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L’IA, nouveau pétrole ou bombe sociale ?


Rédigé par le Mercredi 17 Septembre 2025

Nous vivons un basculement historique : l’intelligence artificielle (IA) n’est plus un objet de science-fiction, mais une force qui redessine nos économies, nos emplois et nos vies quotidiennes. Les chiffres seuls donnent le vertige : au Moyen-Orient, les investissements prévus dans l’IA atteindront 3,2 trillions de dollars au cours de la prochaine décennie. Une somme colossale, révélatrice d’un pari global : l’IA sera le moteur de la prochaine révolution industrielle. Mais comme toute révolution, celle-ci a un prix.



A lire ou à écouter en podcast :


Entre promesse et menace pour nos emplois :

L’IA, nouveau pétrole ou bombe sociale ?
Derrière l’enthousiasme, des inquiétudes se font jour : des métiers disparaissent, des compétences deviennent obsolètes, et des pans entiers du marché du travail sont fragilisés. Pourtant, paradoxalement, ceux qui maîtrisent les outils de l’IA multiplient leur impact : un professionnel formé peut accomplir ce qui nécessitait autrefois plusieurs emplois. L’IA ne se contente donc pas de remplacer, elle réorganise et redistribue.

Les entreprises de la tech avancent à une vitesse sidérante. Nvidia, par exemple, a vu sa valorisation atteindre 4 trillions de dollars, dépassant même Aramco. Ses actions ont bondi de 700 % en seulement 18 mois, preuve que l’IA attire des flux financiers sans précédent. Les données, comparées désormais au « nouveau pétrole », deviennent le carburant stratégique de cette économie. Et comme hier avec le pétrole, ceux qui les contrôlent dictent les règles du jeu mondial.

La question est alors simple : nos gouvernements et nos législateurs suivent-ils le rythme ? La réponse est préoccupante. Tandis que les géants technologiques se projettent dix ans en avant, les institutions publiques s’embourbent dans des débats réglementaires. Comment encadrer une technologie qui évolue plus vite que les lois ? Faut-il l’intégrer dans les écoles ? Peut-elle remplacer, ou du moins assister, des enseignants ? Autant de dilemmes qui dessinent un futur encore flou.

Médecins, juristes, enseignants, artistes : aucune profession n’échappe à la vague. L’IA commence à rivaliser avec l’intellect humain, non pas en le remplaçant frontalement, mais en accumulant des bases de données et des capacités d’analyse hors d’atteinte pour un individu. Dans le domaine médical, elle peut désormais évaluer un patient en croisant des millions de cas antérieurs. Dans l’art, elle compose des chansons ou scénarise des films en analysant les succès passés.

Former, encadrer, innover : la course mondiale face à l’intelligence artificielle

L’IA, nouveau pétrole ou bombe sociale ?
Ce bouleversement ne signifie pas pour autant la fin des compétences humaines. La créativité, l’imagination, l’émotion ou la communication restent des terrains où l’humain garde une longueur d’avance. Mais ces qualités doivent être cultivées et enseignées dès aujourd’hui. L’éducation n’a pas le luxe de rester figée. Elle doit préparer à un monde où l’IA ne sera pas un outil marginal, mais une infrastructure omniprésente.

Si certains voient l’IA comme une menace, d’autres y lisent une opportunité unique, notamment pour les jeunes générations du monde arabe. Les smartphones et Internet ont démocratisé l’accès à des ressources autrefois réservées à une élite. Aujourd’hui, n’importe qui peut apprendre à coder, créer une start-up ou développer une IA spécialisée, sans capital initial colossal. Des entrepreneurs ont déjà hissé des sociétés à plusieurs milliards en quelques mois seulement.

Mais le véritable défi n’est pas technologique, il est culturel. Accepter que les carrières linéaires appartiennent au passé, que la reconversion sera la norme, et que l’agilité intellectuelle primera sur la stabilité. Ceux qui sauront se former en continu tireront parti de cette vague. Les autres risquent d’être balayés.

Au-delà de l’économie et de l’emploi, l’IA pose des questions sociales et existentielles. En Corée, des robots accompagnent déjà des personnes âgées isolées, réduisant leur solitude. Pour les jeunes générations, qui ont grandi dans un monde digital, interagir avec une IA n’est pas une rupture, mais une continuité. La frontière entre l’humain et la machine se brouille, non pas en termes biologiques, mais dans nos habitudes quotidiennes.

Nous sommes donc face à une double urgence : encadrer et éduquer. Encadrer l’IA pour éviter qu’elle ne devienne une force anarchique incontrôlable. Éduquer les citoyens pour qu’ils en soient acteurs plutôt que spectateurs. Car si l’IA redistribue les cartes, elle ne détermine pas seule les règles du jeu. Celles-ci resteront humaines — si nous avons le courage de les écrire.

Mots-clés : intelligence artificielle, emplois, régulation, investissements, économie numérique, Nvidia, données, créativité, éducation, transformation du travail





Mohamed Ait Bellahcen
Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls l'auto... En savoir plus sur cet auteur
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