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Harcèlement scolaire: parlons-en!


Rédigé par Salma Chaoui le Vendredi 15 Juillet 2022

Le harcèlement scolaire ne date pas d’hier, il a toujours existé ; il laisse une grande incidence sur la psychologie de l’enfant harcelé.



Par Najat Alabdli

Harcèlement scolaire: parlons-en!
J’ai une « petite » histoire avec le harcèlement scolaire, j’en étais victime en classe de CM1. Je me rappelle du jour où l’instituteur nous a annoncé les résultats du trimestre, j’étais classée deuxième de ma classe. Ce résultat m’a coûté des insultes et des remarques désobligeantes sur mon physique de la part de quatre enfants de ma classe. Je m’en rappelle comme si c’était hier. Si cet acharnement n’a duré que quelques jours, son impact m’a accompagné pendant longtemps : je mangeais moins ce qui s’est reflété sur ma silhouette, mais le pire dans l’histoire c’est que mes résultats scolaires ont remarquablement chuté. Je m’en suis remise au bout de quelques mois ; néanmoins, j’ai gardé au fond de moi un goût amer de la réussite.

C’est quoi le harcèlement scolaire ?
C’est un fléau dont le théâtre est la salle de classe et la cours de récréation. Les acteurs sont souvent un camarade ou un groupe d’élèves qui s’en prennent physiquement ou psychologiquement à un ou une élève.   Le harcèlement scolaire se présente sous diverses formes : les moqueries, les insultes, les agressions, la propagation de rumeurs…etc. Beaucoup de pratiques étranges qui font de l’école un terrain de violence dont seuls les élèves harcelés en comprennent le sens ; car souvent, les adultes minimisent l’impact des violences entre élèves.

L’élève harcelé, appelé aussi « souffre-douleur » ou « bouc émissaire », tombe dans le piège du harcèlement à cause de son physique : grand de taille, petit de taille, gros ou maigre… La cible peut être harcelée pour ses résultats scolaires quels qu’ils soient. Le caractère de l’élève peut aussi être la cause des violences émises à son égard, un enfant timide est une proie facile de harcèlement scolaire…etc.

Les critères du choix de l’élève à harceler n’obéissent à aucune logique !!!!

Le harcèlement scolaire : la partie cachée de l’iceberg
Tout d’abord, on doit comprendre que le harcèlement scolaire s’inscrit dans la continuité ; en effet, pour parler de harcèlement, les actes qui y sont liés doivent durer plusieurs jours, voire même plusieurs semaines, ce qui nous amène à parler du caractère répétitif. L’élève harcelé subit des violences (physiques et ou psychologiques) plusieurs fois dans la journée, à l’école et en dehors de l’école. Ce scénario peut se prolonger jusqu’à la maison via les réseaux sociaux. La configuration de la relation entre harcelé et harceleur montre une relation déséquilibrée, le dominé et le dominant.  La victime se fait, souvent, agressée devant d’autres élèves, on est, donc, devant un schéma prédéfini : une victime, un agresseur ou des agresseurs et un public partagé entre témoins et complices. L’élève harcelé garde le silence et reste passif, il adopte la posture de victime, il ne va dénoncer son harceleur ou ses harceleurs que très rarement. Il y a un point à ne pas négliger, c’est que l’élève harceleur ne comprend pas la portée de ses actes ; dans la plupart du temps, il ne sait pas quoi répondre quand on lui demande pourquoi il s’attaque à tel ou tel élève.

Le harcèlement scolaire : l’effet de foule
Souvent le harcèlement scolaire se joue, au début, entre l’élève harcelé et l’élève harceleur ; la zone s’élargit petit à petit et revêt un caractère collectif. Le harceleur trouve facilement des suiveurs, non seulement, qui vont l’applaudir et l’encourager, mais qui vont aussi se joindre à lui dans les insultes et les bousculades. Dans le groupe- classe, quelques-uns se désintéressent de l’action du harcèlement, d’autres défendent la victime, tandis que le reste s’organise en entité psychologique où l’on assiste à une désindividualisation qui explique le manque de conscience de soi et une détérioration de la responsabilité. Le groupe- classe profite de l’anonymat et va glisser inconsciemment dans des violences insensées dont le stimulateur est l’élève harceleur ; les résultats peuvent dépasser toutes les attentes, car les comportements des élèves sont dictés par une grande excitation, les choses peuvent virer vers le chaos ! Gustave Le Bon dit dans La psychologie des foules, que
 « L’individu en foule est un grain de sable au milieu d’autres grains de sable que le vent soulève à son gré »

L’attitude des suiveurs va déterminer l’ampleur des violences perpétrées à l’encontre de la victime et le harceleur pourrait continuer ou non ses pratiques.

Que devient l’élève harcelé ?
En parallèle avec l’acte du harcèlement, l’élève harcelé subit un tiraillement intérieur : il est déchiré entre sa volonté de dénoncer ses harceleurs et sa peur de subir d’autres violences. L’élève harcelé va perdre sa confiance en lui et va culpabiliser parce qu’il n’arrive pas à parler de ce qu’il subit de peur des représailles. A moins qu’un témoin ne parle de ce que subit la victime, le phénomène de harcèlement perdure et peut entraîner des conséquences lourdes : l’élève harcelé va se replier sur lui-même ; le sentiment d’insécurité va lui imposer de nouveaux comportements : il multiplie les absences à l’école en se trouvant des prétextes pour ne pas y aller ; il évite de sortir de chez lui parce qu’il se sent incapable d’affronter son entourage. On peut également évoquer des difficultés scolaires voire même un décrochage scolaire. L’état de santé de la victime va s’en ressentir : une perte d’appétit et des troubles de sommeil ; les conséquences du harcèlement peuvent aussi toucher la santé mentale de l’élève harcelé (angoisse, dépression…).

Élève harcelé : quelle prévention ? quelle assistance ?
D’après un rapport publié par l’UNESCO en 2017, selon les pays, entre moins de 10 % et 65 % des enfants sont harcelés à l’école ; ils vivent un mal-être qui peut se manifester dans certains cas par des tentatives de suicide. Alors que les élèves continuent de tomber dans les filets de ce fléau, la relation parents /enfants reste basée sur les injonctions : les enfants sont d’ores et déjà soumis à la maison avant de mettre le pied à l’école. Or, on le sait tous, un enfant soumis à la maison va continuer à l’être à l’école, car souvent les enfants harcelés sont les plus gentils, l’image de l’enfant gentil qui plaît tant à la plupart des parents. La maison est le premier lieu où l’enfant doit s’affirmer, n’attendons pas de lui, de s’affirmer à l’école si nous le réprimons à la maison !

Pour pouvoir sortir de l’engrenage du harcèlement scolaire, l’école doit pouvoir détecter les causes qui sous-tendent ce phénomène et arrêter de considérer tous les incidents de violence comme étant des cas isolés. Si l’élève harcelé peine à dénoncer son harceleur, l’école doit doubler de vigilance et rassembler le maximum d’éléments pour démasquer le harcèlement scolaire. Elle doit, également, multiplier les campagnes de sensibilisation auprès de ce jeune public, en collaboration avec les experts d’accompagnement scolaire pour endiguer ce phénomène.

Éduquons nos enfants à la liberté d’expression, éduquons-les aux valeurs humaines d’empathie, d’ouverture d’esprit, de respect de l’autre et de non- jugement ! Préparons-les à faire de l’école une expérience épanouissante et réussie qui va déterminer beaucoup d’aspects de leur avenir.

Rédigé par Najat Alabdli sur Coachingnews




Vendredi 15 Juillet 2022