À la manœuvre, Youssef Oukhallou, coordonnateur de l’Académie et membre du Conseil national du Parti de l’Istiqlal, mise sur une pédagogie exigeante pour former les leaders de demain. Il répond aux questions de Hajar Dehane pour LODJ Média.
Dans un pays où les jeunes désertent aussi bien les urnes que les partis politiques, quel changement concret l’Istiqlal Youth Academy entend-t-elle opérer dans le rapport entre jeunesse et engagement politique ?
Youssef Oukhallou : L’Istiqlal Youth Academy a pour ambition de réconcilier la jeunesse marocaine avec l’action politique, en redonnant à l’engagement son sens, sa crédibilité et surtout son utilité concrète. Trop longtemps, les jeunes se sont sentis ignorés ou réduits à un rôle symbolique. Nous avons choisi une autre voie : les écouter, les former, les responsabiliser et les propulser vers des carrières politiques et de décideurs publics.
Concrètement, nous offrons un espace de réflexion, d’expression et d’action où les jeunes peuvent débattre, proposer des politiques publiques, réaliser des projets adressés à leurs communautés, et surtout accéder à des responsabilités réelles au sein des différentes structures du Parti. Nous voulons passer d’une logique de transmission descendante à une logique de co-construction, où les jeunes sont considérés non pas comme un public cible, mais comme des acteurs à part entière de la transformation démocratique.
La première cohorte de l’Académie réunit plus de 150 jeunes, venus de l’ensemble des régions du Maroc ainsi que de la diaspora. En quoi cette diversité territoriale et diasporique contribue-t-elle à faire émerger une culture politique renouvelée au sein du Parti de l’Istiqlal ?
Youssef Oukhallou : Cette diversité est notre plus grande richesse. Elle permet à l’Académie de porter une vision profondément nationale tout en intégrant les spécificités régionales et les expériences internationales. Que l’on vienne de Laâyoune, d’Oujda, de Casablanca ou de la diaspora marocaine en Europe, chaque membre apporte un regard unique sur les défis que rencontre la jeunesse dans son territoire.
Cela nourrit une culture politique plus ouverte, plus ancrée dans le réel, et surtout débarrassée des logiques centralisatrices ou clientélistes. L’Académie devient ainsi un laboratoire d’idées, mais aussi un espace d’équité territoriale et de justice générationnelle, dans l’esprit même du projet national porté historiquement par le Parti de l’Istiqlal.
L’Académie annonce une approche inédite de la formation politique. En quoi cette méthode rompt-elle avec les pratiques classiques souvent jugées verticales et élitistes dans les appareils partisans ?
Youssef Oukhallou : Nous avons pris le contre-pied des formats classiques, trop souvent centrés sur des cours magistraux (souvent ennuyeux !) ou des figures tutélaires. Notre méthode repose sur trois piliers : l’apprentissage par l’expérience, la pédagogie participative, et le servant leadership.
Cela se traduit par des ateliers collaboratifs, des simulations politiques, des jeux, des compétitions d’idées, mais aussi des interactions directes avec des responsables publics et des experts. Nous faisons appel à des outils issus de l’innovation sociale et de l’éducation non-formelle, ce qui rend la formation plus vivante, plus accessible et surtout plus transformatrice.
Vous êtes coordinateur de cette Académie au sein d’un parti historique. Comment forme-t-on des jeunes à la pensée critique tout en les intégrant dans une structure politique sans tomber dans le formatage idéologique ?
Youssef Oukhallou : C’est une question essentielle, et c’est précisément l’un des défis que nous avons souhaité relever avec l’Académie. Nous sommes convaincus que penser librement et s’engager politiquement ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Sous l’impulsion du Secrétaire général du Parti, M. Nizar Baraka, nous avons adopté une approche qui valorise l’autonomie intellectuelle, tout en favorisant l’adhésion aux grands principes du projet istiqlalien : la justice sociale, la solidarité territoriale, et la réforme dans la continuité de l’État-nation marocain.
Nous encourageons les jeunes à questionner, proposer, débattre, y compris sur des sujets sensibles ou clivants. Cette liberté d’expression interne a historiquement renforcé la cohésion des militants istiqlaliens et enrichit, aujourd’hui, la culture politique du Parti. nous aspirons à forger une génération capable de conjuguer loyauté politique et esprit critique, à l’image de la vision réformatrice portée aujourd’hui par notre leadership national.
