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Haro sur le PJD !




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Haro sur le PJD !

L’Histoire ne se répète pas, dit-on, mais elle se répète souvent, ou du moins elle est prévisible. Ainsi au Maroc, du PJD, dans les périodes pré-électorales, naguère en 2011, hier en 2016 et aujourd’hui, pour les scrutins de 2021. Tout semble être fait pour défaire le PJD, la bête noire d’à peu près tout ce qui est politique dans ce pays, dans une sorte de « banzaï » politique contre lui. Inutilement.
 

Le capital premier du PJD est l’intégrité de ses membres, ou plutôt fut l’intégrité. En effet, depuis plusieurs années, les scandales succèdent aux sauteries et les adversaires du parti, à défaut de pouvoir le vaincre à la régulière, sautent sur ces occasions, et en font des tonnes… Il est vrai que plusieurs cadres de ce parti (ou leurs proches) ont prêté le flanc et cédé, finalement, aux douceurs de ce bas-monde, en jouant au poker et en y gagnant de l’argent… sur une plage, dans une voiture, à l’heure où blanchit la campagne… à Paris, en promenade romantique nocturne… par de tendres épousailles au sein même du gouvernement… Et, plus récemment, pour de vulgaires questions légales de déclaration de salariés à la CNSS.
 

Puis, cerise sur le gâteau, les contempteurs du PJD se frottent les mains après la normalisation des relations avec Israël, une normalisation signée par le chef du PJD, celui-là même qui tempêtait voici une dizaine d’années contre tout rapprochement avec l’Etat hébreu. Alors, les autres partis, mus par cet extraordinaire et fol espoir de voir enfin le PJD mordre la poussière, allument les feux et attisent les braises internes de PJDistes effectivement furieux, appelant à réunir toutes les instances et à démettre tous les dirigeants de leur parti. Las… Le secrétaire général tient bien la barre, avec ses fidèles et ses affidés, avec ses obligés et ses ambitieux, qui attendent leur tour pour le gouvernement et ses délices supposés, voire fantasmés.
 

Mais personne ne semble s’interroger sur la recette du succès populaire, même relatif, du PJD. Sens de l’engagement, discipline, foi dans les institutions internes, éthique partisane, mobilisation, autant d’éléments qui font cruellement défaut aux autres partis ornant la scène politique. Et que le PJD brandit haut et fort, même si ces arguments s’émoussent avec le temps…
 

Et encore une fois, les adversaires du PJD font fausse route. Ce n’est pas avec des coups sous la ceinture qu’ils vaincront, car cela ne mobilise pas plus leurs introuvables fidèles qu’il ne démobilise la base électorale du parti islamiste. Une bataille électorale se fait à la régulière, sur le terrain des idées, et au Maroc, sur le terrain tout court… et sur le terrain, hormis peut-être l’Istiqlal, parti ancien et bien structuré, les autres sont inaudibles, malgré le tumulte et le vacarme qu’ils pensent créer.
 

En 2016, la lutte fut homérique entre deux partis, PAM et PJD, et épique entre leurs deux chefs d’alors, Ilyas el Omary et Abdelilah Benkirane, avec le résultat qu’on sait : M. el Omary battu à plate couture, et M. Benkirane broyé dans la logique institutionnelle. Cinq ans plus tard, de guerre lasse, et sentant la guerre perdue d’avance, le PAM est oublié (mais il ne le sait pas encore…) et le RNI ne sait plus quoi faire… oubliant, pour le premier, qu’un parti doit se structurer avant de guerroyer et, pour le second, qu’un parti ça doit s’exprimer et montrer de l’audace et du courage. Et ni RNI ni PAM n’ont compris que l’argent n’est pas le moteur de la politique. Il en est certes un élément important, mais seul, il est souvent inutile.
 

Et pourtant, que reproche-t-on au PJD ? Le parti dirigé par Saâdeddine Elotmani s’est « normalisé », se fondant dans les institutions et se morfondant pour s’y maintenir, quitte à avaler les couleuvres par familles entières, et en redemandant poliment... Il ne sert à rien d’imaginer des idées saugrenues comme le quotient électoral qui ferait voter les morts, pas plus qu’il n’est utile de faire circuler des fake news sur l’émiettement de ce parti : marginalisé puis marginal, et par la suite plutôt original, le voilà qui rejoint lentement mais sûrement les autres dans la case du « quelconque ».
 

Le PJD s’est lissé, aplati. Il joue volontiers son rôle de faire-valoir de la démocratie nationale, ne gérant rien au gouvernement, tout en le dirigeant… se faisant doubler par les technocrates, sans piper mot… acceptant tout, et même le reste, tant il lui reste d’ambitions à satisfaire ! Il ne sert à rien de le combattre autrement qu’avec les règles du jeu, même s’il l’emporte encore…
 

De toutes les manières, pour l’opinion publique, lui ou un autre, cela changerait quoi ?...
 

Publié par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com/




Lundi 18 Janvier 2021