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Imane, le visage mutilé d’un Maroc qui ferme encore les yeux


Rédigé par le Vendredi 26 Septembre 2025

Combien faudra-t-il de visages défigurés, de vies brisées, de destins volés pour que la société marocaine réagisse enfin ? Aujourd’hui, c’est Imane, jeune femme originaire de Taza, qui incarne l’horreur des violences faites aux femmes. Hier, c’était Amina Filali, Ouafaa de Khénifra et tant d’autres dont les noms se perdent dans l’oubli. Le cycle continue, implacable, sous nos yeux.



Imane, le visage mutilé d’un Maroc qui ferme encore les yeux

Imane a été violée, mariée de force à son agresseur pour « sauver l’honneur » et déclarer son enfant. Elle a ensuite subi coups, humiliations et terreur quotidienne. Et quand elle a eu le courage de divorcer, son bourreau est revenu pour la lacérer au couteau, en pleine rue, la laissant avec 130 points de suture et un fils terrifié par le visage de sa propre mère. Voilà la réalité : une femme mutilée, réduite au silence, et une justice trop lente, trop faible, trop absente.


Le Maroc s’était indigné en 2012 avec le suicide d’Amina Filali. L’article 475 avait été abrogé, mais qu’a-t-on vraiment changé depuis ? Les chiffres explosent, les témoignages s’accumulent, les réseaux sociaux s’embrasent… et pourtant, l’impunité règne. Les agresseurs purgent des peines allégées, quand ils sont condamnés. Les victimes, elles, portent à vie les cicatrices physiques et psychologiques.


Il est temps de dire les choses crûment : notre système légal trahit les femmes. Nos lois existent, mais elles sont bancales, contradictoires et parfois liberticides. Elles laissent passer entre leurs failles les bourreaux qui continuent à frapper, humilier, violer et tuer. Et la société, trop souvent, préfère détourner le regard, brandissant l’« honneur » comme un couteau qui condamne les victimes au silence.


L’affaire Imane doit être le dernier électrochoc. Plus de demi-mesures, plus de réformes à moitié appliquées. Il faut des sanctions exemplaires, une prise en charge médicale et psychologique immédiate pour chaque victime, une protection réelle avant qu’il ne soit trop tard. Et surtout, il faut briser ce pacte de silence social qui enferme les femmes dans la honte et la peur.
 

Imane ne doit pas être un nom de plus sur une liste macabre. Son visage mutilé est le miroir de notre faillite collective. Jusqu’à quand allons-nous tolérer que les rues, les foyers, les institutions deviennent des terrains de chasse pour les agresseurs ? Jusqu’à quand allons-nous sacrifier nos filles, nos sœurs, nos mères sur l’autel de l’impunité ?
 

Le Maroc doit choisir : protéger ses femmes ou protéger ses bourreaux. L’histoire d’Imane exige une réponse. Et cette fois, elle ne peut plus attendre.


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Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC. Dompteuse de mots, je jongle avec... En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 26 Septembre 2025