The National Political Championship est présenté comme une initiative phare. S’agit-il d’abord d’un concours destiné à révéler de futurs candidats aux élections, ou surtout d’un levier symbolique visant à moderniser l’image du Parti ?
Youssef Oukhallou : La National Political Championship est bien plus qu’un concours. C’est une expérience immersive de formation politique, pensée pour réconcilier la jeunesse marocaine avec l’engagement citoyen et démocratique, sur des bases méritocratiques et ludiques. Elle repose sur une pédagogie innovante, fondée sur l’apprentissage par le jeu, les défis collectifs, et la compétition bienveillante. Et son authenticité attire l’attention de partenaires internationaux crédibles, notamment la prestigieuse Fondation allemande Konrad Adenauer Stiftung.
À travers cette initiative, le Parti de l’Istiqlal, via sa Youth Academy, prouve qu’on peut apprendre la politique autrement : non pas par la récitation de dogmes, mais par la stimulation de l’esprit critique, la confrontation des idées et le plaisir des connaissances. C’est ainsi que l’on forme des leaders jeunes, compétents, et profondément connectés aux aspirations de leur génération.
Ce championnat permettrait-il aussi de détecter des jeunes talents capables demain de porter les couleurs du Parti dans les institutions ou dans la société civile ? Honnêtement, je l’espère bien.
Une fois les modules terminés, quels dispositifs concrets sont prévus pour accompagner ces jeunes vers des responsabilités politiques réelles et éviter que leur formation ne reste sans suite ?
Youssef Oukhallou : L’Académie ne se limite pas à une formation théorique : elle est conçue comme un tremplin vers l’action politique concrète. Dès la fin des modules, plusieurs dispositifs sont déployés pour permettre aux jeunes de s’impliquer directement dans la vie du Parti et dans la sphère publique.
D’abord, chaque membre de l’Académie est intégré dans des commissions thématiques, où il contribue à l’élaboration de propositions politiques ou à la préparation d’activités. Ensuite, nous accompagnons les jeunes dans leur insertion dans les structures locales et régionales du Parti, en coordination avec les instances dirigeantes. Nous voulons que chaque jeune membre de l’Académie puisse se projeter dans une trajectoire d’engagement durable, avec des responsabilités réelles à la clé et une carrière politique en perspective.
L’Istiqlal revendique une volonté de renouvellement générationnel. Cette ambition implique-t-elle une remise en cause des mécanismes de cooptation internes et une ouverture effective aux jeunes dans les sphères de décision ?
Youssef Oukhallou : Oui, clairement. Le Parti de l’Istiqlal, sous la conduite de M. Nizar Baraka, a amorcé une mutation profonde de ses modes de fonctionnement internes. Le renouvellement générationnel que le Parti porte à travers plusieurs initiatives exceptionnelles, à l’image du Pacte des Jeunes, ne peut réussir que s’il s’accompagne d’une réforme des mécanismes d’accès à la prise de décision au sein des structures du Parti, notamment celles visant la jeunesse.
Cela suppose une remise en question des logiques exclusivement basées sur les relations personnelles, au profit d’une approche de plus en plus fondée sur le mérite, les compétences et la légitimité par le travail. L’Académie est une réponse concrète à cette exigence : elle constitue un vivier structuré, transparent et nationalement reconnu de jeunes capables et intègres, que le Parti peut mobiliser dans ses instances et candidatures.
La jeunesse marocaine exprime des vécus sociaux et territoriaux très divers. L’Académie cherche-t-elle à faire émerger une pensée politique renouvelée à partir de ces réalités, ou à renforcer le référentiel traditionnel du Parti ?
Youssef Oukhallou : À l’Académie, nous ne considérons pas ces deux approches comme antagonistes. Notre objectif est d’enraciner le renouvellement dans la tradition, de faire dialoguer les deux, dans une dynamique vivante et constructive. Le Parti de l’Istiqlal a toujours été profondément connecté aux réalités sociales du Maroc – rurales, urbaines, diasporiques, sahariennes… Aujourd’hui, nous voulons capitaliser sur cet héritage tout en intégrant la diversité des expériences vécues par la jeunesse.
Le parti de l’Istiqlal d’aujourd’hui est profondément ancré dans son temps, fidèle à ses valeurs mais ouvert à l’innovation sociale, politique et même technologique. Un parti qui défend les valeurs de la famille et de l’humanisme marocain, tout en adoptant les vertus de l’intelligence plurielle de son temps, qu’elle soit artificielle ou naturelle.
