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L’équation palestinienne sans solution abrahamique


Rédigé par le Samedi 15 Mai 2021

Mauvais calculs politiques de Netanyahou, ras-le-bol des Maqdissis de se faire jeter de chez eux, disposition du Hezbollah à mener bataille contre Israël, avec le soutien des factions gazaouis, tous les ingrédients d’un scénario explosif sont réunis au Proche-Orient.



La mosquée Al Aqsa ne va pas brûler et aucun temple ne sera construit à la place
La mosquée Al Aqsa ne va pas brûler et aucun temple ne sera construit à la place
Bibi Netanyahou s’est cru malin en laissant croire aux ‘Frères talmudistes’ de son pays qu’ils verront bientôt s’embraser la mosquée Al Aqsa et construire à la place une réplique du temple de Salomon.

En fait une réplique de la réplique, puisque celui détruit par les Romains, en l’an 70, n’était lui-même qu’une copie de l’original, détruit par les Babyloniens, il y a quelques 2600 ans.

« J’ai vaincu les Palestiniens avec les accords d’Abraham, maintenant ils sont esseulés, vous pouvez-y aller », a fait comprendre Netanyahou aux électeurs de l’extrême droit israélienne, avec pour arrière pensée : « votez pour moi, svp, sinon, je vais en prison ».

Mal lui en pris, parce que les Maqdissis étaient d’un autre avis.

« Mort aux Arabes » !

Le fait est que les « Frères talmudistes » sont aussi illuminés et stupides que leurs homologues musulmans.

Menés par un certain Itamar Ben Gvir, duplicata sioniste d’un takfiriste mais qui siège quand même à la Knesset, ils ont cherché à faire expulser encore plus d’habitants palestiniens du quartier Sheikh Jarrah, à Al Qods, au cri de « Mort aux Arabes ».

La fermeté de la réaction des habitants de Sheikh Jarrah et autres Maqdissis a été d’autant une surprise pour les Israéliens qu’elle a émané de jeunes palestiniens qui ne sont, pour la plupart, affiliés à aucune organisation politico-militaire.

Netanyahou et ses clients politiques ont réussi à matérialiser le pire cauchemar de services de sécurité israéliens : provoquer une 3ème initifada, avec une nouvelle génération de militants, adeptes des mobilisations localisées et ponctuelles, dont l’efficacité vient d’être démontrée.

Hezbollah et Hamas aux aguets

Les salves de roquettes lancées par les factions palestiniennes, depuis la bande de Gaza, ne sont, en fait, qu’une récupération du mouvement centré sur le quartier Sheikh Jarrah.

Le Hezbollah libanais a, par ailleurs, mis ses troupes sur le pied de guerre.

Chacun de ses acteurs a ses propres calculs. Pour le Hezbollah, il s’agit d’être proactif.

Les Israéliens ont commencé, le 9 mai, des manœuvres militaires aux frontières avec le Liban, les plus importantes de l’histoire de l’armée sioniste, baptisés ‘chariots de feu’…

Comme le dit le proverbe marocain, les miliciens du Hezbollah ont décidé de faire des Israéliens leur déjeuner, avant que ces derniers n’en fassent leur souper.

Et c’est là ou intervient le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.

Pluie de missiles

Missiles palestiniens et contre-missiles israéliens éclairent la nuit
Missiles palestiniens et contre-missiles israéliens éclairent la nuit
Placé sous sévère embargo par Israël et l’Egypte, il faut bien se demander d’où viennent aux brigades du Hamas et du Jihad islamiqueq, qui ont pignon sur rue à Gaza, les composants pour fabriquer leurs missiles ‘artisanaux’.

L’ombre de l’Iran et de ses alliés régionaux plane sur Israël.

En augmentant la portée de leurs missiles jusqu’à 230 kms, les combattants gazaouis ne font plus dans l’amateurisme, malgré la faible précision. C’est l’effet psychologique sur les Israéliens qui est, d'ailleurs, le premier visé.

Le 11 mai, les députés israéliens ont décampé de la Knesset, quand les missiles du Hamas ont ciblé Jérusalem-Est. 

Les raids aériens israéliens se multiplient sur la bande Gaza, les victimes civiles palestiniennes s'entassent, mais sans parvenir à faire taire les batteries de roquettes des factions gazaouies.

Les bombardements israéliens sont dénudés de toute signification stratégique. C'est un massacre gratuit. Une punition collective qui ne fait que renforcer la détermination des Gazaouis.

