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La Pologne accuse la Russie d’une agression inédite depuis le début de la guerre en Ukraine


Rédigé par le Vendredi 12 Septembre 2025

Pour l’ Otan , l ’intrusion de drones russes en Pologne constitue "un cas d'attaque sans précédent" qui s'inscrit dans une multiplication de provocations du Kremlin



La Pologne accuse la Russie d’une agression inédite depuis le début de la guerre en Ukraine
La Russie cherche-t-elle à intimider encore davantage les Européens ? L'inquiétude grandit en Europe de l'Est, après l'interception en Pologne de drones russes ayant fait irruption sur son territoire dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 septembre.

Au moins 19 drones ont pénétré l'espace aérien polonais, nécessitant le décollage d'avions de chasse du pays, mais aussi l'intervention d'appareils de l'Otan.

"Nous avons eu affaire à une violation de l'espace aérien polonais par un nombre important de drones russes", a déclaré mercredi le Premier ministre polonais, Donald Tusk, qui a dénoncé "une provocation à grande échelle".

Car, pour les Européens, l'intention de la Russie ne fait aucun doute. "Ce n'était pas un fait accidentel", a lancé le ministre des Affaires étrangères polonais, Radoslaw Sikorski, dénonçant "un cas d'attaque sans précédent".

De son côté, la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Kaja Kallas, a condamné "la violation la plus grave de l'espace aérien européen par la Russie depuis le début de la guerre" en Ukraine, estimant que Vladimir Poutine "veut montrer ce qu'il veut vraiment faire : tester jusqu'où il peut aller".

Volodymyr Zelensky a, lui, regretté le « manque d’action » des dirigeants occidentaux après l’intrusion de drones russes dans l’espace aérien polonais

La première réaction de Trump

Donald Trump a noté mercredi 10 septembre au soir la « violation de l’espace aérien polonais » par la Russie dans un message énigmatique.I

« Qu’est-ce qui se passe avec la Russie qui viole l’espace aérien polonais avec des drones ? C’est parti ! » a écrit le président américain, dans sa première et succincte réaction depuis que l’Otan a aidé à intercepter des drones que les Occidentaux jugent délibérément envoyés dans la nuit par la Russie .

À rebours des réactions de ses partenaires européens de l’Otan qui dénoncent avec fermeté cette nouvelle escalade. Donald Trump a noté la « violation de l’espace aérien polonais » par la Russie dans un message énigmatique, au ton presque désinvolte, publié sur son réseau Truth Social,  mercredi 10 septembre.

Contrairement au président américain, les membres de l’Otan ont fustigé cette attaque nocturne, pointant la responsabilité de Moscou.

Le chancelier allemand Friedrich Merz a notamment évoqué une « action agressive » de la Russie, son ministre de la Défense Boris Pistorius parlant d’une nouvelle « provocation des forces armées russes ». Emmanuel Macron a, lui condamné avec « la plus grande fermeté », « l’incursion de drones russes » en Pologne.

Tandis que la Russie a démenti avoir visé la Pologne et a accusé Varsovie de répandre des « mythes » pour intensifier la guerre en Ukraine.

Le président français a aussitôt  décidé de l'envoi de trois chasseurs Rafale et il ne faut pas oublier que la Pologne, reste le  premier pays de "l'OTAN" à fournir des avions de chasse à l'Ukraine !

De ce fait , Varsovie est belligérant de fait de la guerre d'Ukraine  aux côtés  des pays européens qui fournissent des armes à Kiev !

Zelensky regrette un « manque d’action » des Occidentaux !

Le Conseil de l’Atlantique Nord, le principal organe de décision politique de l’Alliance, a décidé de modifier ce mercredi le format de sa réunion hebdomadaire pour la tenir dans le cadre de l’article 4 du traité constitutif de cette organisation, dont Varsovie a demandé l’activation.

Celui-ci stipule que « les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée ».

L’Alliance a été « très efficace » pour contrer cette « dangereuse » intrusion, « intentionnelle ou non », s’est également félicité son secrétaire général Mark Rutte avant d’avertir Moscou que « nous défendrons chaque centimètre du territoire de l’Otan ».

