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La chute de l'Union soviétique


Il y a trente ans, l’Union soviétique s’écroulait et, avec elle, tout un équilibre des puissances. Andreï Gratchev, qui a été le dernier porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev, a annoncé le 25 décembre 1991 à la presse internationale et au monde incrédule la fin de l’Union soviétique.



Par Najib BENSBIA
Par Najib BENSBIA

Il y a trente ans, l’Union soviétique s’écroulait et, avec elle, tout un équilibre des puissances. Andreï Gratchev, qui a été le dernier porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev, a annoncé le 25 décembre 1991 à la presse internationale et au monde incrédule la fin de l’Union soviétique.

Commentant le trentenaire de la disparition de l’URSS, L’OBS (de samedi 25 décembre) rappelle cette boutade d’Andreï Gratchev, qui se plaisait à envoyer à la face des occidentaux cette phrase pleine de sens :

« Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d’ennemi ! ».

Or, avec le recul de ces trois dernières décennies, il se trouve que l’actuel Chef du Kremlin, Vladimir Poutine, rêve toujours de puissance avec beaucoup de nostalgie envers l’ancien empire patrie. C’est en ce sens qu’il mène la vie dure à l’Europe tout en causant beaucoup de nuisance à l’hégémonie américaine en Europe centrale.

Nostalgie de puissance :
 

Trente ans après la disparition de l’URSS en effet, la Russie de Poutine est toujours l’un des principaux protagonistes de la dynamique géopolitique planétaire, articulée autour du même objectif : obliger les Occidentaux à reconnaitre la sphère d’influence russe sur une bonne partie du monde.
Poutine aime à utiliser en cela la bonne vieille recette de la guérilla guévariste – les petites incursions tactiques menant vers les grandes victoires – via l’Ukraine notamment – que la Russie menace cycliquement d’envahir, depuis quelques années maintenant sans vraiment le faire.

L’année 2021 n’a pas dérogé à la règle ; le jeu de puissance russe restant centré sur le même but, le rééquilibrage du jeu de puissances. A cet effet, le Président russe, qui se veut un illustre prolongement de la puissance soviétique, est déterminé à mener une lutte d’usure à l’Europe et, accessoirement, aux USA. Les Européens ont beau stigmatiser l’empoigne avec laquelle celui-ci gouverne son pays, rien ne semble perturber sa ferme volonté à faire fléchir l’arrogance occidentale. Et, jusqu’à présent, il y a réussi.

La publication sur cette période de l’histoire de l’ex Union soviétique d’Andreï Gratchev, porte-parole de l’homme politique (Gorbatchev) par qui la rupture de l’équilibre de la terreur a été rompu, porte un titre évocateur :  "Le jour où l’URSS a disparu" tant cette phase de l’histoire des relations internationales ne fût pas une simple péripétie du monde moderne.

Pour l’anecdote, L’OBS rappelle, dans un article daté du 25 décembre dernier pour l’occasion, l’émoi éprouvé par François Mitterrand alors Président de la France : De fait, au cours de ces journées historiques fiévreuses de décembre 1991,  « la menace » de voir disparaître l’un des piliers de l’équilibre stratégique du XXe siècle sonna l’alarme en Occident. Le même média ajoute que lorsque François Mitterrand appela Mikhaïl Gorbatchev, raconte l’ancien porte-parole du Kremlin Andreï Gratchev, 

« sa voix habituellement retenue et imperturbable était cette fois emplie d’émotion, au point que ce fut Gorbatchev qui le réconforta ».

Dans ce livre-souvenirs et d’analyse, comme le met en exergue la présentation de cet essai par l’éditeur (Editions de l’Observatoire), Gratchev revient sur ce moment unique dans l’Histoire, qui fut à la fois une débâcle et un renouveau en se posant notamment les questions subliminales suivantes :
 Pourquoi la perestroïka de Gorbatchev – la tentative de sauver cet État historique en le modernisant – s’est-elle soldée par un échec cuisant et l’éclatement spectaculaire de l’Empire rouge ? Et Gorbatchev lui-même, ne serait-il pas le grand responsable de cette « catastrophe géopolitique », comme l’a qualifié un jour Vladimir Poutine ?

Par ailleurs, selon un article de CB News daté du 25 décembre 2021, qui revient sur cette journée du 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev a déclaré la veille (le 24 décembre 2021) que Washington était devenu « arrogant et sûr de lui » après l’effondrement de l’Union soviétique (dont il est tout de même le tristement célèbre artisan), ce qui a conduit bien entendu à l’élargissement de l’alliance militaire de l’OTAN.
 

Lutte d’usure style guérilla :
 

Le même média a affirmé que ces dernières années, le président Vladimir Poutine a de plus en plus insisté sur le fait que l’OTAN empiète à proximité des frontières de la Russie, et Moscou a exigé la semaine dernière des « garanties juridiques » que l’alliance dirigée par les États-Unis mettrait un terme à son expansion vers l’est.

Trente ans ont passé : le moment est-il venu d’enterrer définitivement l’Union soviétique ? Et, ce faisant, peut-on regarder les nouvelles configurations géopolitiques qui s’annoncent, sans peur, mais sans naïveté non plus ? Ou est-ce par nostalgie que l’actuel Chef du Kremlin revisite la puissance soviétique selon ses propres procédés et vision ?

Une chose est sûre : rien n’est certain et tout est possible !

En tout état de cause, trois décennies après, jour pour jour, alors qu’à la place de la menace du bloc soviétique s’enracine la turbulence russe, le libéralisme américain est on ne peut plus flottant, voire battant de l’aile, la Chine s’installe doucement mais sûrement en puissance conquérante et la Russie de Poutine se réinvente un rôle sur mesure d’agitatrice permanente face à une Europe vacillante, aux prises avec une extrême droite qui semble attirée de nouveau par le national-fascisme relooké aux couleurs technologiques du 21è siècle.
 

Najib BENSBIA

L'odj avec AnalyZ
 



Jeudi 6 Janvier 2022