Votre parcours conjugue expertise financière, recherche universitaire et engagement politique. Comment articulez-vous ces trois dimensions dans la conduite de votre mission auprès de la jeunesse ?
Youssef Oukhallou : Mon engagement auprès de la jeunesse se nourrit de ces trois dimensions. L’expertise financière me permet d’insister sur la rigueur, la transparence et l’évaluation des politiques publiques – des valeurs essentielles à transmettre à toute génération politique montante. La recherche universitaire m’a appris à questionner, à douter, à construire des arguments solides et à développer une pensée structurée, ce qui est au cœur de notre pédagogie à l’Académie.
Enfin, mon parcours politique, commencé très jeune au sein du Parti, m’a convaincu que l’optimisme de l’action est parfois le seul remède contre le pessimisme de la pensée. Vous savez, avec mes 36 ans, je ne me sens pas digne de représenter les jeunes. Je me vois comme leur allié, et ils pourront toujours compter sur moi pour lutter, à leur côté, contre la culture du désespoir à travers un militantisme axé sur l’action concrète, avec des exigences communes de compétence, de probité et de responsabilité.
Dans un contexte marqué par la défiance à l’égard des partis, qu’est-ce qui vous convainc aujourd’hui que la formation politique peut encore faire émerger une élite au service de l’intérêt général et du pays ?
Youssef Oukhallou : Lors d’une étude menée par le Youth Policy Center en 2024 sur un échantillon de 2000 jeunes environ, 81% expriment le souhait de s’engager politiquement mais déclarent « ne pas trouver de structures adéquates », ce qui les dirige vers les réseaux sociaux. Or, on ne régénère pas une démocratie sans investir dans l’éducation civique, dans la transmission des valeurs nationales, et dans l’apprentissage de la complexité du réel. Les réseaux sociaux n’offrent aucune garantie à ce niveau.
Par contre, la formation politique, lorsqu’elle est honnête, exigeante et connectée aux réalités du terrain, peut faire émerger une élite nouvelle : méritocratique, éthique, et enracinée dans les préoccupations de la population. C’est exactement ce que nous essayons de bâtir au sein de l’Académie, dans le prolongement de la vision de notre Secrétaire général M. Nizar Baraka.
Ce pari peut sembler ambitieux, voire naïf. Mais l’alternative, le vide idéologique, l’opportunisme ou le populisme, serait bien plus dangereuse. La seule voie responsable, c’est de former, transmettre, et croire encore à la capacité des (vrais) jeunes à porter l’intérêt général au cœur de l’action politique.
Youssef Oukhallou : L’Istiqlal Youth Academy a pour ambition de réconcilier la jeunesse marocaine avec l’action politique, en redonnant à l’engagement son sens, sa crédibilité et surtout son utilité concrète. Trop longtemps, les jeunes se sont sentis ignorés ou réduits à un rôle symbolique. Nous avons choisi une autre voie : les écouter, les former, les responsabiliser et les propulser vers des carrières politiques et de décideurs publics.
Concrètement, nous offrons un espace de réflexion, d’expression et d’action où les jeunes peuvent débattre, proposer des politiques publiques, réaliser des projets adressés à leurs communautés, et surtout accéder à des responsabilités réelles au sein des différentes structures du Parti. Nous voulons passer d’une logique de transmission descendante à une logique de co-construction, où les jeunes sont considérés non pas comme un public cible, mais comme des acteurs à part entière de la transformation démocratique.
La première cohorte de l’Académie réunit plus de 150 jeunes, venus de l’ensemble des régions du Maroc ainsi que de la diaspora. En quoi cette diversité territoriale et diasporique contribue-t-elle à faire émerger une culture politique renouvelée au sein du Parti de l’Istiqlal ?
Youssef Oukhallou : Cette diversité est notre plus grande richesse. Elle permet à l’Académie de porter une vision profondément nationale tout en intégrant les spécificités régionales et les expériences internationales. Que l’on vienne de Laâyoune, d’Oujda, de Casablanca ou de la diaspora marocaine en Europe, chaque membre apporte un regard unique sur les défis que rencontre la jeunesse dans son territoire.
Cela nourrit une culture politique plus ouverte, plus ancrée dans le réel, et surtout débarrassée des logiques centralisatrices ou clientélistes. L’Académie devient ainsi un laboratoire d’idées, mais aussi un espace d’équité territoriale et de justice générationnelle, dans l’esprit même du projet national porté historiquement par le Parti de l’Istiqlal.
