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La Pologne menace d'arrêter Poutine s’il survole son territoire pour rencontrer Trump en Hongrie


Rédigé par le Mercredi 22 Octobre 2025

À la veille d’un sommet inédit entre Donald Trump et Vladimir Poutine prévu à Budapest, la tension monte en Europe centrale. Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a averti ce mardi qu’un tribunal polonais pourrait ordonner l’interception de l’avion du président russe s’il devait traverser l’espace aérien du pays pour rejoindre la Hongrie.



La Pologne menace d'arrêter Poutine s’il survole son territoire pour rencontrer Trump en Hongrie

Dans une déclaration à la radio Rodzina, Sikorski a lancé un avertissement sans détour : « Je ne peux pas garantir qu’un tribunal indépendant ne décidera pas d’escorter un tel avion afin de remettre Poutine à La Haye. » Une référence directe au mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre Vladimir Poutine en mars 2023, pour déportation illégale d’enfants ukrainiens. Le ministre a précisé que Moscou était consciente du risque et qu’un itinéraire évitant l’espace aérien polonais serait probablement privilégié.
 

Cet avertissement intervient alors que Donald Trump a confirmé un sommet avec Vladimir Poutine à Budapest, « dans les deux semaines à venir », selon ses propos. L’ancien président américain, revenu au pouvoir en janvier, souhaite relancer une initiative de médiation dans la guerre en Ukraine, en s’appuyant sur la neutralité affichée du Premier ministre hongrois Viktor Orbán.
 

Budapest a d’ailleurs assuré que Poutine ne serait pas inquiété durant sa visite. La Hongrie a voté son retrait de la CPI, mais cette décision ne sera effective qu’en 2026. D’ici là, le mandat contre le président russe reste juridiquement valable.
 

L’itinéraire le plus court entre Moscou et Budapest traverse la Pologne, un membre de l’OTAN et de la CPI. Mais l’équipe du Kremlin pourrait opter pour un plan de vol contourné via la Bulgarie, qui s’est dite prête à ouvrir un couloir aérien sans être tenue d’intervenir. Autres options possibles : survol de la Slovaquie ou passage par la mer Noire, bien que ces routes rallongent significativement le trajet. Pour rappel, Vladimir Poutine a déjà voyagé dans des pays membres de la CPI, notamment la Mongolie et le Tadjikistan, sans être arrêté, provoquant à chaque fois de vives critiques en Europe.
 

L’avertissement de Varsovie ajoute un nouvel épisode aux tensions déjà vives entre la Pologne et la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine. Le gouvernement polonais, fer de lance du soutien militaire à Kiev, se pose en gardien de la légalité internationale et pourrait, à travers cette déclaration, tester les limites du droit diplomatique. Certains observateurs estiment que Sikorski a voulu envoyer un signal politique à la fois à Moscou et à Washington : la Pologne ne laissera pas un chef d’État sous mandat de la CPI traverser impunément son ciel.
 

L’affaire rappelle un épisode similaire survenu en mars dernier : Benjamin Netanyahou, également sous la menace d’un mandat de la CPI, avait évité les espaces aériens français et espagnols pour rejoindre l’Amérique latine. Pour le Kremlin, ce sommet est censé marquer un retour de la diplomatie russe sur la scène mondiale. Mais avant même son envol, le voyage de Vladimir Poutine tourne déjà au casse-tête diplomatique.


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Mamadou Bilaly Coulibaly
Journaliste et étudiant malien en stage, passionné par la géopolitique, l'histoire et le sport.... En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 22 Octobre 2025