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La colombe roucoule et le PJD coule




Par Aziz Boucetta

La colombe roucoule et le PJD coule

102 élus pour le RNI et 13 pour le PJD, tels sont les deux chiffres à retenir de ce scrutin général qui s’est tenu le 8 septembre. On peut souligner aussi le taux de participation plutôt élevé de 50,30%, avec près de 9 millions de personnes qui se sont déplacées aux bureaux de vote, 2 millions de plus qu’en 2016. Une page se tourne, donc, un peu froissée, et une autre s’ouvre, bleue, comme la couleur du RNI, désormais décoincé…
 

Le RNI reprend donc les 102 sièges dont disposait le PAM, qui conserve cependant sa seconde place avec 82 élus, devançant l’Istiqlal avec 81 députés. Quant au PJD, il voit sa lanterne s’éteindre avec une douzaine de « survivants » de la cohorte de 125 qui meublait la Chambre des représentants de 2016 à 2021.
 

Pour le PJD, la meilleure définition est donnée par l’une de ses figures bien connues, Amina Maelainine qui explique qu’il fut, ces quatre dernières années « un grand parti avec une petite direction ». Ladite direction a démissionné collectivement, secrétaire général compris, appelant à un conseil national extraordinaire, lui-même prélude à un congrès tout aussi extraordinaire.

On a dit, lors de cette campagne électorale, tout le mal qu’on pensait du RNI, de son président, de ses méthodes et de son programme. Mais la campagne électorale est aujourd’hui finie, le 8 septembre derrière nous et le RNI devant, loin devant, tant pour les députés que pour les conseillers communaux et régionaux.
 

Mais tous ces gens ont été payés, voyons… l’autorité était derrière le RNI, aussi, et ce sont bien évidemment les notables qui ont permis ce succès du parti de la Colombe. C’est exactement comme cela que la paix sociale, ce privilège du Maroc, se trouve menacée. Pour paraphraser Mme Maelainine, le RNI était un parti moyen qui a su se doter d’une direction ambitieuse.
 

Il faut que toutes les accusations cessent, maintenant, à moins de disposer d’éléments tangibles, de preuves de ce que l’on avance… A défaut, on s’expose à rien moins qu’insulter et mépriser les 3 millions d’électeurs qui ont opté pour le RNI, et c’est d’autant plus malvenu si ces attaques émanent de gens qui n’ont pas voté ! Si on croit en l’Etat de droit, il faut savoir reconnaître les victoires et les défaites, surtout quand les résultats sont certifiés par des ONG d’ici ou d’ailleurs.
 
Le RNI a effectivement démarré sa campagne électorale fin octobre 2016, quand Aziz Akhannouch a remplacé Salaheddine Mezouar à la présidence du parti. S’en sont suivis des actions, des déplacements, de la structuration et encore et toujours des actions. Tout cela peut être critiqué certes, car c’est ainsi que fonctionne une démocratie, mais toutes les critiques devraient être prises en compte par le parti qui prendra la tête du gouvernement car c’est ainsi qu’on installe la paix sociale. 


La stabilité d’un pays ne peut être sans la confiance en ses institutions. Et si manquement il y a de la part d’une de ces institutions ou d’un quelconque responsable, alors la loi est là et la justice aussi. Il est important de leur faire confiance, car le Maroc d’aujourd’hui n’est plus celui que les moins jeunes ont connu. Quoi qu’on dise et qu’on pense, le pays a changé, car sa société a changé, une nouvelle jeunesse est apparue et les exigences sont plus hautes, et tout cela est servi par cet extraordinaire levier de communication et d’influence que sont les réseaux sociaux.
 

Aujourd’hui, les partis ont reconnu leur défaite et tous ont félicité le RNI. Le Maroc n’a pas de temps à perdre pour assurer la transition d’une période à l’autre, tant les attentes sont grandes, les défis nombreux et les pays hostiles dans notre environnement en nombre croissant. Le nouveau chef du gouvernement devra rassembler et non diviser, et il serait grandi d’écouter tout le monde et de montrer de l’humilité suite à sa victoire politique et à sa promotion personnelle.

Par deux fois, le roi Mohammed VI a désigné comme chef du gouvernement le secrétaire général du PJD arrivé premier en 2011 et 2016 et, en 2017, suite au blocage, il a désigné le numéro 2 de ce parti. Il y a de fortes chances qu’il nomme Aziz Akhannouch, lequel aurait ainsi la responsabilité de se pencher sur tout et de se rapprocher de tous, mais dans le cas où ce serait un autre dirigeant du RNI qui aurait l’honneur de conduire le gouvernement, il devra avoir la même préoccupation.

Félicitations donc au RNI, qui aura (pour reprendre une tradition française devenue universelle), 100 jours pour montrer sa bonne direction et sa bonne foi.

Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com



Vendredi 10 Septembre 2021