Par Dr Az-Eddine Bennani
Dans une chronique publiée dans FigaroVox le 18 septembre 2025, Luc Ferry met en garde : l’intelligence artificielle ne serait pas seulement une aide, mais une substitution. Selon lui, l’IA risque d’entraîner un deskilling massif, c’est-à-dire une perte des compétences fondamentales, car les élèves délégueront à des machines plus performantes qu’eux la tâche de penser et d’apprendre.
Cette alerte mérite d’être entendue, mais elle repose sur une vision trop binaire : soit l’IA remplace, soit elle détruit. Or, comme je l’ai montré dans mes travaux (Le Maroc à l’ère de l’intelligence artificielle – Souveraineté, inclusion et transformation systémique, 2025), l’enjeu n’est pas de nier le risque, mais de le gouverner à travers une lecture systémique.
Apprendre à apprendre à l’ère de l’IA
L’éducation ne peut plus se réduire à la mémorisation et à la restitution. Elle doit préparer les apprenants à apprendre à apprendre , à s’orienter dans des flux massifs d’informations, à exercer leur esprit critique et à développer une créativité contextualisée. L’IA, lorsqu’elle est utilisée dans cette perspective, devient un outil d’augmentation cognitive, non une menace.
Ce n’est pas l’IA qui deskille ; ce sont nos systèmes éducatifs, s’ils persistent à fonctionner selon des logiques du passé. Dans une pédagogie réinventée, l’IA peut au contraire renforcer les capacités de discernement, de jugement et de collaboration. Elle pousse à distinguer le vrai du faux, l’utile du superflu, le local du global.
Une question de souveraineté cognitive
Là où Luc Ferry perçoit une substitution fatale, j’insiste sur la notion de souveraineté cognitive. Dans mes écrits, j’ai défendu l’idée que le Maroc – et plus largement l’Afrique – ne doit pas se contenter de consommer des plateformes étrangères, mais construire sa propre capacité à penser et à apprendre avec l’IA. Cela suppose des stratégies éducatives nationales, des contenus en langue locale, et des pédagogies adaptées à nos réalités culturelles.
Entre alarmisme et stratégie constructive
Luc Ferry dramatise un danger réel, mais en se limitant à l’opposition aide ou remplacement . Cédric Villani, dans son rapport sur l’IA, rappelle qu’il s’agit d’un instrument de puissance qu’il faut encadrer par une stratégie nationale. Jean-Louis Le Moigne, avec ses épistémologies constructivistes, nous enseigne que la connaissance est une construction collective, évolutive et dialogique. L’IA ne supprime pas cette dynamique, elle la reconfigure.
Ma position, développée dans mes travaux sur l’alignement stratégique et le paradigme systémique, est claire : il ne s’agit pas de craindre l’IA, mais de l’intégrer comme vecteur de transformation. L’école doit devenir un espace où l’on apprend à questionner l’IA, à la confronter à la réalité, à l’utiliser pour enrichir le raisonnement humain plutôt que pour s’y substituer.
Oui, l’IA peut mener au deskilling si elle est subie passivement. Mais elle peut aussi conduire à un capital cognitif renforcé si elle est gouvernée intelligemment. L’avenir de l’éducation dépend moins des performances de l’IA que de notre capacité collective à l’inscrire dans une pédagogie critique, souveraine et inclusive.
Au Maroc comme ailleurs, l’enjeu n’est pas de se demander si l’IA remplacera l’élève, mais comment faire en sorte que l’élève apprenne à penser avec l’IA – et non à sa place.
Cette alerte mérite d’être entendue, mais elle repose sur une vision trop binaire : soit l’IA remplace, soit elle détruit. Or, comme je l’ai montré dans mes travaux (Le Maroc à l’ère de l’intelligence artificielle – Souveraineté, inclusion et transformation systémique, 2025), l’enjeu n’est pas de nier le risque, mais de le gouverner à travers une lecture systémique.
Apprendre à apprendre à l’ère de l’IA
L’éducation ne peut plus se réduire à la mémorisation et à la restitution. Elle doit préparer les apprenants à apprendre à apprendre , à s’orienter dans des flux massifs d’informations, à exercer leur esprit critique et à développer une créativité contextualisée. L’IA, lorsqu’elle est utilisée dans cette perspective, devient un outil d’augmentation cognitive, non une menace.
Ce n’est pas l’IA qui deskille ; ce sont nos systèmes éducatifs, s’ils persistent à fonctionner selon des logiques du passé. Dans une pédagogie réinventée, l’IA peut au contraire renforcer les capacités de discernement, de jugement et de collaboration. Elle pousse à distinguer le vrai du faux, l’utile du superflu, le local du global.
Une question de souveraineté cognitive
Là où Luc Ferry perçoit une substitution fatale, j’insiste sur la notion de souveraineté cognitive. Dans mes écrits, j’ai défendu l’idée que le Maroc – et plus largement l’Afrique – ne doit pas se contenter de consommer des plateformes étrangères, mais construire sa propre capacité à penser et à apprendre avec l’IA. Cela suppose des stratégies éducatives nationales, des contenus en langue locale, et des pédagogies adaptées à nos réalités culturelles.
Entre alarmisme et stratégie constructive
Luc Ferry dramatise un danger réel, mais en se limitant à l’opposition aide ou remplacement . Cédric Villani, dans son rapport sur l’IA, rappelle qu’il s’agit d’un instrument de puissance qu’il faut encadrer par une stratégie nationale. Jean-Louis Le Moigne, avec ses épistémologies constructivistes, nous enseigne que la connaissance est une construction collective, évolutive et dialogique. L’IA ne supprime pas cette dynamique, elle la reconfigure.
Ma position, développée dans mes travaux sur l’alignement stratégique et le paradigme systémique, est claire : il ne s’agit pas de craindre l’IA, mais de l’intégrer comme vecteur de transformation. L’école doit devenir un espace où l’on apprend à questionner l’IA, à la confronter à la réalité, à l’utiliser pour enrichir le raisonnement humain plutôt que pour s’y substituer.
Oui, l’IA peut mener au deskilling si elle est subie passivement. Mais elle peut aussi conduire à un capital cognitif renforcé si elle est gouvernée intelligemment. L’avenir de l’éducation dépend moins des performances de l’IA que de notre capacité collective à l’inscrire dans une pédagogie critique, souveraine et inclusive.
Au Maroc comme ailleurs, l’enjeu n’est pas de se demander si l’IA remplacera l’élève, mais comment faire en sorte que l’élève apprenne à penser avec l’IA – et non à sa place.