1/ Ne rien faire, laisser le temps au temps.
C’est possible, mais dangereux, car laisser le temps au temps revient à le laisser à la jeunesse, qui en a, et même beaucoup. Il n’est jamais bon que dans une société, on laisse la jeunesse bouillir, l’histoire des hommes et des nations fourmille d’exemples qui le montrent.
Aujourd’hui, ils son peu nombreux, en proportion, mais prendre le risque d’une amplification qui ne pourrait aller qu’avec une radicalisation ne semble pas être la meilleure option.
2/ Remaniement gouvernemental partiel.
Cela son seulement ne réglerait pas la situation de crise mais serait injuste à l’égard de ces deux ministres qui ont été nommés voici moins d’un an et qui ne sont donc pas responsables de la situation de leurs secteurs. Jeter du lest ne donne pas toujours de la hauteur…
3/ Intervention du Roi.
Cela signifierait une implication directe du Roi dans une situation où les seules institutions pourraient apporter la solution. Et cela comporterait le risque d’un précédent qui, dans un pays habitué aux manifestations de foules et d’humeurs, fragiliserait les gouvernements suivants et exposerait le Roi à des sollicitations récurrentes de la population.
4/ Initiative du gouvernement.
Dans son article 103, la constitution confère au chef du gouvernement la possibilité d’engager la responsabilité de son cabinet dans un discours de politique générale, avec comme perspective la démission collective du gouvernement si le vote est négatif.
Face au grondement de la rue, M. Akhannouch pourrait y penser, mais vu les déclarations des ministres et de leur chef lui-même, une telle initiative est très peu probable, quoiqu’elle aurait eu du panache.
5/ Action du parlement.
Un an, c’est trop court pour faire oublier ce mouvement et les candidats à leur réélection pourraient s’entendre rudement reprocher leur inaction. Il serait intéressant de savoir ce qu’en pensent les députés, de l’opposition bien sûr mais surtout de la majorité, et principalement de l’Istiqlal et du PAM.
L’article 105 de la constitution permet au cinquième de la Chambre des représentants (79 élus) de déposer valablement une motion de censure, qui serait votée et approuvée par l’obtention de la majorité absolue (198). Si tel est le cas, les élections générales devraient alors se tenir dans les deux mois.
Tout cela est compliqué par le fait que les élections législatives se tiendront normalement dans une dizaine de mois. Le gouvernement entend achever sa mission, parce qu’il estime avoir rempli ses engagements et que son action est utile.
En face, les jeunes ne veulent pas entendre parler d’un maintien du gouvernement. Entre les deux, la société et les observateurs, les chiffres et la réalité, conduisent à penser plutôt à un bilan mitigé, voire médiocre, du gouvernement Akhannouch.
Cette action du législatif serait la plus indiquée car elle redorerait le blason d’une classe politique atone et monotone, n’exposerait pas le Roi et serait logique : le peuple qui a élu le parlement lequel a désigné le gouvernement proteste dans la rue ; le parlement a entendu son appel et, dans son rôle de contrôle de l’action gouvernementale, décide de conduire une motion de censure. Il faut juste que ses très, trop nombreux membres sortent de leur torpeur de quatre ans.
Nous en sommes là.
Personne ne peut prédire, prévoir ou savoir ce que dira le Roi, mais il a habitué les Marocains à avoir une haute maîtrise du temps et à toujours proposer les solutions idoines (crise de 2003, manifestations de 2011, grogne de 2017, crise Covid…).
Quelle que soit l’origine de la crise sociale qui secoue le Maroc, sociale, économique, générationnelle ou même mystérieuse, sa solution sera politique.
PAR AZIZ BOUCETTA/PANORAPOST.MA