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L'Alzheimer : On ne guérit pas la maladie mais on ralentit sa progression


La population marocaine vieillit. El l’avancement dans l’âge est le principal facteur causal de la Maladie d'Alzheimer.
A l’occasion de la journée mondiale contre l'Alzheimer ( 21 septembre 2022), lodj médecine et santé a réuni les médecins spécialistes, les premiers concernés par cette maladie lourde. Une neurologue, Dr Khaoula RASMOUNI et un radiologue, Dr Bounhir BOUMEHDI.

Par ailleurs, l’émission TV « Carrefour Santé » de lodj reçevra sur le sujet Dr RASMOUNI Khaoula prochainement



Par Dr Khaoula RASMOUNI et Dr Bounhir BOUMEHDI

L'Alzheimer : On ne guérit pas la maladie mais on ralentit sa progression
Actuellement, il n’y a pas de traitement spécifique de la maladie d’Alzheimer. On peut seulement espérer ralentir l’aggravation de la situation. 

Pour obtenir des résultats positifs, il est indispensable de poser rapidement un diagnostic. 

Toutes les études montrent que faire un diagnostic précoce et aider les malades et leurs familles à entretenir une vie sociale convenable constituent des valeurs sûres  pour ralentir la progression de la maladie 

Différents éléments aident à établir le diagnostic de la maladie d’Alzheimer dont en tout premier lieu les plaintes décrites de manière souvent subjective par le patient et son entourage :  Des oublis, le rapport au temps et l’espace, les difficultés de gestion quotidien, des changements dans les gestes de la vie courante, une irritabilité ou des troubles de l’humeur. 

Certains tests psychologiques sont sensibles et spécifiques aux troubles cognitifs dans la maladie d’Alzheimer. La présence de ces troubles indiquera une probable entrée dans un processus neurodégénératif.

Enfin, les marqueurs biologiques forment le troisième élément constitutif du diagnostic. 

Le dosage des taux de protéines bêta-amyloïdes et TAU dans le liquide céphalo-rachidien, l’analyse des IRM (structure anatomique et fonctionnelle du cerveau) et TEP (métabolisme d’une cellule neuronale) viendront appuyer les hypothèses avancées par les médecins neurologues.

Qui peut établir le diagnostic de la maladie d’Alzheimer ?

La Haute Autorité de Santé en France  a édité des recommandations pour l’établissement du diagnostic de la maladie d’Alzheimer. 

Le premier intervenant est le médecin généraliste. 

Après un entretien permettant d’exclure une autre cause aux troubles déclarés. Et si les troubles cognitifs sont constatés, le médecin généraliste adresse le patient vers un médecin neurologue.

Les étapes du diagnostic de la maladie d’Alzheimer 

Généralement, le diagnostic de la maladie d’Alzheimer est réalisé en deux étapes :

Rechercher l’existence de troubles des fonctions cognitives et/ou constater l’existence d’un syndrome démentiel notamment les oublis, le rapport au temps, les difficultés de gestion administrative, des changements dans les habitudes de vie, une irritabilité nouvelle ou des troubles de l’humeur par exemple).

Le 2eme temps est le bilan neuropsychologique qui permet de déterminer les troubles cognitifs du patient à travers une série de tests.  

Ces tests évaluent non seulement la mémoire mais aussi d’autres fonctions cognitives telles que l’orientation dans le temps et dans l’espace,  le raisonnement, le langage, la compréhension et l’attention. 

Ces tests permettent de distinguer des patients atteints d’une maladie d’Alzheimer, même à un stade très précoce, des personnes saines puis des patients atteints de démence. 

Pour notre contexte marocain, les tests sont adaptés au patient en fonction de son niveau socioculturel et en fonction du stade d’évolution de la maladie.

Le rôle de l’imagerie médicale 

L’Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) permet de détecter une atrophie corticale du cerveau et notamment une atrophie des hippocampes (structure cérébrale impliquée dans la mémoire, dont la taille est souvent diminuée dans la maladie d’Alzheimer). 

L’IRM permet par ailleurs d’éliminer d’autres causes de démences telles que la présence de lésions vasculaires, d’une tumeur cérébrale ou d’un hématome. 

Dans le cas où un examen IRM est contre-indiqué (notamment pour les patients ayant un pacemaker), un scanner cérébral peut être prescrit.

La Tomographie par émission de positons (TEP) permet d’avoir accès à une imagerie dite fonctionnelle. 

La TEP permet de mettre en évidence un hypo-métabolisme (c’est-à-dire un fonctionnement moins efficace du cerveau) et de visualiser les lésions cérébrales caractéristiques de la maladie, notamment les plaques amyloïdes.

L’analyse anatomique du cerveau par IRM (imagerie par résonance magnétique) consiste habituellement à mesurer l’épaisseur du cortex cérébral (le tissu aussi appelé « substance grise », qui recouvre les deux hémisphères du cerveau) ou le volume de plusieurs régions du cerveau comme l’hippocampe, dont l’atrophie est un des premiers signes de la maladie d’Alzheimer. 

Cette méthode permet de détecter la maladie correctement dans environ 80% des cas. 

Les avancées de la recherche scientifique liée à la radiologie 

En France, des chercheurs ont effectué une IRM cérébrale chez 51 patients atteints de la maladie d’Alzheimer dont certains à un stade précoce et d’autres à un stade avancé, ainsi que chez 29 participants contrôles non atteints par la maladie. 

Le diagnostic était effectué à l’issue d’un bilan biologique, reposant à la fois sur une ponction lombaire pour rechercher la présence des biomarqueurs de la maladie et sur une imagerie par émission de positron (PET-scan), montrant les dépôts amyloïdes, des accumulations d’agrégats protéiques sous forme de plaques caractéristiques de certaines maladies neurodégénératives.

Les chercheurs ont ensuite utilisé le logiciel Morphologist récemment développé à NeuroSpin (Centre de neuroimagerie du CEA). Le CEA en France, est le commissariat à l’énergie atomique, qui est un organisme public de recherche scientifique dans les domaines de l’énergie, de La Défense, des technologies de l’information et de la santé. 

Ce logiciel permet de recréer informatiquement à partir d’une IRM un « moule » en négatif du cerveau. Le logiciel a ensuite extrait dans 18 régions de chaque hémisphère cérébral, une valeur moyenne de la largeur de chaque sillon et de l’épaisseur du cortex les bordant. 

En parallèle, les chercheurs ont effectué les mesures usuelles du volume de plusieurs régions cérébrales et de l’épaisseur du cortex, afin de comparer ces techniques.

Un algorithme a ensuite permis de corréler l’état de santé de chaque participant (contrôle ou malade) aux mesures obtenues. 
Les chercheurs ont alors constaté que la largeur d’un groupe de quelques sillons, appartenant notamment aux lobes frontaux et temporaux, était associée à la maladie d’Alzheimer. 

Grâce aux logiciels, on arrive à déterminer l’état de santé des participants dans 91% des cas, contre seulement 80% pour les mesures anatomiques usuelles. 

En outre, la morphologie des sillons semble évoluer avec les stades de la maladie. 
Les sillons du cerveau étaient plus larges chez les patients présentant les déclins cognitifs les plus poussés.  


Rédigé par Dr Khaoula RASMOUNI, médecin Neurologue et Dr Bounhir BOUMEHDI, médecin radiologue 

 

Mercredi 21 Septembre 2022



Rédigé par Salma Chaoui le Mercredi 21 Septembre 2022