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La balance des risques privilégie l’inflation au détriment de la croissance


le Lundi 3 Juillet 2023

Après trois hausses successives du taux directeur, soit un cumul de 150 points de base, le Conseil de Bank Al-Maghrib, lors de sa toute dernière réunion trimestrielle au titre de l’exercice 2023 avait opté pour le statu quo. Et pourtant, l’inflation, quoique inscrite en décélération, reste à des niveaux élevés en lien avec le renchérissement des produits alimentaires frais, cette fois.



La balance des risques privilégie l’inflation au détriment de la croissance
En agissant ainsi, la Banque centrale donne l’impression de vouloir accorder du temps au temps.

Comme elle l’affirme d’ailleurs : le temps de « marquer une pause dans le cycle de resserrement de la politique monétaire » pour, semble-t-il mieux « appréhender les délais de transmission de ses décisions monétaires à la sphère réelle ». Avec cette promesse de « tenir compte, lors de ses prochaines réunions, de l’évaluation approfondie et actualisée des effets cumulés de ses hausses de taux et de l’impact des différentes mesures mises en place par le Gouvernement pour soutenir certaines activités économiques et le pouvoir d’achat des ménages ».

Peut-être, s’agit-il bien là d’une manière de faire en bonne intelligence la part des choses ou du moins faire en sorte que les politiques monétaire et budgétaire agissent de concert pour mieux relancer l’économie.

Toujours est-il que, la préférence pour le cash étant ce qu’elle est, le poids de l’informel aussi, la démarche risque d’être biaisée par la problématique de l’inclusion financière dont le taux demeure encore en deçà de ce qu’ambitionne d’atteindre la Stratégie nationale pour la finance inclusive que pilotent conjointement Bank Al Maghrib et le ministère de l’Économie et des Finances.

En attendant, Bank Al-Maghrib fidèle à habitudes établit une balance des risques et signifie, à cet effet, que les risques pesant sur les perspectives demeurent élevés, et peuvent, en cas de leur matérialisation, affecter sa projection centrale, avec une balance orientée à la baisse pour la croissance et à la hausse pour l’inflation.

Et pour causes, l’intensification de la guerre en Ukraine et les tensions géopolitiques sont autant de facteurs qui pourraient déclencher une nouvelle crise énergétique en Europe et maintenir le coût des matières premières à des niveaux élevés. Et ce, parallèlement au fait que des resserrements plus sévères des politiques monétaires dans les pays avancés et un durcissement des conditions financières constitueraient également des risques supplémentaires sur l’économie mondiale.

Au plan national, les risques, tels qu’ainsi énumérés, sont essentiellement liés aux perturbations d’ordre climatique et à l’aggravation du stress hydrique qui menacent les perspectives de la production agricole.

A moyen terme, Bank Al Maghrib estime que les retombées positives des efforts pour dynamiser l’investissement devraient contribuer à l’accélération de la croissance. Et ce, au moment où les risques afférents aux perspectives liées à l’inflation sont maintenus à la hausse.

Surtout que la persistance des pressions inflationnistes liées aux facteurs domestiques, qui se traduit notamment par le renchérissement des produits alimentaires à prix volatils, pourrait entraîner une hausse plus forte que prévu des prix à la consommation.




Lundi 3 Juillet 2023