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J’ai Conscience donc je suis !

Par Ali Bouallou


La Conscience, du latin Cum-Scientia, est ce que l’homme pense de lui-même et du monde dans lequel il vit. C’est une sorte de mise à l’épreuve ou de conditionnement de l’esprit pour juger le bien, le mal, l’éthique, la vertu, la loyauté et bien d’autres forces morales avec lesquelles l’homme gère sa vie.



J’ai Conscience donc je suis !
La Conscience est un concept philosophique qui a vu le jour pendant les temps modernes c.à.d. entre le 15è et 18è siècle. Les philosophes grecques ne parlaient pas de conscience mais plutôt de « noos » ou l’âme. Pour ces derniers, l’homme grec est avant tout une âme « qui se meut soi-même » pour échapper à ses désirs et aux plaisirs en tout genre.

Et de rappeler la pensée de Socrate ‘connais-toi toi-même’ qui représente l’éveil des sens dans le but de trouver la sagesse prélude à toute conscience.

Cette sagesse, qui est une forme de connaissance de soi, s’acquiert grâce à la maïeutique c.à.d. la mise en forme de pensées éparses par le dialogue avec soi-même ou bien entre un élève et son maitre à penser.

Socrate dit ‘je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien’. Pour lui, l’homme ne sait rien, ou pas grand-chose, mais il doit s’en rendre compte de lui-même par une introspection (l’homme face à lui-même) et une initiation (l’homme face au monde).       

Grâce à la Conscience, l’homme existe et cela fait penser à la réflexion de Descartes ‘je pense donc je suis’ ; l’homme crée et cela rappelle l’humanisme de Rabelais et sa célèbre maxime ‘science sans conscience n’est que ruine de l’âme’ ; l’homme se contrôle puisque comme dirait Kant la conscience est ‘ce tribunal que l’homme sent en lui’.     

La Conscience n’est pas innée. Elle s’acquiert grâce à une perpétuelle remise en question des jugements et perceptions. Elle n’est donc pas figée puisqu’elle évolue en fonction de notre connaissance de soi et du monde qui nous entoure.

Ce processus itératif de réflexion ou bien ce diptyque réflexion/doute est l’essence de l’existence de l’homme. Réfléchir constamment sur sa condition, en douter sans « affects influents », tout cela participe au cheminement vers la connaissance et donc la Conscience.
Kant présente la Conscience comme une activité alors que Descartes la considère comme une chose.

Un autre philosophe conçoit la Conscience comme une activité. Il s’agit de Husserl pour qui la Conscience est un processus qui met en relation un objet, une perception, une intentionnalité et une objectivité.

Pour Husserl, la Conscience est en général conscience d’un objet que l’on vit, que l’on voit…La Conscience n’est pas liée à la représentation de l’objet mais à l’objet lui-même. Toute Conscience est conscience de quelque chose. La Conscience n’est donc pas un être (le moi), mais un acte de cet être par lequel il se rapporte au monde. Elle lui donne ainsi du sens. Chaque perception d’une chose n’est qu’une vue sur elle, qui annonce en elle d’autres vues possibles…

Pour Sartre, la Conscience est un mouvement de transcendance vers les choses pour nous jeter, dit-il, en avant de nous-mêmes, vers l’avenir, vers ce qui n’est pas encore.

Pour tous ces maitres à penser, ces maitres à déconstruire pour reconstruire, la Conscience est le processus permettant de renforcer le lien entre l’existant, le non-existant et l’existence.

Pour finir et eu égard aux évolutions « disruptives » répétitives, nos vies sont un éternel chantier, constamment déréglé, dénaturé, déphasé…seule la Conscience (processus itératif précité) peut aider à atteindre le bon cadre du vivre-ensemble dont a besoin le Maroc ainsi que toute l’humanité. 

Par Ali Bouallou


Jeudi 7 Janvier 2021