquitté en octobre, après une enquête exhaustive de quatre ans, un procès approfondi de deux semaines, au cours duquel l'accusation a présenté tous les éléments et toutes les théories imaginables sans rien prouver", avaient souligné l'an dernier les avocats de Nasser Al-Khelaïfi auprès de l'AFP, qualifiant l'appel de "dernière action désespérée de l'accusation". 
 
L'entourage du dirigeant qatarien martèle depuis que ce procès "a toujours été principalement à propos de Jérôme Valcke" et l'a assimilé à "un affrontement entre +l'ancienne+ et la +nouvelle+ Fifa". 

L'ex-bras droit de Sepp Blatter, président de la Fifa forcé de démissionner en 2015 et mis depuis au ban du football mondial pour une série d'infractions éthiques, est en effet le trait d'union entre les deux affaires rejugées à Bellinzone. 

Dans le deuxième dossier, Jérôme Valcke est accusé d'avoir touché 1,25 million d'euros de la part de Dinos Deris, pour favoriser l'obtention des droits médias de plusieurs Coupes du monde en Grèce et en Italie. Il a là encore été blanchi de l'accusation principale mais condamné pour avoir inscrit ces pots-de-vin sous le terme de "prêts" dans sa comptabilité.


LODJ avec AFP




Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 6 Mars 2022