L'ODJ Média

La Marche verte au féminin !


le Vendredi 11 Décembre 2020



 La Marche verte au féminin !

Des frères siamois

 

Si la marche verte a inéluctablement scellé les marocains à cette constante qui est l’intégrité territoriale, elle fut, de plus, le vivier où opérait une chimie de valeurs non moins nobles. Des valeurs réitérées à raison, reconfirmées dans leurs essences  par Feu Sa majesté Hassan II. Retenons-en une «  Les femmes et les hommes sont des frères siamois devant les droits et les obligations ». Un hadith du prophète qui met fin à toutes les enchères inutiles, familier des élocutions de Feu Sa Majesté,  et qui put jouir de tous les honneurs  lors du discours du 16 Octobre 1975.  Un discours mémorable qui dévoile au grand public une marche hors-du-temps :  La marche verte.

Faisons une petite digression pour appréhender le contexte. Feu Sa Majesté Hassan II et pour couper court aux allégations espagnoles, des allégations à l’affront inébranlable, lesquelles allégations étaient que l’affaire saharienne ne serait en rien marocaine. Feu Sa Majesté Hassan II soumet donc, et pour couper court,  ce problème échevelé à l’avis de la cour internationale de justice. Une cour qui, au bout de six mois, fournit deux réponses concises  à deux questions non moins concises. D’abord, si le Sahara lors de l’invasion espagnole était  une « terra nullius »,  ou « Terre vide ». La réponse fut que « non ». Ensuite,  s’il existait un lien quelconque entre ses habitants et le souverain.  La cour répondit que « oui » et que des liens d’allégeance existaient bel et bien entre les sahraouis et le souverain marocain. On ne peut être plus clair.

 

Un patriotisme exemplaire

 

 

Dans le but de raffermir ce lien sacré, que nos compatriotes puissent fouler un sable qui est le leur,  embrasser ses habitants, et qui sont des leurs,  Feu Sa Majesté Hassan II, légitimé dans sa démarche par la cour précitée met en branle, ce qui n’était jusque-là que le secret bien gardé d’un nombre infime: Le projet d’une marche verte. Une marche pacifiste, mettant en relief, de par le drapeau marocain et le saint coran,  deux socles  inébranlables que sont le Maroc et l’Islam.

 

Le nombre de volontaires limité à 350000 était loin d’être arbitraire. Celui-ci correspondait, à la virgule près, à celui des naissances annuelles. Parmi ses volontaires, le quota alloué aux femmes est digne d’un rappel :  35000 femmes. On ne peut, pour mieux  souligner le rôle de la femme dans l’équation marocaine en général, et dans l’aboutissement de cette marche en particulier,  que de citer Feu Sa Majesté Hassan II quand il dit «  Il est des femmes chez qui  le patriotisme serait plus prononcé que chez certains  hommes ».

 

La patrie est sacrée

 

Une trame restée fidèle à elle-même et qui n’ a laissé de s’acheminer à travers celles qui avaient mis un point d’honneur à devancer les rangs qui leur sont arrêtés par la liste des volontaires. Sans doute ne suffit-il pas de l’écrire, et que retranscrire au mot près les témoignages vivants de nos femmes patriotes vaut le détour. «  Si la liste était délimitée, nous serions toutes et tous pris la route pour notre Sahara marocain » rapporte l’une des marchantes. Et de dire plus loin, rattrapée par un soubresaut de pleurs, témoignage d’une vive émotion: «  On a beau faire des reportages, des films, des interviews, ça n’égale en rien le fait d’y avoir été ».

 

Nous ne pouvons que donner un crédit et mille à cette émotion sincère, car celle-ci, transborde son objet pour déteindre sur nous autres. Une émotion qui loin d’être le propre des femmes, s’éprend de ces hommes qui donnent libre cours à leurs larmes lors du franchissement  des frontières imaginaires. Comme qui dirait un mysticisme qui viendrait contenir nos terres dans l’étroitesse de nos cœurs.  Une expérience humaine, digne d’une étude sociologique, qui pourrait se pencher sur  cette émotion  départagée  à parts égales entre femmes et hommes.  Une émotion patriotique qu’on ne saurait tracer, car transcendante.

 

Un engagement indélébile, juché au rang du sacré et qui a poussé nombre de femmes dans des ferveurs patriotiques indomptables. Et ce serait malhonnête que de ne pas seconder ce qualificatif d’un témoignage vivant :  « Si mon mari avait refusé  que j’aille au Sahara, j’aurai demandé le divorce » se laisse dire une marchante, à présent riante, au souvenir de ces piques du ménage. C’est dire que la sacralité de la patrie est d’un tout autre ordre.

 

Une fibre indissoluble

 

Et ce n’est point un béguin furtif, un lunatisme passager, puisque ces femmes à la fibre patriotique exceptionnelle, ont su faire montre à la fois d’un engagement doué de persévérance  et d’une humeur imbattable à vous alléger l’atmosphère.   Si nous rendons présents ces moments historiques, nous pouvons apercevoir  une femme tenir en haleine, en bonne conteuse, à la forte élocution, un cercle de marchants auprès de leurs tentes.

 

Ou encore,  une femme retournant un pain dans le bricolage d’un four traditionnel.  Ensuite, des femmes et des hommes dansant, chantant dans un moment de détente,  au grand dam des forces espagnoles qui semblaient épris de ce côté vaillant. Ou encore mieux, des femmes marchant dans cette masse homogène, indifférente au gendre, qui avance comme au pas d’un corps  monolithique, criant la gloire de Dieu, et répondant à l’appel de son Roi.

 

Une fibre que les siècles venants ont su perpétuer, comme pour répondre au souhait de Feu Sa Majesté Hassan II par le biais d’une correspondance de cœurs, laquelle Majesté arborait fièrement ce pacte sacré entre Lui et son peuple. Un pacte qui prend la forme d’une allégorie:  « Quand j’ai dit aux marocains marchez…Surtout quand je leur ai dit arrêtez-vous...» dixit  Feu Sa Majesté Hassan II.

 

Hicham Aboumerrouane





Vendredi 11 Décembre 2020