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Hypertension silencieuse : quand les reins jettent l’éponge

L’histoire de Youssef, maçon marocain victime d’hypertension, révèle l’urgence de prendre soin de ses reins avant qu’il ne soit trop tard.


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« Écouter ses reins, c’est écouter sa vie intérieure. Trop de Marocains arrivent à l’hôpital trop tard. C’est l’heure de parler prévention, pas seulement guérison. » Dr. A. Mouline, médecin interniste à Rabat

Hypertension silencieuse : quand les reins jettent l’éponge
Il s’appelait Youssef. Maçon aguerri, bras solides, mental d’acier. Le genre de bonhomme qui soulève des parpaings comme on soulève une théière. Mais à l’intérieur, un ennemi sournois avait déjà commencé le chantier de la ruine : l’hypertension artérielle. Pas une tension passagère, non. Une véritable pression constante, silencieuse, qui détraque le corps comme une chaudière en surchauffe.

Au début, un simple contrôle médical de routine. Le médecin, prudent, tire la sonnette d’alarme : « Youssef, ta tension est trop haute. C’est pas juste un chiffre, c’est un avertissement. »

Mais Youssef, fidèle à son caractère, hausse les épaules : « Moi ? Un type comme moi, j’ai pas besoin de médicaments. J’suis pas un vieux fragile. »

Et c’est là que le piège se referme.

Les reins, eux, n’ont rien dit. Pas de douleur. Pas de signe spectaculaire. Juste un travail silencieux de filtration, jour et nuit, comme des ouvriers de l’ombre. Jusqu’au jour où ils se sont effondrés. Sans prévenir. Et là, le quotidien a viré au cauchemar.

Soudain, trois fois par semaine, quatre heures à être branché à une machine. Un appareil qui fait le travail que ses reins ne peuvent plus assurer. Le sang nettoyé par des tuyaux, le corps figé, le moral en vrac. Fini les voyages. Fini les randonnées. Même jeûner devient un luxe inaccessible.

L’homme libre devient otage de son propre sang. Et le pire ? Ce n’est pas la douleur. C’est le regret.

« Si j’avais su… », murmure-t-il, les yeux humides. « Si j’avais pris mes cachets… Si j’avais écouté le docteur… »

L’histoire de Youssef n’est pas unique. Elle est marocaine. Elle est masculine. Elle est têtue. Car combien sont-ils, ces hommes et femmes qui négligent une simple tension élevée, pensant que ça passera ? Qui refusent les traitements, par fierté, par ignorance ou par peur des effets secondaires ?

Ce que peu savent, c’est que l’hypertension est la première cause d’insuffisance rénale chronique. Et quand les reins lâchent, il n’y a pas de retour arrière. Juste des files d’attente pour des machines, des dialyses à répétition, des espoirs de greffe.

Au Maroc, l’hypertension touche plus d’un adulte sur quatre. Beaucoup l’ignorent. Les consultations sont rares, les bilans de santé peu fréquents, surtout en zones rurales. Et les signes ? Parfois absents. Parfois confondus avec de la fatigue ou un mal de tête banal.

« On ne meurt pas de l’hypertension… on meurt de ce qu’elle détruit en silence », rappelle un néphrologue du CHU Ibn Sina. « Le rein est un organe discret. Quand il crie, c’est souvent trop tard. »

Pas besoin d’attendre le drame pour agir. Prendre sa tension régulièrement, adopter une alimentation pauvre en sel, marcher 30 minutes par jour, suivre son traitement même s’il n’y a "rien de grave"... Voilà la vraie force.

Parce qu’au fond, être fort, ce n’est pas tout supporter sans rien dire. C’est prévenir, protéger, préserver.
Parce que la vraie liberté, c’est aussi… de pouvoir uriner sans l’aide d’une machine.

Par Dr Anwar CHERKAOUI 

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Mardi 6 Mai 2025



Rédigé par Anwar CHERKAOUI le Mardi 6 Mai 2025