C’est d’ailleurs « la première fois que des avions de l’Otan ont affronté des menaces potentielles dans l’espace aérien allié », a souligné un porte-parole du Shape, le quartier général des forces de cette organisation en Europe.

Mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky est plus mesuré. Il a regretté mercredi le « manque d’action » des dirigeants occidentaux après l’interception dans la nuit par la Pologne de drones russes présumés. Et d’estimer que « la Russie n’a pas reçu de réponse ferme (...), une réponse qui se traduirait par des mesures concrètes ».

Donald Trump refuse de sanctionner plus sévèrement Moscou !

Quant à Donald Trump, il devait s’entretenir mercredi avec le président nationaliste polonais Karol Nawrocki, a fait savoir un haut responsable de la Maison Blanche à l’AFP. Le président américain et son équipe « suivent les nouvelles en provenance de Pologne » a-t-il indiqué, sous couvert d’anonymat.

Les autorités russes affirment que la vingtaine d'engins retrouvés mercredi sur le territoire polonais ne visaient pas ce pays frontalier de l'Ukraine. Une version qui ne convainc pas les Européens.

"Tester la solidarité de l'OTAN " !?

Côté russe, les autorités ont passé la journée de mercredi à démentir ces accusations. Le ministère de la Défense a nié toute volonté "d'attaquer des cibles" sur le sol polonais durant sa vague nocturne de frappes aériennes sur le territoire ukrainien.

L'ambassade russe à Varsovie a de son côté relevé que la Pologne n'avait pas apporté de "preuves" de ses affirmations, accusant le pays de vouloir "aggraver" la situation avec des accusations infondées.

Cette attaque de drones est-elle un simple incident, en marge de la guerre sans fin de la Russie contre l'Ukraine ?

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a lui évoqué un "ciblage délibéré" de Moscou en affirmant qu'au moins huit drones russes avaient été "dirigés vers la Pologne".

Plusieurs experts militaires s'accordent aussi pour dire que l'envoi de ces drones russes en Pologne n'est pas accidentel.

"En regardant les trajectoires de vol, ces drones ont suivi une trajectoire contrôlée, il semble donc que la Russie l'ait fait délibérément", analyse Fabian Hoffmann, spécialiste des missiles à l'université d'Oslo (Norvège), auprès de Politico.

La Russie cherche-t-elle à tester les Européens ? Selon Ian Brzezinski, spécialiste au Scowcroft Center for Strategy and Security(Nouvelle fenêtre) du Atlantic Council, l'incident en Pologne est "un barrage intentionnel visant à provoquer la Pologne et tester la solidarité de l'Otan".

Une multiplication des provocations ces dernières semaines

La Pologne accuse la Russie d’une agression inédite depuis le début de la guerre en Ukraine
Sans confirmer l'intention de Moscou, le secrétaire général de l'Otan, Marke Rutte, a en tout cas affirmé mercredi lors d'un point-presse "que ce qui est clair est que la violation de la nuit dernière [mardi à mercredi] n'est pas un incident isolé".

Parallèlement, la Pologne a fait état mercredi d'une "attaque de désinformation sans précédent" visant "à semer la peur, l'anxiété et la confusion", selon les propos du porte-parole du ministère responsable de la Coordination des services spéciaux, Jacek Dobrzynski, rapportés par Le Monde. Une preuve, selon le journal, "qu'il s'agirait d'une manœuvre coordonnée".

Surtout, cet événement s'inscrit dans la lignée d'une multitude d'incidents liés à la Russie, qui se sont multipliés depuis le sommet en Alaska entre Donald Trump et Vladimir Poutine, fin août. Ce n'est ainsi pas la première fois qu'un drone atterrit en Pologne ou dans d'autres pays européens.

