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J'ai mal à mon français




Par El Montacir Bensaid

J'ai mal à mon français
Je suis francophone, francophile.

J'écris en français, je pense en français, je rêve en français. 

Mais ce que j'en ai marre de la France en ce moment!

Les discours sur la laïcité quand une jeune élève de collège porte le foulard au lieu de montrer ses fesses, ce qui est probablement plus laïc. 

Les propos islamophobes à tout bout de champs. 

Les histoires de burkini.

Les propositions d'interdiction de la abaya. 

Mais où est passée la France du siècle des lumières ?

La hauteur des discours politiques d'un De Gaulle?

Qu'est ce que des élus communaux en  ont à faire d'interdire l'accès aux réunions à des femmes voilées?

Pire encore des écoles qui interdisent à des mamans voilées d'accompagner leur enfant dans des sorties scolaires.

J'ai mal à mon français. 

Nos étudiants se détournent de cette belle langue, toute de nuances et de couleurs, au profit de l'anglais.

Ils ne veulent pas vivre le racisme et la ségrégation. 

Les américains, lors de l'invasion de l'Irak ont adapté les uniformes des femmes soldats qui se sont converties à l'islam sans état d'âme. 

A Londres, à la fin du ramadan dernier, un muezzin a appelé à la prière depuis Tower Bridge.

J'ai mal à mon français. 

J'ai étudié chez les frères de Lasalle pendant quelques années, il y avait des crucifix dans chaque classe et pourtant cela ne gênait ni mes amis juifs ni musulmans.

Au Maroc, nous ne passons pas notre temps à proposer des lois pour interdire à nos visiteurs et résidents étrangers de s'habiller de telle ou telle manière. 

La France a perdu de son aura, de sa crédibilité, de son prestige en voulant dérouler le tapis rouge aux extrémistes de tous bords.

Zemmour, Lepen, Bardela... sont des accidents de l'histoire.

La grandeur d'un pays ne se mesure pas au port d'une barbe, d'une kipa ou d'un bout de tissu sur la tête. 

Elle se mesure à l'intelligence, l'érudition, à la capacité  de laisser vivre et s'épanouir sur son sol tous ceux qui ont désiré, choisi de venir y  résider. 

J'ai mal à mon français. 

Il se perd dans les limbes de l'intolérance et de la bêtise de ceux qui veulent éradiquer mon français.

"Si vous voulez qu'on tolére ici  votre doctrine, commencez par n'être ni intolérants ni intolérables "Voltaire.

Rédigé par El Montacir Bensaid


Jeudi 8 Juin 2023