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L’Europe zappe le gaz algérien Alger pour le GNL de Washington


Rédigé par La rédaction le Mercredi 3 Septembre 2025

L’Europe, en quête de nouveaux horizons énergétiques, tend de plus en plus l’oreille vers le GNL des États-Unis. Une bascule étonnante, qui questionne l’ancien rôle quasi-consensuel de l’Algérie comme fournisseur incontournable. Ce glissement n’est pas qu’un mouvement commercial : il redessine les lignes stratégiques, économiques et diplomatiques régissant la région maghrébine.



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L’Europe zappe le gaz algérien Alger pour  le GNL de Washington
L’Europe, jadis fidèle cliente du gaz algérien, tourne aujourd’hui un regard de plus en plus complice vers les États-Unis. Entre 2022 et aujourd’hui, les parts de marché combinées de l’Algérie et du Qatar ont reculé de 36 % à 22 % — une chute marquée. Simultanément, les Américains ont pratiquement doublé leur présence, passant de 28 % à 46 %, s’imposant comme premier fournisseur de GNL pour le Vieux Continent.

Ce phénomène n’est pas juste un calcul de coût : il incarne aussi une stratégie. L’invasion de l’Ukraine a déstabilisé le système énergétique européen, enclenchant le plan RePowerEU.

L’objectif est clair : la fin des importations de gaz russe d’ici 2027. Simultanément, Bruxelles durcit les normes environnementales — à commencer par la réglementation sur le méthane entrée en vigueur en 2024. Ces exigences ajoutent un voile de complexité autour de fournisseurs moins compétitifs comme l’Algérie, fragilisant leur accès au marché, malgré leurs ressources naturelles.

Pour Alger, dont l’économie repose encore quasi exclusivement sur les hydrocarbures, cette conjoncture devient périlleuse. Entre devises en déclin et incapacité à diversifier ses revenus, la dépendance au gaz se révèle être autant une force qu’une faiblesse. La demande européenne ne cesse de se rétracter, et sans solutions alternatives, le risque est de perdre non seulement des profits, mais aussi un rôle stratégique.

Pendant ce temps, Washington déploie son influence à travers sa diplomatie énergétique et ses flux de GNL. Le Qatar accentue lui aussi sa présence via des investissements massifs.

Alger, quant à elle, semble engluée dans une gestion trop centralisée, trop technocratique, paralysée face aux mutations. Ironiquement, la Russie — mise sous sanctions — conserve 17 % du marché européen en 2024, contre 12 % en 2023, soulignant que l’Algérie recule plus vite que plusieurs rivaux.

Face à cette érosion, l’OAPEP tente un coup de poker langagier, plaidant pour que le gaz soit considéré comme une « énergie de destination », non plus transitoire. C’est un effort pour défendre une rente au bord du précipice. Mais le temps joue contre elle : ce qui fut jadis une source de crédit diplomatique s’affaiblit, creusant une vulnérabilité stratégique que l’économie algérienne ne peut plus ignorer.

​L’Europe se tourne déjà vers de nouvelles promesses énergétiques.

Pendant ce temps, l’Algérie regarde, un peu impuissante — mais pas définitivement hors jeu.

Pour rester une carte maîtresse, il lui faudra oser la diversification, investir dans l’innovation verte, dialoguer autrement avec ses partenaires. Si un acteur peut rebondir, c’est bien celui qui ose réinventer ses fondations.

L’Algérie, dans son désert comme dans son économie, porte un potentiel qui échappe encore à son propre miroir. 




Mercredi 3 Septembre 2025