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L’aide étrangère devrait chuter de 16 à 28 % en 2025 en Afrique subsaharienne selon le FMI


Rédigé par le Mercredi 5 Novembre 2025

Alerte sur le continent : l’aide étrangère à destination de l’Afrique subsaharienne devrait chuter de 16 à 28 % en 2025. Dans certains pays, la perte potentielle dépasse 10 % des recettes publiques, selon le Fonds monétaire international (FMI). Les secteurs vitaux : santé, éducation, aide humanitaire sont directement menacés.



L’aide étrangère devrait chuter de 16 à 28 % en 2025 en Afrique subsaharienne selon le FMI

Le FMI constate une forte détérioration de l’environnement international pour l’aide au développement. Concrètement, les aides bilatérales, qui représentent près de 1½ % du total des revenus de la région, sont orientées à la baisse. Les projections tablent sur –16 % à –28 % en 2025, avec une dynamique négative susceptible de se poursuivre au-delà. Les budgets nationaux les plus fragiles tentent de réaffecter des lignes de dépense pour compenser la chute, mais les marges de manœuvre et les capacités techniques sont limitées. Résultat : un risque réel de ruptures dans la fourniture de services publics essentiels, une situation aggravée par la politique de retrait et de réduction de l’aide extérieure impulsée par Donald Trump.
 

Pourquoi cette baisse tombe-t-elle si mal ? Parce que l’Afrique subsaharienne, malgré une croissance régionale attendue à 4,1 % en 2025, reste exposée à des vulnérabilités cumulées : dettes élevées, inflation tenace dans environ un cinquième des pays, réserves de change inférieures à 3 mois d’importations dans près d’un tiers de la région. Dans ce contexte, la chute de l’aide agit comme un choc budgétaire supplémentaire : moins de dons et d’appuis extérieurs = plus de pression sur les budgets, donc arbitrages douloureux entre salaires d’enseignants, médicaments, nutrition, ou entretien d’infrastructures. Pour plusieurs États fragiles ou à faible revenu, le risque humanitaire augmente mécaniquement.
 

Dans les administrations, on parle déjà de plans d’urgence : prioriser la santé maternelle, sécuriser les programmes de vaccination, garder ouverts les internats, maintenir les cantines scolaires. Côté experts, deux leviers reviennent en boucle : mobiliser davantage de recettes intérieures (numérisation fiscale, facturation électronique, contrôle par la donnée) et mieux gérer la dette (transparence, suivi des engagements, maîtrise du lien banques–État). Selon le FMI, des réformes d’administration fiscale bien menées peuvent rapporter +2 à 3 points de PIB en recettes, de quoi amortir partiellement la chute de l’aide, à condition d’une mise en œuvre crédible et soutenue.
 

Les prochains mois diront si les pays peuvent compenser la baisse des dons en accélérant la collecte fiscale, en ciblant mieux les subventions et en sécurisant les services vitaux. À suivre de près : les budgets 2025–2026, les programmes sociaux et la capacité des États les plus exposés : RCA, Soudan du Sud, Niger,  à éviter les ruptures dans la santé et l’éducation. La question reste brûlante : qui va payer quand l’aide se retire ? 


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Mamadou Bilaly Coulibaly
Journaliste et étudiant malien en stage, passionné par la géopolitique, l'histoire et le sport.... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 5 Novembre 2025