Déficience contre-aérienne

Avec la pluie de missiles que fait pleuvoir le Hamas sur Israël, depuis le 10 mai, cette dernière a donc dû arrêter ses manœuvres aux frontières avec le Liban et redéployer une partie de ses troupes au sud, soi-disant pour une éventuelle invasion terrestre de la bande de Gaza.

L’état-major israélien n’est pas sans savoir que le Hezbollah n’attend justement qu’une telle erreur stratégique pour prendre Israël en étau.

Hassan Nasrallah estime, en effet, que c’est plus intéressant de mener bataille en Galilée que sur les rives du Litani. Une manière de rendre hommage à son ami iranien décédé, le Général Qassem Soulaymani.

Le 22 avril, un missile syrien s’est, par ailleurs, écrasé, à 35 kms de la centrale nucléaire israélienne de Dimona, après avoir parcouru plus de 200 Kms sans se faire intercepter par les défenses antiaériennes du fameux ‘dôme de fer’.

La fable israélienne du missile sol-air Sam5 syrien qui se serait ‘perdu’ n’a pas convaincu grand monde.

L’état-major israélien n’a pas besoin d’un schéma pour comprendre que les Russes, qui estiment que les Israéliens ne respectent pas les accords passés avec eux, ne vont plus bouger le petit doigt pour empêcher des tirs de missiles iraniens à partir de la Syrie.

Peut-être même un petit coup de pouce, sous forme de brouillage électronique…

L’Arche d’alliance et les urnes

Pour ne rien arranger, les Juifs israéliens ont décidé de faire la chasse aux Arabes, tout aussi israéliens, à Al Qods, Haïfa, Acre, Tibériade.

Des pogroms qui viennent rappeler qu’Israël ne saurait être à la fois un pays démocratique et ‘juif’. Le sionisme a échoué dans sa prétention à la ‘normalité’, en raison des contradictions inhérentes à cette idéologie messianique.

L’Arche d’alliance et les urnes ne peuvent faire bon ménage.

Le Général Amos Yadlin, ancien patron des services de renseignement de l’armée israélienne, a bien compris l’ampleur de l’enjeu démographique.

« Les Palestiniens ont considérablement renforcé le discours des droits. S’ils ne peuvent obtenir leur propre État, ils cherchent à obtenir des droits égaux en tant que citoyens du Grand État d’Israël - avec l’espoir à long terme d’une majorité arabe dans un seul État »,  explique l’ancien espion.

« Les Palestiniens sont engagés dans un discours différent aujourd’hui, qui n’est plus celui du passé... Les illusions israéliennes sont terminées », a-t-il admis.

Le syndrome de Hajar

Hajar et son fils Ismaël, chassés par Sarah, n'en ont pas moins survécu et laissé une abondante descendance
Hajar et son fils Ismaël, chassés par Sarah, n'en ont pas moins survécu et laissé une abondante descendance
La scène politique israélienne ne fait que confirmer ce propos. Pour pouvoir constituer son gouvernement sans passer à nouveau par la case scrutin électoral, le 5ème cette année, Netanyahou a besoin du soutien de Mansour Abbas, le leader de Ra’am, le parti islamique israélien…

Depuis que les descendants de Sarah, femme d’Abraham et mère d’Isaac, essaient de se débarrasser de ceux de Hajar, la mère d’Ismaël, beaucoup plus fertile, ils n’y sont jamais parvenus.

Quand Yahvé à promis à Abraham qu’il aura une descendance aussi nombreuse que les étoiles de la voûte céleste, il semblerait que ce n’est pas des Hébreux qu’il parlait.

Comme il est écrit dans la sourate Al Anfal : « Ils complotèrent, mais Allah a fait échouer leur complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes ».

Les Israéliens auraient dû écouter les Marocains, qui ont pourtant clamé haut et fort : « la reprise des relations avec Israël ne va pas lui épargner de trouver des solutions de compromis avec les Palestiniens ».

Ce n'était nullement dit pour justifier la décision prise, les Marocains n'ont jamais trahi les Palestiniens. 

Les Sépharades doivent expliquer aux Ashkénazes que ce n'est pas intelligent d'ignorer les conseils du seul peuple arabo-musulman à avoir cohabité en harmonie avec sa composante juive.

Tel l'arbre de vie, le Maroc plonge ses racines dans sa foi islamique et déploie ses branches dans la tolérance. C'est tout l'art de l'équilibre entre le 'Guebourah' (rigueur) et le 'Hessed' (miséricorde). 





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Samedi 15 Mai 2021