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Gaza: l’eau, dernière frontière de la survie


Rédigé par le Mercredi 8 Octobre 2025

Dans la bande de Gaza, la pénurie d’eau aggrave une crise humanitaire déjà extrême. Pour les déplacés, chaque litre devient un champ de bataille quotidien, entre réseaux détruits, salinisation et accès humanitaire entravé.



Les Déplacés en détresse et les infrastructures à l’agonie

Gaza: l’eau, dernière frontière de la survie
À Gaza, l’eau n’est plus un service public: c’est une ligne de vie qui se rétrécit, jour après jour. Les déplacements massifs, les destructions d’infrastructures et les coupures d’énergie ont fait basculer des centaines de milliers de personnes dans une précarité hydrique aiguë. Les robinetteries se taisent, les citernes s’assèchent, et l’on fait la queue non plus pour s’approvisionner, mais pour espérer. La soif est devenue le premier révélateur de la vulnérabilité, avant même la faim et le froid.

Le réseau de distribution, déjà fragile, a cédé sous la pression des bombardements et des pénuries de carburant. Les usines de dessalement fonctionnent en pointillé, quand elles ne sont pas à l’arrêt faute d’électricité. L’aquifère côtier, surexploité et infiltré par l’eau de mer, livre une eau salée et parfois contaminée. Dans les abris improvisés, les familles rationnent: boire un peu, se laver rarement, renoncer à l’hygiène de base. Le risque épidémique grandit, silencieux, dans chaque jerrycan partagé.

Les convois humanitaires acheminent des bouteilles, des réservoirs souples, des pastilles de chloration. Mais l’accès fluctue, soumis à des autorisations, des contrôles, des couloirs incertains. Chaque retard pèse lourd, car l’eau ne se stocke pas à l’infini et sa distribution requiert une logistique complexe. Les ONG plaident pour des garanties de passage, la protection des sites de pompage et la remise en service minimale des réseaux. Priorité aux enfants, aux personnes âgées, aux malades: l’équité se mesure ici à la goutte près.

Dans ce paysage de pénurie, l’ingéniosité locale demeure un rempart: collectes d’eau de pluie, filtres artisanaux, microdessalement. Mais l’effort individuel ne peut compenser l’effondrement structurel. L’eau, ressource de paix par excellence, devient instrument de vulnérabilité. La communauté internationale invoque le droit humanitaire: protéger les infrastructures hydriques, garantir l’accès, prévenir la déshydratation et les maladies hydriques. À défaut, la crise de l’eau précipitera toutes les autres, emportant la santé, la dignité et la cohésion sociale.

Reste une évidence sans lyrisme: la survie à Gaza se joue à la pression d’une conduite, au bruit d’une pompe, à la clarté d’une citerne. L’urgence n’admet ni délais rhétoriques ni promesses ajournées. Assurer un minimum d’eau potable, sécuriser l’assainissement, stabiliser l’énergie: voilà le triptyque d’une humanité qui se défend. Tout le reste, pour l’instant, est secondaire.

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Mamoune ACHARKI
Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 8 Octobre 2025