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L’or à 4 000 dollars.. le baromètre d’un monde en déséquilibre !


Rédigé par le Dimanche 12 Octobre 2025

Jamais depuis les années 1970, le métal jaune n’avait brillé d’un éclat aussi paradoxal : celui de la peur. En moins d’un an, le cours de l’or a bondi de plus de 50 %, flirtant avec les 4 000 dollars l’once. Ce n’est pas une simple envolée spéculative, c’est une radiographie fidèle d’un monde en désordre : instabilité politique, tensions monétaires, défiance vis-à-vis des institutions financières et retour du populisme économique aux États-Unis. Chaque gramme d’or acheté traduit moins une envie de richesse qu’un réflexe de survie.



Le retour du métal-roi dans un siècle d’incertitudes :

L’or à 4 000 dollars.. le baromètre d’un monde en déséquilibre !
La surprise vient d’abord de la rapidité du mouvement. Les banques prévoyaient pour fin 2025 un or à 2 795 dollars ; nous sommes déjà mille dollars au-dessus. L’accélération des achats par les banques centrales – plus de mille tonnes par an depuis trois ans – a donné le ton : celles-ci diversifient leurs réserves, fuyant les monnaies papier comme on fuit une maison qui brûle. L’or représente désormais environ 20 % des réserves mondiales : il s’installe comme le second pilier du système monétaire international après le dollar.

Mais l’étincelle, comme souvent, vient de Washington. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a entrepris de remettre au pas la Réserve fédérale, réclamant des baisses de taux massives pour doper la croissance et soutenir sa politique budgétaire expansionniste. Le refus du président de la Fed, Jerome Powell, de céder à la pression politique a déclenché une tempête : invectives publiques, tentative d’éviction d’une gouverneure, menaces voilées sur l’indépendance de l’institution. Ce bras de fer a créé un climat d’incertitude inédit : si la Fed cède, l’inflation explose ; si elle résiste, la croissance ralentit. Entre ces deux risques, les investisseurs ont choisi… l’or.

Les marchés détestent le vide. Or le vide est total : shutdown du gouvernement américain, absence de données macroéconomiques, impasse budgétaire au Congrès. Quand l’économie la plus puissante du monde suspend son administration, les traders s’en remettent aux valeurs sûres : en quelques semaines, plus de 60 milliards de dollars se sont déversés dans les ETF adossés à l’or, égalant les records de la pandémie de 2020. Les portefeuilles changent d’ADN : fini le vieux dogme du 60 % actions – 40 % obligations ; les stratèges de Morgan Stanley prônent désormais un 60 – 20 – 20, l’or devenant un pilier à part entière de la protection patrimoniale.

Quand la peur devient valeur refuge :

L’or à 4 000 dollars.. le baromètre d’un monde en déséquilibre !
Ce glissement stratégique n’est pas anodin. Il traduit une mutation de l’économie mondiale où l’on ne croit plus à la stabilité des monnaies ni à la prévisibilité des politiques publiques. L’or redevient un actif politique avant d’être un actif financier. Sa montée en puissance reflète la défiance envers la gouvernance américaine, mais aussi envers l’Europe fracturée : succession de crises gouvernementales en France, récession industrielle en Allemagne, tensions sociales persistantes. En Asie, le Japon s’apprête à renouer avec le déficit et la relance budgétaire sous la houlette d’une nouvelle Première ministre perçue comme keynésienne. Autant de signaux d’un retour du désordre macroéconomique.

La géopolitique, elle, ajoute sa dose d’incertitude : cessez-le-feu fragile à Gaza, rivalités énergétiques accrues, et, partout, le spectre d’une guerre monétaire larvée. Dans cet écosystème anxieux, l’or s’impose comme la seule monnaie sans banque centrale. Son absence de rendement, jadis un handicap, devient une vertu : il n’obéit à personne.

Goldman Sachs, pragmatique, prévoit désormais un or à 4 900 dollars d’ici fin 2026, pariant sur une baisse tardive mais inévitable des taux américains. Si le scénario se réalise, le métal jaune pourrait redevenir la référence ultime, non plus contre l’inflation, mais contre la perte de confiance.

L’histoire économique nous l’a souvent appris : lorsque les institutions chancellent, les peuples se tournent vers ce qui ne ment pas. L’or ne promet rien, il ne vote pas, il ne tweete pas ; il rassure par sa simple existence. Dans un monde qui doute de tout – des chiffres, des dirigeants, des banques –, ce bloc de matière inerte est redevenu l’ultime symbole de la rationalité.

Mots-clés : or – marchés financiers – Réserve fédérale – inflation – Trump – banques centrales – actifs refuges – politique monétaire – économie mondiale





Mohamed Ait Bellahcen
Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls l'auto... En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 12 Octobre 2025