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La Chine tente un électrochoc monétaire : Pékin baisse ses taux à des niveaux historiquement bas


le Mardi 20 Mai 2025



La politique monétaire à la rescousse… faute de mieux ? Mais la relance qui reste timide

La Chine tente un électrochoc monétaire : Pékin baisse ses taux à des niveaux historiquement bas
Face à une économie qui piétine, la Banque populaire de Chine (BPC) a abaissé ses taux directeurs, espérant raviver une croissance menacée par une crise immobilière persistante, des pressions déflationnistes et une consommation intérieure en berne.

C’est une nouvelle manœuvre monétaire d’urgence qui en dit long sur l’état d’anxiété économique à Pékin. Ce mardi, la Banque populaire de Chine a annoncé une réduction de plusieurs de ses taux d’intérêt clés, dont celui des prêts à un an (Loan Prime Rate), le faisant passer à 3,35 %, un plancher inédit depuis la mise en place de ce taux de référence en 2019. Le taux à cinq ans, utilisé comme baromètre pour les crédits immobiliers, a également été abaissé, dans l’espoir de relancer un secteur immobilier en quasi-paralysie depuis la débâcle d’Evergrande.

La décision s’inscrit dans un contexte économique inquiétant.

Premièrement, le marché immobilier chinois reste englué dans une crise systémique. Les grands promoteurs, naguère puissants, font aujourd’hui face à des défauts de paiement en chaîne et à une perte de confiance des ménages. Malgré des plans de soutien successifs, les ventes de logements neufs stagnent et les chantiers sont à l’arrêt dans de nombreuses villes secondaires.

Deuxièmement, l’économie chinoise est entrée dans une spirale déflationniste inquiétante. Les prix à la consommation baissent, tout comme les prix à la production. Une situation rare pour la Chine, qui reflète la faiblesse persistante de la demande intérieure. L’inflation annuelle est retombée à 0,2 %, bien en-deçà de l’objectif officiel de 3 %.

Troisièmement, la consommation des ménages reste décevante, malgré la levée des restrictions sanitaires depuis plus d’un an. L’épargne de précaution reste élevée, les jeunes peinent à trouver un emploi stable, et les incertitudes géopolitiques poussent les classes moyennes à la prudence.

Dans ce climat morose, la BPC cherche à stimuler les prêts bancaires, redonner du souffle aux entreprises et encourager les ménages à emprunter. Mais cette politique accommodante a ses limites : les banques restent frileuses, les promoteurs en difficulté peinent à lever des fonds, et les consommateurs, désabusés, ne réagissent que faiblement aux incitations à la consommation.

Les analystes notent également que la baisse des taux pourrait accentuer la pression sur le yuan, déjà affaibli face au dollar. Cela pourrait compliquer les importations et renforcer les tensions commerciales avec les États-Unis et l’Union européenne, à l’heure où la Chine est déjà accusée de favoriser des surcapacités industrielles déversées à l’export.

Pékin semble donc coincé entre une relance monétaire prudente et une politique budgétaire encore hésitante. Contrairement à la réponse massive des années 2008 ou 2020, le gouvernement central évite pour l’instant les grands plans de relance, par crainte d’accroître la dette publique. Le message est clair : les collectivités locales doivent se débrouiller avec moins de ressources.

Et si cette baisse des taux ne servait qu’à gagner du temps ? Sans réforme structurelle du marché immobilier, ni relance audacieuse de la demande intérieure, la Chine risque de prolonger son atonie économique. La politique de petits pas semble rassurante à court terme, mais elle pourrait se révéler insuffisante face à l’ampleur des déséquilibres systémiques. Les marchés attendent désormais des mesures plus vigoureuses – et les citoyens aussi.

 

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Mardi 20 Mai 2025