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Khilafa version 2021 versus Alternance Démocratique


Un Maroc voilé, complètement éclipsé ! Voilà ce que fût le projet des jeunes islamistes au Maroc dans les années 70 et 80. En face d’eux se dressait une jeunesse progressiste naïve mais déterminée.



Par Ali Bouallou

Khilafa version 2021 versus Alternance Démocratique
Le point commun des jeunes frères musulmans et de cette jeunesse progressiste était de renverser le régime du roi défunt Hassan II.

En dehors de cet objectif macro-politique, les deux jeunesses n’avaient rien d’autre en commun à boire et à fumer.

En effet, les hipsters halal voulaient la Khilafa, une sorte de gestion communautaire fortement tribale qui a fait ses preuves à l’époque du saint prophète mais qui ne garantit nullement la bonne marche d’une population de plus de 35 millions d’individus dans un monde globalisé, concurrentiel et fortement high-tech de plus de 7 milliards d’habitants.

Preuve en est la gestion désastreuse des territoires occupés en Irak et en Syrie par ce non-Etat appelé communément Etat Islamique. De leur côté, les hipsters étourdis militaient pour une république socialiste avec comme soutien principal le jadis bloc soviétique et l’or blanc de Khouribga et d’ailleurs, objet aujourd’hui de toutes les convoitises et de certains déboires diplomatiques du Maroc…

Le temps a fait son chemin. Le monde a bougé suite à plusieurs ruptures socialo-technologiques. Les progressistes du monde entier ont suivi le mouvement de la mondialisation et de l’innovation, sauf les nôtres.

Les islamistes du monde entier ont suivi le mouvement de la radicalisation, y compris les nôtres. Si le progressiste marocain a perdu son idéal et sa vigueur, l’islamiste marocain, lui, ne l’a pas perdu et ne le perdra jamais.

Le Maroc fait donc face à une Khilafa insidieuse. Ce que Al Adl Wal Ihssane n'a pas réussi par l'affrontement, d‘autres veulent le réussir par la composition et le travestissement.

Mettre en place une machine infernale de cooptation, profitant de la faiblesse matérielle et intellectuelle des gens.

Roder un discours populiste, victimaire et trompeur, surtout lorsqu'il s'agit de la relation à la monarchie.

Noyauter toute l'administration marocaine par le placement de petits bras, une sorte de cellules dormantes aux ordres qui initient les fonctionnaires à une certaine vertu.

Permettre l'éclosion d'un patronat prêt à renvoyer l'ascenseur à tout moment. Développer une société civile active sur tout le Maroc, toute l'année, sous le commandement d’une aile prédicatrice.

Faire barrage dans l'enseignement public à toute ouverture sur les langues étrangères afin de renforcer la langue du Coran.
Ne pas interdire l'alcool mais augmenter ses taxes.

Ne pas perdre espoir de maîtriser les médias audiovisuels nationaux et diminuer les budgets des festivals culturels...bref, tout faire pour satisfaire les 1.700.000 électeurs, à peu près, acquis au discours moralisateur.

L'alternance démocratique, comme il est le cas des grandes démocraties, n’a pas de sens dans le projet politique islamiste. L’idée est de profiter de la désorganisation voire l'inconsistance des autres partis pour briguer le plus grand nombre de mandats : c'est la Khilafa version 2021.

Pour faire barrage à celle-ci, il est primordial de ramener 15 à 20% d'abstentionnistes aux urnes pour faire face au vote idéologique « garanti » mais qui, à mon sens, est arrivé à sa limite après plusieurs échéances locales, régionales et nationales.

De ce fait, la marge de manœuvre est plus du côté des partis démocratiques nationalistes adhérant à l’esprit de l’alternance démocratique.  

Un citoyen démocrate refusera de subir, une nouvelle fois, l’arrogance de la proclamation des résultats avant l'heure !!
C’est une maladresse politique de taille que de remettre en question le déroulement du processus électoral au Maroc.

Ce fût le cas en 2011, en 2015 puis en 2016. La loi électorale devra changer pour qu'aucun parti ne se permette d'annoncer les résultats avant qui de droit c'est à dire le Ministère de l'Intérieur.

Notre jeune démocratie et nos institutions méritent le respect. Nul ne doit être au dessus de la loi ! En politique, l'arrogance énerve mais la faiblesse donne la nausée et mène à la catastrophe...

Dans le pays des aveugles, les borgnes sont et resteront au pouvoir !

Par Ali Bouallou


Mercredi 14 Avril 2021