L'ODJ Média

Fuite des cerveaux.




Par El Montacir Bensaid

Fuite des cerveaux.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
 
Nous passons notre temps à parler de fuite de cerveaux, de jeunes marocains et moins jeunes qui fuient le pays vers des contrées lointaines où ils s’épanouissent, où leurs compétences sont reconnues et où leurs contributions seront appréciées à leur juste valeur.
Nous passons notre temps à leur reprocher cette fuite, en agitant le drapeau, en parlant de patrie, de nation, d’ingratitude, de désertion…
 
N’importe quoi !
 
D’abord il n’y a pas seulement de fuite de cerveaux mais de fuite tout court !
 
Pourquoi ?
 
Parce que nous sommes dans un système de gouvernance qui privilégie l’incompétence et l’obéissance, avec un seul mot d’ordre : Etouffer toutes les velléités de changement, garder en vie et en place les dinosaures du Jurasic Park parlementaire et des partis politiques en déliquescence avancée, servir les postes clés aux zélés serviteurs non pas de l’Etat mais de cet état de choses.
Le couvercle de la marmite marocaine est hermétique, il est posé sur toute l’intelligentsia de ce pays, il ne se soulève que pour les diplômés dévoyés à même de prendre le relais de papa, tonton, cousin…
 
Alors pour peu qu’on ne soit pas schizophrène, masochiste ou psychopathe, un seul moyen : La fuite.
 
Qui va avoir le courage de se pencher sur ce problème, qui va dénoncer les dérives d’un système soit disant à la page dans le domaine du numérique, de la dématérialisation des documents, des réseaux sociaux quand les architectes de ces systèmes ne se soucient pas des attentes des citoyens, du mode de fonctionnement des entreprises mais proposent des solutions, inextricables, à la mesure de leur petite cervelle torturée d’informaticien.
 
Qui va avoir le courage de sanctionner à l’autre bout de la chaîne numérique les réponses inadaptées, obscures, illogiques souvent ou pouvant être interprétées au hasard des humeurs.
 
Tout est un chemin de croix, que ce soit monter une affaire, lancer un commerce, ouvrir un bureau, une agence, obtenir une autorisation de construction…
 
Alors les « Fuyards » se disent que pour une espérance de vie de soixante-dix ou soixante-quinze ans, s’ils se battent quarante ans pour arriver à une situation qui ne leur prendrait ailleurs que cinq ou dix ans, pourquoi ce sacrifice national ? Pour arriver à une retraite minable ? Pour avoir assisté, médusés, dans leurs petits bureaux à des promotions fulgurantes, inversement proportionnelles à la compétence de ces appelés qui vont continuer à saborder le pays.
 
La vie est courte, la mondialisation nous a ouvert les yeux et aiguisé notre soif d’apprentissage, de bien-être, de reconnaissance, de perfectionnement et de participation à la construction des sociétés dans lesquelles nous voulons vivre alors la fuite n’en est pas une, c’est un départ, une reconversion et peut-être que si le pays se corrige et reconnaît ses tares, il pourra rappeler ses nationaux qui reviendront alors avec plus d’expérience, plus de connaissances, plus d’alternatives, plus de vision, pour nous mettre le pied à l’étrier du Millénium.
 
Il faut y croire.
 
EL Montacir Bensaid


Jeudi 5 Août 2021