IDE en Afrique : record et répartition sectorielle
Si l’augmentation des flux d’IDE est indéniable, elle demeure concentrée sur quelques méga-projets emblématiques, comme certains projets urbains en Égypte. Cette concentration souligne que la distribution des investissements reste inégale, à la fois géographiquement et sectoriellement. Le continent doit encore transformer cette dynamique en industrialisation inclusive et durable.
Les pays pionniers, tels que le Maroc, illustrent le repositionnement stratégique de l’Afrique. Les IDE nets au Maroc ont atteint 1,6 milliard de dollars en 2024, soit une progression de 55 % par rapport à 2023, avec un accent sur les industries automobile, aéronautique, énergétique et sur les infrastructures. Cette orientation confirme la volonté du pays de devenir un hub industriel compétitif, capable de s’insérer dans des chaînes de valeur régionales et mondiales.
Relocalisation et diversification : une opportunité industrielle majeure
Les tensions géopolitiques, la hausse des coûts en Asie et la nécessité de sécuriser les chaînes d’approvisionnement incitent de nombreuses entreprises à rechercher des alternatives fiables. L’Afrique offre des avantages compétitifs : main-d’œuvre jeune et qualifiée, coûts de production attractifs, proximité de marchés en croissance et politiques incitatives dans plusieurs pays. Ces atouts repositionnent le continent comme une plateforme industrielle viable, capable d’accueillir des processus de production complexes.
Des secteurs variés bénéficient de cette attention : l’automobile, l’aéronautique, le textile, l’agro-industrie et les services externalisés. L’objectif n’est plus simplement de recevoir des capitaux, mais de construire des chaînes de valeur locales, avec des fournisseurs nationaux, des transferts de compétences et un impact durable sur l’emploi et l’innovation.
Défis et conditions pour une industrialisation durable
Pour transformer ces flux d’IDE en développement réel, plusieurs conditions sont essentielles :
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Capacités industrielles locales : encourager la création de fournisseurs nationaux, développer la R&D et former la main-d’œuvre aux standards internationaux.
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Infrastructures robustes : ports, transport ferroviaire, hubs logistiques et énergie fiable pour assurer la compétitivité.
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Stabilité réglementaire et gouvernance : sécurité juridique, prévisibilité des politiques et transparence pour rassurer les investisseurs.
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Intégration régionale : la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) permet d’étendre les chaînes de valeur au-delà des frontières nationales et de renforcer la compétitivité régionale.
Sans ces conditions, l’Afrique risque de rester confinée à des productions à faible valeur ajoutée, vulnérable aux fluctuations globales et aux chocs économiques externes.
Fenêtre d’opportunité 2030-2040 : transformer les IDE en base industrielle
Le contexte mondial relocalisations, tensions géopolitiques et réorganisation des chaînes d’approvisionnement crée une fenêtre d’opportunité pour l’Afrique. Si le continent sait conjuguer ses avantages naturels, tels que la démographie, le coût du travail et la position géographique, avec des politiques ambitieuses, il pourra transformer les IDE de 2024 en un véritable saut qualitatif. L’enjeu n’est plus seulement l’attraction de capitaux, mais la construction d’une base industrielle solide, capable de produire, d’innover, d’exporter et de créer des emplois durables.
Le moment est potentiellement historique : l’Afrique s’affirme comme un acteur majeur du repositionnement industriel mondial. Les IDE records de 2024 confirment cet intérêt, mais la réussite dépend désormais de la capacité du continent à bâtir ses infrastructures, sa main-d’œuvre et ses chaînes de valeur pour convertir ces investissements en croissance réelle et pérenne.