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GenZ212 : Jeunes dans les rues, Jeunesses partisanes en question !


Par Marwane Benhima

Organisées en ligne sur la plateforme Discord et catalysées par les réseaux sociaux, les manifestations du collectif « GenZ212 » ont rapidement pris corps dans les grandes villes marocaines. Contrairement à d’autres mouvements qui l’ont précédée, cette mobilisation s’autoproclame apolitique et porte des revendications économiques et sociales qui s’articulent autour de trois axes : éducation, santé et lutte contre la corruption.



Face à ce mouvement, les organisations de jeunesse des partis politiques sont partagées entre participation effective sur le terrain, prises de positions mesurées, souvent équilibristes, à coups de communiqués prudents et de déclarations timorées, et le silence radio.

GenZ212 : Jeunes dans les rues, Jeunesses partisanes en question !
Mais au-delà des réactions dont la lucidité et la sagesse ne pourront être analysées qu’à posteriori, le choix de cette jeunesse de la génération « Z » de porter ses revendications en dehors des canaux institutionnels offerts par les partis politiques est un échec indéniable des jeunesses partisanes et un signal d’alarme sur la déroute d’organisations qui peinent à se retrouver une vocation suite à la disparition des listes parlementaires réservées aux jeunes.

Conformément à l’article 7 de la Constitution, les partis politiques sont investis de la responsabilité d’encadrer les citoyennes et citoyens et de canaliser leur participation démocratique, et les organisations de jeunes sont l’interface des partis avec cette tranche de la population. Pensées pour être des fabriques à leaders politiques alliant formation, encadrement et espace de communication, ces organisations devraient être le canal de prédilection de la génération « Z » pour se faire entendre auprès des décideurs politiques.

Mais pour beaucoup, certaines de ces organisations ne sont plus que des coquilles vides, dont l’activité est limitée à des opérations de communication et à une mobilisation de façade à l’approche des échéances électorales. Incapables de proposer des cadres d’engagement crédibles et continus, elles ont perdu leur capacité à canaliser l’énergie et les aspirations de la jeunesse, laissant un vide que des mouvements spontanés comme « GenZ212 » peuvent combler. Ce constat largement reconnu traduit l’érosion profonde du capital de confiance qu’avaient ces structures qui jouissaient autrefois d’une indéniable popularité.

Pour nuancer le tableau, il faut noter que les organisations de jeunesse jouent un rôle important dans la diplomatie parallèle auprès de leurs homologues étrangers.

Plusieurs Marocains assument aujourd’hui des rôles de premier plan au sein d’organisations continentales et internationales de coopération de jeunesse partisanes. En plus de leur participation active et de l’organisation de congrès fédérant les jeunesses du monde entier, ces cadres marocains promeuvent l’agenda du Royaume sur la scène internationale. Mais force est de constater que ces efforts déployés à l’international contrastent fortement avec la réalité constatée au niveau national, où ces structures s’atrophient et sont en perte en crédibilité.

La mobilisation « GenZ212 » met en évidence une fracture structurelle entre les jeunes et les partis, mais elle offre aussi l’occasion de repenser les canaux d’engagement politique. Les organisations de jeunesse partisanes devront sortir de l’atonie et retrouver leurs vocations primaires : écouter, former, inclure et remonter les attentes des jeunes au-delà des cycles électoraux. Les élections législatives qui se profilent à l’horizon peuvent servir d’électrochoc à ces structures, en espérant que cet aveu d’échec les poussera à maintenir leur dynamique au-delà des échéances de 2026 et 2027.

Seul l’engagement constant des partis à inclure et à canaliser la jeunesse nous évitera l’émergence de mouvements spontanés qui renversent la table et remettent en cause les cadres établis de participation démocratique.

Par Marwane Benhima


Mardi 30 Septembre 2025