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Ils rentrent chaque été, mais à quel prix pour le Maroc ?


Rédigé par La rédaction le Jeudi 24 Juillet 2025



Ils rentrent chaque été, mais à quel prix pour le Maroc ?
Chaque été, des millions de Marocains résidant à l’étranger reprennent le chemin de leur pays natal, le cœur chargé de souvenirs et les valises pleines d’espérance. Pourtant, derrière ces retrouvailles chaleureuses se cache une question dérangeante : pourquoi ce vivier de talents reste-t-il à la marge du développement du Royaume ?

Avec plus de cinq millions de ressortissants à l’étranger, la diaspora marocaine regorge de compétences rares et de parcours d’exception. Des chercheurs, des ingénieurs, des entrepreneurs, des artistes… tous porteurs d’un potentiel formidable. Pourtant, leur apport au Maroc se limite encore trop souvent aux transferts d’argent et aux investissements immobiliers

Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a mis en exergue cette problématique lors du discours prononcé à l’occasion du 47e anniversaire de la Marche Verte, appelant à une mobilisation plus forte, structurée et inclusive des compétences marocaines établies à l’étranger au service du développement du pays

Le Souverain a souligné l’impératif de renforcer les liens entre le Maroc et ses enfants établis hors du territoire national, en créant les conditions propices à leur pleine implication dans les différents chantiers nationaux et en assurant leur intégration effective dans la dynamique de développement

Malgré leur attachement indéfectible à la mère patrie, de nombreux MRE se heurtent encore à des contraintes majeures liées à la complexité des démarches administratives, à l’inadéquation du cadre juridique et à l’absence de reconnaissance effective de leurs qualifications et expertises

Dans ce contexte, des mesures structurantes ont été engagées, conformément aux Hautes Orientations Royales, pour instaurer une nouvelle gouvernance de la politique migratoire nationale. Il s’agit, notamment, de la révision en profondeur du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), afin de le doter d’une nouvelle dynamique, ainsi que de la création de la Fondation Mohammedia des Marocains résidant à l’étranger

Ce nouveau cadre institutionnel vise à accompagner les initiatives des MRE, à encourager l’investissement productif, à faciliter les transferts de compétences et à lever les obstacles structurels qui freinent leur engagement au sein de la nation

Un mécanisme national de mobilisation des compétences marocaines à l’étranger est également en cours de conception. Il permettra de mettre en relation les expertises disponibles au sein de la diaspora avec les besoins des institutions, des territoires et des secteurs stratégiques

Cependant, cette ambition Royale ne saurait se concrétiser sans l’implication active des partis politiques et des forces vives de la nation. Ces dernières sont appelées à revoir en profondeur leur manière d’aborder la question migratoire, en dépassant les logiques électoralistes conjoncturelles au profit d’une stratégie durable d’inclusion

Trop souvent, les Marocains du monde ne sont sollicités qu’à l’approche des scrutins, puis relégués dans les marges une fois les élections passées. Ce cycle de mobilisation superficielle nourrit une frustration croissante et un sentiment de mise à l’écart

Il appartient désormais aux partis politiques de créer des espaces d’échange permanents, de porter des propositions concrètes et de garantir aux MRE une représentation effective dans les instances de gouvernance. Le Maroc ne pourra pleinement réussir son développement sans le concours de ses compétences établies à l’étranger

Le Royaume dispose d’un capital humain exceptionnel, réparti aux quatre coins du globe. Il est temps d’en faire un levier stratégique, non seulement pour l’économie, mais aussi pour la diplomatie, la culture, la recherche et l’innovation. Car les talents d’ailleurs sont aussi des solutions d’ici.

​Et si on écoutait vraiment les Marocains du monde ?

Au-delà des réformes institutionnelles, c’est un changement de regard qui s’impose. Les Marocains du monde ne sont pas des invités saisonniers. Ce sont des partenaires potentiels, des relais d’influence, des ambassadeurs culturels, économiques et diplomatiques.

Leur implication ne peut être authentique que si elle repose sur une reconnaissance réelle et sur un dialogue sincère, loin des récupérations politiques ponctuelles. La société civile, les entreprises, les universités, les collectivités locales ont aussi leur rôle à jouer. Faire de la diaspora un moteur de développement, c’est ouvrir le Maroc à l’intelligence du monde. Encore faut-il vouloir l’écouter




Jeudi 24 Juillet 2025