Mais avant même d’être débattus au Parlement, ces textes sont déjà menacés par deux motions de censure, déposées par le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI). L’issue du bras de fer dépendra du Parti socialiste (PS), qui conditionne son vote à la suspension de la réforme des retraites.
Mardi à 10 heures, le conseil des ministres examinera le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Leur contenu précis n’a pas encore été révélé, mais Matignon promet “un cap de responsabilité et de redressement”.
Dans le même temps, la commission des finances de l’Assemblée nationale, présidée par Éric Coquerel (LFI), entamera ses auditions : 10h30 : Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes et du Haut Conseil des finances publiques, ouvrira le bal. 19h00 : les ministres Roland Lescure (Économie) et Amélie de Montchalin (Action et comptes publics) défendront la philosophie du texte.
Le gouvernement vise une adoption avant le 31 décembre, conformément à la Constitution. Faute de vote dans les délais — 70 jours pour le budget de l’État, 50 pour celui de la Sécu —, les crédits 2025 seraient reconduits à l’identique, gelant les dépenses publiques.
À peine installé, le Premier ministre fait face à une double menace politique : Marine Le Pen (RN) veut “sanctionner un gouvernement illégitime et technocratique”. Jean-Luc Mélenchon (LFI) dénonce “un budget d’austérité camouflé sous le vernis du sérieux”.
Entre ces deux fronts, le PS joue les arbitres. Ses dirigeants exigent une suspension de la réforme des retraites et des mesures d’urgence pour les salaires et les services publics avant d’envisager toute forme de soutien. Depuis l’Égypte, où il participe à un sommet international sur la paix à Gaza, Emmanuel Macron a tenté d’apaiser les tensions :
“J’appelle tout le monde à se ressaisir et à œuvrer à la stabilité”,
a-t-il déclaré, rappelant que “le pays a besoin d’un budget, pas d’une crise politique supplémentaire”.
À gauche, les Insoumis promettent un combat “amendement par amendement” contre ce qu’ils qualifient de “budget d’austérité imposé”. Au Rassemblement national, on parle d’un “budget hors-sol qui pèse sur les classes populaires”.
Les centristes et les Républicains, eux, hésitent entre critique mesurée et abstention stratégique, conscients que faire tomber le gouvernement pourrait provoquer une dissolution.
Le nouveau Premier ministre devra négocier ligne par ligne pour obtenir une majorité relative et éviter une motion fatale.
Le moindre faux pas pourrait relancer le spectre du 49.3, ou précipiter un vote sanction. Derrière ce test budgétaire se joue la survie du gouvernement Lecornu — et peut-être la stabilité du quinquennat Macron.