La France étonnera toujours par la confusion qui y est faite, de manière volontaire ou inconsciente, entre dérives verbales et liberté d’expression.

Les Français musulmans, majoritairement issus de l’immigration, qui représentent plus de 8% de la population française, ont évidemment mal réagi en lisant les « prophéties » de l’écrivain Michel Houellebecq, dans un entretien publié en décembre 2022, sur des « bataclans à l’envers » (en référence aux attentats qui ont frappé une salle de spectacle en novembre 2015 à Paris), ciblant des mosquées et des cafés fréquentés par des Français musulmans.

Suite au récent attentat contre un centre culturel kurde, le 23 décembre à Paris, qui a fait trois morts et autant de blessés, perpétré par un individu aux motivations racistes avouées, les élucubrations de l’écrivain français prennent une forme autrement plus troublante.

L’unique solution imaginée par Michel Houellebecq pour éviter la guerre civile et le bain de sang qu’il anticipe, serait le départ des Français musulmans vers d’autres cieux. Le seul choix, donc, laissé à ces derniers est : « la valise ou le cercueil ».

Adieu veaux, vaches, démocratie, déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen…

Après le recteur de la Mosquée de Paris, c’est le Conseil français du culte musulman qui a décidé de porter plainte contre Michel Houellebecq.

En dehors de l’hexagone, en pays musulmans en particulier, l’image de marque de la France est encore plus ternie par ces déclarations de haine qu’elle ne l’était déjà.

En raison de l’excès des propos de l’écrivain français, il semble nécessaire de s’intéresser quelque peu à ce dernier, du moins ce qu’il est possible de déduire de ses déclarations et prises de position antérieures.

Michel Houellebecq, de son vrai nom Michel Thomas, avait déclaré dans un entretien accordé, en 2001, à une revue littéraire : « Je me suis dit que le fait de croire à un seul Dieu était le fait d’un crétin, je ne trouvais pas d’autre mot. Et la religion la plus con, c'est quand même l'Islam. Quand on lit le Coran, on est effondré… effondré ! La Bible, au moins, c’est très beau, parce que les Juifs ont un sacré talent littéraire … ce qui peut excuser beaucoup de choses. (…) L’Islam est une religion dangereuse, et ce depuis son apparition. Heureusement, il est condamné » !

Nous avons, donc, affaire à un individu d’un athéisme agressif, qui déteste particulièrement l’Islam, méprise le christianisme au point de ne même pas le citer lorsqu’il disserte sur les textes sacrés du monothéisme, et craint, néanmoins, la colère du lobby juif en France.

L’on pourrait, alors, se contenter de conclure, à partir de là, qu’un ennemi déclaré du monothéisme, d’une lâcheté affichée sans gêne par ailleurs, s’en prend aux fidèles d’une religion, l’Islam, empreint d’une vigueur qui fait depuis longtemps défaut au Christianisme en France.

Si le Catholicisme avait encore du poids dans la société française, Michel Houellebecq aurait tout autant pu « prédire » des « Saint-Barthélemy à l’envers » (en référence au massacre des Protestants par les Catholiques en 1572 à Paris).

C’est, en fait, la foi en un Dieu unique que rejette férocement Michel Houellebecq. Sauf si ce dernier s’appelle Yahvé. Il a une carrière littéraire et une visibilité médiatique à préserver, il ne faut quand même pas exagérer.

L’écrivain est, par ailleurs, poursuivi en justice par son confrère franco-sénégalais Hadji Diagolo, qui l’accuse d’avoir plagié des passages de son roman « Un musulman à l’Elysée » pour pondre son best-seller « Soumission ».

Toute cette affaire éclate en un moment ou la France traverse une grave crise énergétique, économique, sociale et politique, aggravée par son implication dans le conflit en Ukraine.

D’abord convaincue par les médias de l’importance de consentir des sacrifices pour « vaincre Poutine », la population française commence à exprimer son désarroi face au renchérissement du coût de la vie et aux mesures d’économie de l’énergie et son ras-le-bol d’une classe politique autiste, qui l’a plongé dans la désastreuse situation actuelle.

7,6% de la population française vit sous le seuil de la pauvreté.

Plutôt que de voir les « gueux » réclamer des comptes à leurs dirigeants politiques, autant les occuper dans une confrontation sanglante entre Français « de souche » et « musulmans ».

Les Français, tomberont-ils dans le piège ? L’avenir nous le dira.