La région d’Afrique du Nord a vu ses dépenses militaires atteindre un nouveau sommet, à 30,2 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 38 % par rapport à l’année précédente. L’Algérie concentre à elle seule plus de 70 % de ce total. Cette progression brutale (+12 % en un an) est la plus forte enregistrée dans la région depuis plus de dix ans.
Le Maroc, de son côté, a poursuivi sa trajectoire de stabilisation budgétaire, avec une hausse légère de 2,6 % seulement, après deux années consécutives de baisse. Les investissements marocains, orientés principalement vers la surveillance du territoire, les capacités satellitaires et la défense aérienne, témoignent d’une stratégie axée sur la sécurité intérieure et la souveraineté nationale, loin d’une logique d’escalade ou de confrontation.
La folie algérienne !
Selon les données du SIPRI, les dépenses militaires algériennes représentent désormais 21 % de l’ensemble du budget de l’État. Ces ressources financent un réarmement massif en matériels lourds, notamment d’origine russe, avec des acquisitions d’avions de combat, de systèmes de défense antimissile et de capacités offensives étendues.
Cette dynamique de surenchère militaire suscite des inquiétudes croissantes, dans un contexte régional marqué par la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, la fermeture de leur frontière terrestre depuis 1994, et l’absence de tout dialogue bilatéral. Face à un voisin qui accélère sa militarisation, le Maroc adopte une posture prudente, misant sur la diversification de ses partenaires (États-Unis, France, Turquie, Inde), la professionnalisation de ses forces et la rationalisation des achats d’équipements. À l’heure où l’Algérie multiplie les investissements militaires hors norme, la doctrine marocaine reste centrée sur la préservation des équilibres stratégiques, sans alimenter la tension.
Sur les réseaux sociaux, les réactions ne se sont pas fait attendre. Entre ceux qui saluent la "nécessité de se défendre dans un monde instable" et ceux qui dénoncent des milliards dépensés pendant que les écoles et les hôpitaux attendent, le débat est vif. Des analystes s’interrogent : jusqu’où ira cette course ? Et à quel prix pour les populations civiles ? Des ONG, de leur côté, appellent à plus de transparence budgétaire et à une meilleure répartition des ressources.
