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La Sobriété, le maître-mot du moment


Faire des efforts à tous les échelons non plus pour sauver la planète, comme il est l’usage de dire, mais pour vivre voire survivre. Qui l’aurait cru il y a neuf mois à peine ?



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Par Ali Bouallou

Par Ali Bouallou
Par Ali Bouallou
Après une période d’hyperconsommation frénétique de tout et de n’importe quoi, l’homme moderne est sommé de revoir son mode de vie, ses habitudes alimentaires, son confort temporel et spatial, ses moyens et raisons de déplacement, ses envies de voyages pour « se frotter et limer la cervelle contre celle d’autrui » comme le préconisait Montaigne,…Bref ses divers besoins et usages et ce qu’ils nécessitent comme énergie et ce qu’ils impliquent comment empreinte carbone ! 

Et pour cause, la logique de croissance actuelle, nous dit-on, n’est plus soutenable en raison des conséquences de la pandémie Covid-19, de la guerre d’Ukraine, et dans une logique anticipative, des évènements imprévus.

En d’autres termes, les consommateurs modernes devront tempérer le désir, l’emportement et la frénésie, caractéristiques intrinsèques de l’être humain, pour organiser la résistance à la société d’abondance.  

Il est donc question de changer son regard sur certains biens devenus indispensables à la vie en communauté à savoir la voiture, l’électroménager, le téléphone, éventuellement une maison secondaire, et j’en passe, afin de faire des efforts, de manière complètement désintéressée, pour le bien commun. 

En effet, depuis que la vie existe sur terre, tout effort est consacré par le contentement. Aujourd’hui, il est demandé à l’homme moderne de faire des efforts sans rien attendre en retour, d’accepter le fini au lieu de l’infini, et de renouer avec la mère nature pour mettre un terme aux excès de la civilisation. 

Pourtant, cet appel à modérer sa consommation, baptisé depuis peu Sobriété, ne date pas d‘aujourd’hui. 

La mesure était une vertu capitale dans la pensée grecque. « Rien de trop » est une formule inscrite au fronton du temple d’Apollon à Delphes depuis plus de 2300 ans. Elle matérialise le principe organisateur de la société grecque qui garantit l’équilibre des tendances contradictoires de l’humanité.    

Se suffire à soi-même, se contenter de peu sans abondance, privilégier la mesure à l’excès  sont également des modes de vie mis en avant par les religions abrahamiques.

 

Qu’est ce qui a fait donc que l’homme moderne n’a pas prêté attention aux mises en garde profane et sacrée de nos anciens ?

Un seul mot à mon sens résumerait la réponse à ce questionnement, l’avidité ! 

L’avidité pour combler les manques existentiels. L’avidité constante d’avoir tout et d’être tout. 

Sauf qu’à force d’avidité, la frustration est en phase de prendre place et de s’installer pour un temps. Selon Kant, le temps fait que les choses passent, qu'elles arrivent en même temps et, plus profondément encore, qu'elles durent. 

Et c’est peut-être ce phénomène temps qui provoquera la conscience collective salutaire avec tout le poids que cela pèsera, de manière différenciée, sur les individus selon leurs conditions.    

La Sobriété implique le renoncement. L’homme moderne est-il en mesure d’être dans une logique volontaire de restrictions obligatoires pour un surgissement futur ? Seul l’avenir le dira.       
  
Rédigé par Ali Bouallou 


Jeudi 3 Novembre 2022