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HFF : ces lundis où je m'ennuie De la " Désertification " culturelle.


Rédigé par le Lundi 14 Décembre 2020

Déjà en temps normal , la scène culturelle et artistique au Maroc subissent une désertification envahissante et sans répit , mais là que penser depuis la pandémie et la mise à mort de nombreuses activités et manifestations !?



HFF : ces lundis où je m'ennuie        De la " Désertification " culturelle.
 
 
C'est quoi au juste cette désertification !?
 
Ce sont des salles de cinéma et de théâtre qui mettent la clé sous le paillasson , et puis qu'on retrouve presque aussitôt à la place , des centres commerciaux , des cafés , des snacks ou autres mahlabates .
 
Ce sont des librairies et des centres culturels qui ferment également boutique pour laisser la place à des commerces plus lucratifs ! 
 
Cette situation aurait dû sonner le glas pour ce qui nous tient lieu de politique culturelle .
Une politique qui n'est rien d'autre qu'une distribution de subventions aux acteurs culturels.
 
Le ministère de la Communication verse ainsi, à travers le Centre Cinématographique , un soutien pour la production d'une douzaine de films par an.
Le ministère de la Culture verse une aide pour promouvoir l'édition de livres et d'ouvrages qui pour la plupart vont rester dans les oubliettes des tiroirs .
 
Ce même département verse également des subventions à quelques troupes de théâtre pour qu'elles puissent survivre 
Et de la même manière, du soutien pour exposer des artistes plasticiens.
 
Sans parler des aides directes distribuées dernièrement et qui ont fait grincer des dents et suscité énormément de remous .
 
Tout cela ne contribue pas à l'émergence d'une industrie culturelle et artistique puisqu'on ne fait qu'entretenir une certaine forme" d'indigence culturelle" , pour ne pas parler d'indigence certaine , sans aucun jugement de valeur car notre pays regorge de talents culturels et dans toutes les régions du Royaume, l'effervescence du feu- d'artifice artistique est impressionnante pourtant .
Côté festivals , si l'on excepte le festival international du film de Marrakech et celui de Mawazine qui sont des manifestations cinq étoiles , les autres ont besoin des subventions pour continuer à exister. 
 
Mais , on ne peut s'empêcher de reprocher aux organisateurs de Mawazine de ne pas construire quelque chose de durable au lieu de gaspiller chaque année de grosses sommes pour louer des scènes montables, démontables et jetables..
 
Quant aux productions télévisuelles , elles n'ont finissent plus de faire jaser, surtout pour le Ramadan , avec une rente conséquente que se  partagent presque toujours les mêmes sociétés de production.
 
A un certain moment , il faudra nous expliquer combien il y a de salles de cinéma et de théâtre  dans ce pays et pourquoi en est - on arrivés là !? 
 
Imaginez qu'à Rabat , la capitale du Royaume , il n'y en a plus que trois de cinémas  ! 
 
Mais en même temps , s'il ne s'agit pas d'un investissement rentable on ne peut en aucun cas forcer les gens à aller au cinéma ! 
 
Jusqu'à preuve du contraire on continue à faire de l'assistanat , nonobstant la tutelle exercée par l'Etat par subventions et aides interposées ou directes , mais il faut savoir qu'en France par exemple, une loi impose à chaque association qui exerce dans le domaine du spectacle d'avoir suffisamment de recettes pour faire vivre l'entreprise , sinon c'est carrément la liquidation judiciaire. 
 
Il faut bien croire et admettre qu'on est bien loin de cette  " culture " et de cette logique.
 
Le gros gâchis des pavillons du Maroc aux foires et expositions internationales..
 
A chaque exposition internationale ou foire , notre pays consacre des dizaines de millions de dirhams pour construire et mettre en place des stands et pavillons exceptionnels , avec des centaines d'artisans mis à contribution . 
 
Chaque fois où presque , le Maroc remporte le prix récompensant le meilleur pavillon mais à chaque fois qu'on a demandé aux responsables que devenaient ces chefs d'oeuvre par la suite, dans le meilleur des cas on nous a répondu que les stands étaient démontés et renvoyés au pays. Cependant, rien ne filtre concernant le sort qui leur ait réservé! 
 
Oui  , mais d'après nos informations ces cartons demeurent introuvables et il s'agit d'un énorme et ridicule gâchis car on aurait pu les remettre sur pied à chaque fois dans une ville différente et en faire une attraction culturelle et touristique. 
 
C'est ce qui se fait dans le monde entier car par exemple la Tour Eiffel , le monument le plus emblématique de France et le plus symbolique à Paris est un vestige de l'exposition universelle de Paris dans la  première moitié du siècle dernier.
Mais ce qui est bizarre  , c'est qu'il ne s'est trouvé aucun élu et aucune commission pour demander des explications et des comptes quant au sort réservé à ces pavillons qui ont coûté très cher et puis ont disparu dans la nature ..
 
Notre culture est-elle en train de foutre le camp !? 
 
Pour terminer , en conclusion , une certaine idée de la culture procède d'une émancipation intellectuelle et une indépendance financière .
Et pour avoir une haute et forte idée de la culture , il faut imaginer que cette dernière doit se réinventer sans cesse . Par rapport à son environnement, et par rapport à elle-même et à sa place dans la société.
Dans un pays comme le nôtre, où la culture court la menace de foutre le camp , un premier pas serait de donner à la culture , à travers ses différentes facettes , une place de choix à l'école publique et dans l'éducation pour que les nouvelles générations puissent apprendre à aimer les livres , le cinéma , la musique et la peinture...
 
Sinon, il faudra qu'on explique à nos décideurs et autres responsables pourquoi un certain André Malraux avait , pour la première fois, créé le ministère de la culture en France. 
 
Alors, pour qui sonne le glas !? 




Hafid Fassi fihri
Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne,... En savoir plus sur cet auteur
Lundi 14 Décembre 2020