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La constante Maroc de l’équation libyenne


Rédigé par le Vendredi 25 Juin 2021

La crise libyenne est une équation à plusieurs facteurs, la plupart exogènes. Mais il est une constante, le rôle du Maroc dans sa résolution, qui influe par son absence d’appétit géopolitique.



La constante Maroc de l’équation libyenne
Le 24 juin, Aguila Saleh, président du parlement de Tobrouk (Est de la Libye), a déclaré à Rabat que son pays compte énormément sur le royaume pour soutenir sa marche vers la stabilité et la démocratie.

La veille, le Maroc a brillé par son absence de la conférence Berlin2 sur la Libye, à laquelle il était convié.

Le 27 juin, c’est Abdelhamid Dabaiba, le premier ministre de Libye qui vient à Rabat. Après l’expression des appétits étrangers en Libye, dans la capitale allemande, suit immédiatement celle de la volonté du peuple libyen, dans la capitale marocaine.

Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, lors de sa conférence de presse conjointe avec Aguila Saleh, a souligné, pour sa part, qu’il n’existe pas une solution ‘berlinoise’ à la crise libyenne.

Le Maroc, fidèle à ses valeurs, insiste sur la tenue d’élections en Libye, puisque c’est aux Libyens de choisir leur destin.

Aider n’est pas s’ingérer

En réponse à la question d’un confrère sur la non-participation du Maroc à la conférence de Berlin2, à laquelle il avait pourtant été invité, Nasser Bourita a tenu des propos on ne peut plus claire.

Le Maroc maghrébin est concerné par la question libyenne de manière aussi immuable que l’est la géographie.

Que ce soit avant ou après les conférences internationales de Berlin 1 & 2 sur la Libye, c’est du pareil au même pour le Maroc, qui fera tout pour que la Libye puisse se redresser, au nom de la ‘maghrébinité’ partagée.
  
Le Maroc n’a ni troupes régulières, ni mercenaires déployés en Libye. Il ne soutient aucune des deux parties en conflit.

C’est, d’ailleurs, ce qui permet au royaume de communiquer, sans difficultés, avec l’ensemble des protagonistes.

Comme l’a bien précisé le chef de la diplomatie marocaine, le royaume ne réclame pas sa part du ‘gâteau’ libyen.

Valeurs partagées

Ce que les Marocains soutiennent pour eux-mêmes, la démocratie, ils en souhaitent tout autant pour leurs frères libyens.

Marocains et Libyens défendent, donc, l’organisation d’élections libres au pays des confins Est du Maghreb, dans la perspective de porter au pouvoir des dirigeants politiques puissent s’appuyer sur une solide légitimité démocratique pour entamer le redressement de ce pays noyé dans l’anarchie.

Les Libyens ne sont pas dupes. Ils ont parfaitement saisis que ces ambitions étrangères qui poussent vers un partage du pouvoir entre fractions antagonistes en Libye ne visent qu’à maintenir ce pays divisé et affaibli.

La Libye a non seulement le malheur (ou la chance, cela dépend du contexte), d’être stratégiquement bien située entre le Maghreb et le Machrek, avec une longue façade en Méditerranée orientale, mais aussi d’avoir un sous-sol riche en hydrocarbures et des nappes phréatiques regorgeant d'eaux souterraines.

Les pays occidentaux ont été prompts à soutenir le soulèvement en Libye contre le régime de Kadhafi. Ils ont, toutefois, laissé sombrer ce pays maghrébin dans l’anarchie au point de devenir une proie facile pour les appétits étrangers.

Les loups dans la bergerie

Les Turcs ont vu dans le chaos libyen l’opportunité d’étendre leur influence au Maghreb, dans l’illusion de recréer un empire néo-ottoman tant nourrie par le président Erdogan.

Les Russes, de leurs côtés, cherchent à récupérer la position qu’occupait l’URSS en Afrique partout ou les mercenaires de Wagner peuvent débarquer.

Quand aux Européens, il est intéressant de noter à quel point les pays de l’UE peuvent tirer à hue et à dia concernant la question libyenne, sans se rendre compte qu’ils se tirent une balle dans le pied, tant leurs mésententes sont visibles pour tous.

L’Egypte, comme l’Algérie, sont, à juste titre, inquiets de la sécurité de leurs frontières avec la Libye. Sauf que leur voracité géopolitique et la quête d’alliances pour les appuyer dans ce sens risquent fort de les réduire à de simples instruments aux mains d’intérêts étrangers autrement puissants et machiavéliques.

C’est dans ce contexte que brille, de tout son éclat, la neutralité non-passive du Maroc, qui offre essentiellement aux Libyens son soutien pour qu’ils viennent eux-mêmes à bout de leurs problèmes.

Le Maroc défend le Maghreb des peuples, qui ne se fera pas sous les influences étrangères et les errements géopolitiques de quelques dirigeants maghrébins arrogants et crédules.




Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 25 Juin 2021