L’Académie annonce une approche inédite de la formation politique. En quoi cette méthode rompt-elle avec les pratiques classiques souvent jugées verticales et élitistes dans les appareils partisans ?
Youssef Oukhallou : Nous avons pris le contre-pied des formats classiques, trop souvent centrés sur des cours magistraux (souvent ennuyeux !) ou des figures tutélaires. Notre méthode repose sur trois piliers : l’apprentissage par l’expérience, la pédagogie participative, et le servant leadership.
Cela se traduit par des ateliers collaboratifs, des simulations politiques, des jeux, des compétitions d’idées, mais aussi des interactions directes avec des responsables publics et des experts. Nous faisons appel à des outils issus de l’innovation sociale et de l’éducation non-formelle, ce qui rend la formation plus vivante, plus accessible et surtout plus transformatrice.
Vous êtes coordinateur de cette Académie au sein d’un parti historique. Comment forme-t-on des jeunes à la pensée critique tout en les intégrant dans une structure politique sans tomber dans le formatage idéologique ?
Youssef Oukhallou : C’est une question essentielle, et c’est précisément l’un des défis que nous avons souhaité relever avec l’Académie. Nous sommes convaincus que penser librement et s’engager politiquement ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Sous l’impulsion du Secrétaire général du Parti, M. Nizar Baraka, nous avons adopté une approche qui valorise l’autonomie intellectuelle, tout en favorisant l’adhésion aux grands principes du projet istiqlalien : la justice sociale, la solidarité territoriale, et la réforme dans la continuité de l’État-nation marocain.
Nous encourageons les jeunes à questionner, proposer, débattre, y compris sur des sujets sensibles ou clivants. Cette liberté d’expression interne a historiquement renforcé la cohésion des militants istiqlaliens et enrichit, aujourd’hui, la culture politique du Parti. nous aspirons à forger une génération capable de conjuguer loyauté politique et esprit critique, à l’image de la vision réformatrice portée aujourd’hui par notre leadership national.
The National Political Championship est présenté comme une initiative phare. S’agit-il d’abord d’un concours destiné à révéler de futurs candidats aux élections, ou surtout d’un levier symbolique visant à moderniser l’image du Parti ?
Youssef Oukhallou : La National Political Championship est bien plus qu’un concours. C’est une expérience immersive de formation politique, pensée pour réconcilier la jeunesse marocaine avec l’engagement citoyen et démocratique, sur des bases méritocratiques et ludiques. Elle repose sur une pédagogie innovante, fondée sur l’apprentissage par le jeu, les défis collectifs, et la compétition bienveillante. Et son authenticité attire l’attention de partenaires internationaux crédibles, notamment la prestigieuse Fondation allemande Konrad Adenauer Stiftung.
À travers cette initiative, le Parti de l’Istiqlal, via sa Youth Academy, prouve qu’on peut apprendre la politique autrement : non pas par la récitation de dogmes, mais par la stimulation de l’esprit critique, la confrontation des idées et le plaisir des connaissances. C’est ainsi que l’on forme des leaders jeunes, compétents, et profondément connectés aux aspirations de leur génération.
Ce championnat permettrait-il aussi de détecter des jeunes talents capables demain de porter les couleurs du Parti dans les institutions ou dans la société civile ? Honnêtement, je l’espère bien.
Une fois les modules terminés, quels dispositifs concrets sont prévus pour accompagner ces jeunes vers des responsabilités politiques réelles et éviter que leur formation ne reste sans suite ?
Youssef Oukhallou : L’Académie ne se limite pas à une formation théorique : elle est conçue comme un tremplin vers l’action politique concrète. Dès la fin des modules, plusieurs dispositifs sont déployés pour permettre aux jeunes de s’impliquer directement dans la vie du Parti et dans la sphère publique.
D’abord, chaque membre de l’Académie est intégré dans des commissions thématiques, où il contribue à l’élaboration de propositions politiques ou à la préparation d’activités. Ensuite, nous accompagnons les jeunes dans leur insertion dans les structures locales et régionales du Parti, en coordination avec les instances dirigeantes. Nous voulons que chaque jeune membre de l’Académie puisse se projeter dans une trajectoire d’engagement durable, avec des responsabilités réelles à la clé et une carrière politique en perspective.
L’Istiqlal revendique une volonté de renouvellement générationnel. Cette ambition implique-t-elle une remise en cause des mécanismes de cooptation internes et une ouverture effective aux jeunes dans les sphères de décision ?
