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L'ultime semaine avant un Mondial à nul autre pareil


Rédigé par le Mardi 15 Novembre 2022

Le football de clubs est en pause, les stars s'envolent vers le Qatar où le trophée est arrivé: dimanche débute le premier Mondial de football dans le monde arabe, le premier aussi à susciter autant de critiques, sur l'environnement ou les droits humains.



L'ultime semaine avant un Mondial à nul autre pareil
Organisé à l'automne pour éviter les chaleurs insupportables de cette région désertique, le Mondial-2022 s'ouvrira par un Qatar-Equateur inédit dans le stade d'Al Bayt, à une quarantaine de kilomètres de la capitale.
Le pays-hôte, à la faible tradition footballistique, en saura plus sur ses chances de passer la phase de poules d'une compétition que le tenant du titre, la France, entamera contre l'Australie le 22 novembre. Après quasiment six mois de préparation à huis-clos en Europe, la sélection qatarie vient de rentrer au pays, où les sélections arrivent au compte-gouttes.

Beaucoup ont encore joué ce week-end, à l'instar des stars du Paris-SG, le Brésilien Neymar, l'Argentin Leo Messi ou encore le Français Kylian Mbappé. Ils seront bien là. En revanche les champions du monde français, déjà privés de leurs milieux Paul Pogba et N'Golo Kanté, devront faire sans leur défenseur central Presnel Kimpembe, "insuffisamment rétabli" d'une blessure et forfait lundi.

Tout comme sera très certainement absent le milieu Amine Harit, joueur important du Maroc, gravement blessé à un genou lors de son dernier match avec son club français de l'Olympique de Marseille dimanche.

Les listes doivent être finalisées lundi soir, comme celle de l'Iran qui jouera un match historique contre les Etats-Unis. La star Zardar Azmoun, qui s'était blessée, critique de la répression du mouvement de contestation dans son pays, sera du voyage. Tout geste symbolique des joueurs de la "Team Melli" sera observé de près lors de leur première apparition, contre l'Angleterre le 21.

D'autres grands noms sont retenus sans savoir si ils tiendront leur rang, diminués par des blessures, comme Sadio Mané (Sénégal), Son Heung-min (Corée du Sud) ou Romelu Lukaku (Belgique).
Et pour son ultime Mondial, quel visage montrera le Portugais Cristiano Ronaldo, qui vit un chemin de croix avec Manchester United qui l'a "trahi", a-t-il dit dans une interview retentissante ?

- Investissements pharaoniques -
Des débuts sans loupés d'organisation seraient une première victoire pour le petit émirat gazier du Golfe, qui a dû affronter de nombreuses critiques depuis qu'à la surprise générale, la Fifa l'a préféré aux Etats-Unis en décembre 2010.

Ce choix a nécessité des investissements hors-normes, évalués par certaines sources autour de 200 milliards d'euros.

C'est d'abord les soupçons de corruption qu'il a fallu affronter, avec des enquêtes judiciaires suisse, américaine et française. Puis vinrent les attaques sur l'impact environnemental de cet événement. Les médias occidentaux ont insisté sur l'absurdité de stades climatisés.

Mais c'est surtout la construction des stades de 40 à 80.000 places (sept construits entièrement, un huitième entièrement rénové) qui pèsera, selon les ONG qui ne croient pas à l'objectif affiché de neutralité carbone.

- "Reconsidérer" les relations -
Dans la dernière ligne droite, les attaques les plus virulentes, venues principalement d'Europe occidentale, ont porté sur les droits humains au Qatar.
"Nos relations avec ces pays doivent être reconsidérées après la Coupe du monde. Ils veulent nous faire échouer après tous les efforts déployés et tout l'argent dépensé", a mis en garde dans une interview à la presse locale l'ancien ministre de l'Energie et de l'Industrie, Abdullah bin Hamad Al Attiyah.
Le sort des travailleurs migrants, rouages essentiels d'un pays où les Qataris ne représentent que 10% des trois millions d'habitants, a été pointé du doigt, certaines ONG avançant le chiffre de milliers de morts sur les chantiers, bilan que Doha dément avec vigueur.

Autorités qataries et Fifa insistent sur les progrès sociaux accomplis en un temps record, avec l'instauration d'un salaire minimum (environ 270 euros mensuels), de sanctions contre les employeurs qui ne le versaient pas, et un démantèlement du système de parrainage qui obligeait tout salarié étranger à obtenir l'autorisation de son employeur pour démissionner.

A plusieurs reprises, Amnesty International et Human Rights Watch ont exhorté la Fifa à verser une compensation financière aux travailleurs qui ont construit les stades.

Le traitement des personnes LGBTQ+ est un autre sujet d'inquiétude dans un pays conservateur où homosexualité et relations sexuelles hors-mariage sont criminalisées, même si les autorités ont assuré qu'elles seraient accueillies sans discrimination. Les capitaines de huit sélections, comme l'Angleterre, la France ou encore Allemagne, ont annoncé qu'ils porteraient un brassard à bandes colorées contre les discriminations.

Pas sûr que l'initiative plaise au président de la Fifa Gianni Infantino, qui a intimé aux 32 sélections de "se concentrer sur le football" et de ne plus "donner de leçons de morale".


LODJ avec AFP




Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Mardi 15 Novembre 2022