C’est une scène qui pourrait sembler anecdotique, mais qui touche au cœur du portefeuille de millions de Marocains. En fin d’année, alors que l’on prépare les festivités et les retours en famille, le gouvernail des prix des carburants a brutalement changé de cap. À 00h01 le 30 décembre 2025, les prix à la pompe ont été révisés à la baisse : le litre de gasoil a chuté de 65 centimes, pour se stabiliser autour de 9,95 dirhams, et l’essence Super Sans Plomb (SSP) a reculé de 44 centimes, s’affichant à environ 13,05 dirhams le litre dans plusieurs stations du Royaume. 
 

Pour beaucoup de conducteurs urbains je pense à un ami camionneur à Rabat qui passe plus de temps sur la route qu’à la maison ce recul a été accueilli avec un enthousiasme visible. « Enfin une bonne nouvelle ! Avec tout ce que je dépense chaque semaine… ça va faire une vraie différence », confiait-il en remplissant son réservoir. Un sentiment partagé par des centaines de ménages qui jonglent déjà avec une inflation persistante.
 

Cette baisse intervient après deux hausses consécutives des prix qui avaient vu le gasoil dépasser durablement les 10 dirhams le litre, et l’essence flirter avec les 13 dirhams et plus un point de tension notable dans les discussions quotidiennes sur l’augmentation du coût de la vie.
 

Les distributeurs expliquent ce mouvement par un recul des coûts d’approvisionnement sur les marchés internationaux, où les tensions se sont légèrement atténuées ces derniers jours. Mais attention : le mot d’ordre chez les professionnels reste la prudence. Le marché des hydrocarbures est notoirement volatil, influencé par des facteurs géopolitiques imprévisibles comme les politiques de l’OPEP+, les tensions au Moyen-Orient, ou encore les évolutions de la demande mondiale. 
 

Ce repli des prix, bien qu’appréciable, rappelle une dynamique observée tout au long de l’année : les baisses de prix internationales ne se traduisent pas toujours intégralement dans les valeurs affichées à la pompe. Des rapports antérieurs du Conseil de la concurrence avaient déjà pointé un certain décalage entre les coûts d’achat internationaux et les prix de vente locaux, où les marges restent relativement élevées même en période de repli des cours mondiaux. 
 

Dans les cafés et les souks, les discussions vont bon train. Certains y voient la preuve que le mécanisme de formation des prix pourrait encore gagner en transparence et en équité — un héritage des débats lancés par des organisations de consommateurs qui, plus tôt dans l’année, dénonçaient des hausses jugées « excessives » et peu corrélées aux coûts réels. 
 

Pour l’instant, ce répit à la pompe se traduit par un léger apaisement pour les budgets familiaux déjà sous pression. Mais il ne faut pas se voiler la face : la tendance à long terme dépendra moins d’où est fixée une ligne de flottaison à la fin de l’année que de la capacité des acteurs marocains à refléter fidèlement les mouvements du marché mondial dans les prix locaux.
 

En attendant, cette baisse pourrait, au moins temporairement, offrir une respiration bienvenue aux ménages et aux entreprises marocaines qui espèrent que 2026 apportera davantage de stabilité et de justice tarifaire à la pompe.

Plus qu’une simple détente tarifaire, ce recul des prix du carburant en fin 2025 devrait ouvrir un débat plus large sur l’efficacité du mécanisme de formation des prix au Maroc une discussion qui résonne avec les aspirations d’une génération marocaine consciente de son pouvoir d’achat et avide de transparence économique.