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L’annonce de “contrôle total” par Netanyahou face aux limites du droit et de la réalité


Annonce de Netanyahou: contrôle total de Gaza. Analyse des implications juridiques, politiques et humanitaires, et limites face à une résistance persistante.



Les enjeux juridiques et politiques de l’occupation prolongée

L’annonce de “contrôle total” par Netanyahou face aux limites du droit et de la réalité
Benyamin Netanyahou affirme vouloir instaurer un “contrôle total” sur la bande de Gaza, une formule maximaliste qui condense l’impasse stratégique actuelle : un territoire densément peuplé, déjà ravagé par des mois de bombardements, un blocus prolongé, une infrastructure civile fracturée et une opinion mondiale de plus en plus attentive aux violations présumées du droit international humanitaire.

Cette déclaration répond autant à une scène politique israélienne fragmentée (pressions des familles de détenus, rivalités partisanes, besoin de détourner l’attention des critiques internes) qu’à une volonté de bloquer toute initiative multilatérale imposant cessez‑le‑feu, mécanisme de supervision ou couloir humanitaire internationalisé. Mais plus le discours s’érige en promesse d’emprise absolue, plus il renforce les arguments juridiques qui qualifient la situation d’occupation prolongée aggravée : obligations de protection des civils (Conventions de Genève), interdiction de la punition collective, principe de proportionnalité, responsabilité en matière d’accès à l’eau, aux soins, à l’alimentation.

L’idée de “verrouillage durable” se heurte à une réalité historique : aucune tentative de domination totale d’un écosystème social, narratif et identitaire n’a produit une stabilité légitime. À Gaza, la résistance se manifeste par la continuité éducative improvisée, la documentation systématique (images, archives, témoignages), la saisine de juridictions internationales, la mobilisation diasporique, la reconstitution de micro‑réseaux humanitaires et la bataille informationnelle et militaire en temps réel.

Chercher à comprimer cette vitalité relance mécaniquement l’indignation transnationale, amplifie la surveillance citoyenne digitale et alimente des procédures judiciaires potentielles. Les réactions régionales dénoncent une fuite en avant sécuritaire, les ONG rappellent l’urgence d’accès humanitaire, tandis que plusieurs capitales restent dans une sémantique prudente (“préoccupation”, “besoin de protéger les civils”) décalée par rapport aux perceptions populaires, y compris au Maghreb.

Sur les réseaux marocains émergent trois lignes : indignation morale structurée autour de références juridiques (résolutions onusiennes, principes de droit humanitaire), campagnes de boycotts symboliques, et pédagogie visuelle expliquant le vocabulaire légal (occupation, proportionnalité, responsabilité de puissance occupante). Trois trajectoires dominent les scénarios : prolongation coercitive avec coût diplomatique exponentiel et renforcement des dossiers judiciaires ; pivot sous pression multilatérale ouvrant vers cessez‑le‑feu encadré et mécanisme tiers ; recomposition politique interne en Israël réajustant la doctrine officielle.

Dans tous les cas, la prétention à un contrôle hermétique se fracasse sur une triple résistance : une mémoire collective enracinée, un corpus normatif mobilisable et une capacité globale de documentation instantanée. Pour un lectorat marocain, l’enjeu n’est pas lointain : il interroge la cohérence du système international quand la rhétorique de sécurité prétend supplanter des normes universelles censées protéger toute population civile.

Reste la question cardinale : la communauté internationale convertira‑t‑elle l’empilement de communiqués en mécanismes exécutoires concrets, ou laissera‑t‑elle l’asymétrie perdurer jusqu’à l’épuisement humanitaire voire le génocide ? 

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Vendredi 8 Août 2025