Début août, un engin russe chargé d'explosifs s'est retrouvé en Lituanie, rappelle Le Figaro. Le 28 août, c'est le bâtiment de la mission diplomatique de l'UE à Kiev qui a été touché par une frappe russe. Et trois jours plus tard, l'avion de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été victime d'un "brouillage GPS" en Bulgarie, où les autorités avaient évoqué des "interférences manifestes de la Russie".

Enfin, l'Estonie a dénoncé dimanche 7 septembre l'entrée d'un hélicoptère russe de type MI-8 dans son espace aérien, la "troisième violation de ce type cette année" dans ce pays de l'Otan et de l'UE frontalier de la Russie.

L'envoi de drones en Pologne intervient dans un contexte particulier. La Russie devait débuter vendredi en Biélorussie plusieurs grands exercices militaires conjoints, baptisés Zapad-2025 (Ouest-2025), rassemblant jusqu'à 30 000 hommes près de la frontière avec la Pologne.

Ce qui a poussé Varsovie à fermer jeudi une partie de son espace aérien dans cette zone. Le gouvernement polonais ne perd pas de vue que début 2022, la Russie s'était déjà servie d'exercices militaires pour amasser des troupes sur le territoire de son allié biélorusse, avant de lancer son invasion de l'Ukraine le 24 février.

Le chef d’Etat polonais a été reçu récemment de manière très amicale à la Maison Blanche, où Donald Trump lui a promis que les Etats-Unis continueraient à aider la Pologne à assurer sa propre sécurité.

Le dirigeant républicain a promis plusieurs fois de mettre fin au conflit en Ukraine, mais ses efforts de médiation n’ont rien donné. Il a par ailleurs souvent critiqué l’Otan, en jugeant que certains pays membres ne faisaient pas d’efforts suffisants en termes de budgets militaires.

Donald Trump refuse depuis le début d’attribuer la responsabilité de la guerre en Ukraine à la Russie, et ses menaces de sanctionner plus sévèrement Moscou ne se sont jusqu’ici pas concrétisées.

La stratégie gagnante de la Biélorussie

La stratégie gagnante de la Biélorussie, qui obtient une levée des sanctions américaines en échange de libérations de prisonniers politiques !

A la veille de manœuvres militaires russo-biélorusses « Zapad-2025 », le régime d’Alexandre Loukachenko a libéré 52 prisonniers politiques. La stratégie diplomatique du dirigeant biélorusse, Alexandre Loukachenko, commence à porter ses fruits.

Jeudi 11 septembre, le président lituanien, Gitanas Nauseda, avait annoncé la libération de 52 prisonniers politiques par le régime de Minsk, à la suite des « efforts continus » de l’administration américaine.

Les Etats-Unis ont salué ces libérations et affirmé qu’ils « continueront à travailler » pour obtenir celle des autres prisonniers.

En échange, l’autocrate à la tête de l’ex-république soviétique, proche allié de Vladimir Poutine, a obtenu une partie de ce qu’il réclame depuis longtemps : la levée, par Washington, des sanctions contre la compagnie aérienne nationale biélorusse, Belavia.

Le geste de bonne volonté du régime biélorusse intervient dans un contexte tendu alors que la Pologne a dénoncé, mercredi, une incursion de drones russes, dans la nuit de mardi à mercredi, sur son territoire – dont certains provenaient de Biélorussie –, ce que Varsovie a qualifié d’acte d’agression.

Il survient également à la veille de grandes manœuvres militaires communes russo-biélorusses, « Zapad-2025 », programmées du vendredi 12 au mardi 16 septembre en Biélorussie, et qui ont conduit la Pologne à fermer sa frontière avec le pays.
 
Vu que la réponse de l'OTAN aux drones russes en Pologne n'a été ni appropriée ni convaincante , il n'y a plus d'illusions à se faire concernant des garanties de sécurité qu'il s'agisse de celle de l'Ukraine ou  celle des autres pays européens car l'OTAN attend que le parapluie américain fonctionne alors que Donald Trump  ne semble pas y tenir vraiment !   

ET la réponse de Vladimir Poutine éloigne encore plus la paix !


Avec AFP




Hafid Fassi fihri
Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne,... En savoir plus sur cet auteur
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