Youssef Oukhallou : Oui, clairement. Le Parti de l’Istiqlal, sous la conduite de M. Nizar Baraka, a amorcé une mutation profonde de ses modes de fonctionnement internes. Le renouvellement générationnel que le Parti porte à travers plusieurs initiatives exceptionnelles, à l’image du Pacte des Jeunes, ne peut réussir que s’il s’accompagne d’une réforme des mécanismes d’accès à la prise de décision au sein des structures du Parti, notamment celles visant la jeunesse.
Cela suppose une remise en question des logiques exclusivement basées sur les relations personnelles, au profit d’une approche de plus en plus fondée sur le mérite, les compétences et la légitimité par le travail. L’Académie est une réponse concrète à cette exigence : elle constitue un vivier structuré, transparent et nationalement reconnu de jeunes capables et intègres, que le Parti peut mobiliser dans ses instances et candidatures.
La jeunesse marocaine exprime des vécus sociaux et territoriaux très divers. L’Académie cherche-t-elle à faire émerger une pensée politique renouvelée à partir de ces réalités, ou à renforcer le référentiel traditionnel du Parti ?
Youssef Oukhallou : À l’Académie, nous ne considérons pas ces deux approches comme antagonistes. Notre objectif est d’enraciner le renouvellement dans la tradition, de faire dialoguer les deux, dans une dynamique vivante et constructive. Le Parti de l’Istiqlal a toujours été profondément connecté aux réalités sociales du Maroc – rurales, urbaines, diasporiques, sahariennes… Aujourd’hui, nous voulons capitaliser sur cet héritage tout en intégrant la diversité des expériences vécues par la jeunesse.
Le parti de l’Istiqlal d’aujourd’hui est profondément ancré dans son temps, fidèle à ses valeurs mais ouvert à l’innovation sociale, politique et même technologique. Un parti qui défend les valeurs de la famille et de l’humanisme marocain, tout en adoptant les vertus de l’intelligence plurielle de son temps, qu’elle soit artificielle ou naturelle.
Votre parcours conjugue expertise financière, recherche universitaire et engagement politique. Comment articulez-vous ces trois dimensions dans la conduite de votre mission auprès de la jeunesse ?
Youssef Oukhallou : Mon engagement auprès de la jeunesse se nourrit de ces trois dimensions. L’expertise financière me permet d’insister sur la rigueur, la transparence et l’évaluation des politiques publiques – des valeurs essentielles à transmettre à toute génération politique montante. La recherche universitaire m’a appris à questionner, à douter, à construire des arguments solides et à développer une pensée structurée, ce qui est au cœur de notre pédagogie à l’Académie.
Enfin, mon parcours politique, commencé très jeune au sein du Parti, m’a convaincu que l’optimisme de l’action est parfois le seul remède contre le pessimisme de la pensée. Vous savez, avec mes 36 ans, je ne me sens pas digne de représenter les jeunes. Je me vois comme leur allié, et ils pourront toujours compter sur moi pour lutter, à leur côté, contre la culture du désespoir à travers un militantisme axé sur l’action concrète, avec des exigences communes de compétence, de probité et de responsabilité.
Dans un contexte marqué par la défiance à l’égard des partis, qu’est-ce qui vous convainc aujourd’hui que la formation politique peut encore faire émerger une élite au service de l’intérêt général et du pays ?
Youssef Oukhallou : Lors d’une étude menée par le Youth Policy Center en 2024 sur un échantillon de 2000 jeunes environ, 81% expriment le souhait de s’engager politiquement mais déclarent « ne pas trouver de structures adéquates », ce qui les dirige vers les réseaux sociaux. Or, on ne régénère pas une démocratie sans investir dans l’éducation civique, dans la transmission des valeurs nationales, et dans l’apprentissage de la complexité du réel. Les réseaux sociaux n’offrent aucune garantie à ce niveau.
Par contre, la formation politique, lorsqu’elle est honnête, exigeante et connectée aux réalités du terrain, peut faire émerger une élite nouvelle : méritocratique, éthique, et enracinée dans les préoccupations de la population. C’est exactement ce que nous essayons de bâtir au sein de l’Académie, dans le prolongement de la vision de notre Secrétaire général M. Nizar Baraka.
Ce pari peut sembler ambitieux, voire naïf. Mais l’alternative, le vide idéologique, l’opportunisme ou le populisme, serait bien plus dangereuse. La seule voie responsable, c’est de former, transmettre, et croire encore à la capacité des (vrais) jeunes à porter l’intérêt général au cœur de l’action politique.