L'ODJ Média

L' OMS s’alarme du nouveau variant de vape “Ice Hit” en Afrique du Nord


L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté fin novembre 2025 sur la circulation rapide d’un nouveau “variant” de cigarettes électroniques aromatisées, baptisé Ice Hit, détecté en premier lieu en Afrique du Nord. Ce format, plus mentholé, plus sucré, mais surtout beaucoup plus dosé en nicotine, touche principalement les jeunes de 13 à 25 ans.

Le phénomène se propage désormais vers l’Afrique de l’Ouest et le Golfe, avec une croissance des ventes jugée “inquiétante” par les autorités sanitaires.



Un produit surdosé conçu pour “frapper fort”

L' OMS s’alarme du nouveau variant de vape “Ice Hit” en Afrique du Nord
L’Ice Hit n’est pas simplement une nouvelle saveur dans l’industrie de la vape. Selon les autorités sanitaires marocaines et tunisiennes, les premières à avoir réagi, il s’agit :

– d’un dispositif jetable importé illégalement,
– chargé à entre 4 % et 6 % de nicotine,
– avec des additifs “glacés” (coolants chimiques) qui facilitent l’absorption pulmonaire,
– et un packaging ciblant explicitement les adolescents.

Ce dosage est significativement plus élevé que la majorité des vapes réglementées (souvent limitées à 2 % en Europe). Les experts soulignent que l’effet recherché est un “hit” nicotinique presque instantané, favorisant la dépendance dès les premières utilisations.

Une vague d’addiction précoce dans les lycées

Les premières alertes viennent d’associations éducatives au Maroc et en Tunisie, qui décrivent un phénomène “jamais vu” :

– une consommation pendant les cours, en raison de l’absence quasi totale d’odeur,
– une augmentation des cas d’irritations respiratoires et de palpitations,
– une dépendance qui se déclenche en quelques jours chez les mineurs.

L’OMS note également que le prix très bas parfois moitié moins que les marques officielles; explique sa popularité fulgurante.

Un marché noir structuré et transfrontalier

Derrière l’Ice Hit se cacherait une chaîne logistique déjà bien rôdée. Les enquêtes préliminaires en Algérie et au Maroc pointent vers :

– une production en Asie du Sud-Est,
– un transit par les Émirats,
– une distribution via des réseaux informels sur TikTok et WhatsApp.

Ce modèle rappelle celui observé pour les “rainbow vapes” en 2023–2024, mais avec une différence majeure : le volume d’importations est nettement supérieur, suggérant une stratégie commerciale agressive.

Pourquoi l’OMS s’inquiète vraiment

Contrairement aux cigarettes électroniques classiques, l’Ice Hit combine plusieurs dangers :

– Un taux de nicotine extrêmement élevé favorisant la dépendance précoce.
- Des coolants artificiels, classés irritants, interdits dans certains pays.
– Des liquides non traçables, pouvant contenir des solvants contaminés.
– Une absence totale de régulation, rendant le contrôle sanitaire impossible.

Les premiers hôpitaux ayant signalé des cas décrivent des effets aigus : nausées, chute de tension, tachycardie, crises d’angoisse.

Rien, pour l’instant, ne suggère un risque vital immédiat, mais les toxicologues s’alarment de l’effet cumulatif.

Une réponse encore timide des gouvernements

Alors que l’Europe et le Royaume-Uni préparent déjà une interdiction des vapes jetables, l’Afrique du Nord peine à suivre :

– Les tests de qualité manquent.
– Les produits entrent par des frontières poreuses.
– Les enquêtes nécessitent une coopération régionale rare.

Le Maroc et la Tunisie ont néanmoins annoncé des contrôles renforcés dans les ports et les zones franches, tandis que l’OMS préconise une stratégie claire : taxation, interdiction des imports non homologués et campagnes ciblées dans les lycées.

TikTok, Snapchat : des algorithmes qui amplifient le phénomène

Plusieurs ONG ont remarqué que les vidéos mettant en scène l’Ice Hit, souvent tournées par des adolescents, génèrent des millions de vues.

L’effet algorithmique crée une boucle dangereuse : plus les jeunes consomment → plus ils publient → plus c’est visible → plus ça se vend.

Les autorités sanitaires demandent désormais aux plateformes de réagir; une position déjà adoptée dans la lutte contre les “puff bars” en 2024.

Un enjeu sanitaire mais aussi économique

L’OMS souligne qu’une explosion de l’addiction nicotinique pourrait conduire à :

– une augmentation des troubles anxieux chez les jeunes,
– une baisse du rendement scolaire,
– un coût de santé publique significatif dans dix ans.

Plus inquiétant encore : l’Ice Hit pourrait servir de passerelle vers d’autres produits dopants à base de nicotine, déjà testés dans certains pays.

Vers une régulation continentale ?

Plusieurs pays africains plaident déjà pour une réglementation commune inspirée du modèle européen. La question est urgente car les réseaux se déplacent entre marchés : si un pays durcit sa loi, la distribution se déporte vers le voisin.

Le Centre africain de surveillance de la toxicomanie (créé en 2024) prépare un premier rapport régional qui pourrait servir de base à une future législation.

Un signal d’alerte pour 2026

L’Ice Hit n’est peut-être que la première vague d’une nouvelle génération de vapes ultra-nicotinées destinées aux jeunes marchés africains.

Les autorités en sont conscientes : le continent doit anticiper au lieu de subir. L’OMS le rappelle : l’Afrique n’est pas seulement un marché émergent. Elle est désormais une cible.

Jeudi 4 Décembre 2025



Rédigé par Salma Chmanti Houari le Jeudi 4 Décembre 2025