L'ODJ Média

La déconnexion entre partis et jeunesse : un risque majeur pour l’avenir du Maroc




Par Marouane bouchikhi

La déconnexion entre partis et jeunesse : un risque majeur pour l’avenir du Maroc
Bien que les élections de 2026 se profilent à l’horizon et que les partis politiques se préparent déjà à la compétition, le contexte s’annonce particulièrement complexe. La raison est claire : près de 95 % des Marocains ont perdu toute confiance envers les formations politiques.
 
La raison est simple : une récente enquête du CMC a révélé que 94,8 % des Marocains n’ont plus confiance dans les formations politiques. C’est un constat implacable, une réalité que personne ne peut réfuter. Les citoyens en ont assez des promesses trahies, des impostures et de ces politiciens qui, une fois arrivés au pouvoir, tournent le dos à leurs électeurs. 
Le jeu politicien, souvent mené avec des moyens d’une bassesse inouïe, finit par susciter le dégoût  et les Marocains en sont pleinement conscients.
 
D’où ce climat généralisé de défiance. Les partis politiques d’aujourd’hui apparaissent comme des coquilles vides, sans idéologie ni principes. Pire encore, certains partis de droite tiennent un discours de gauche, tandis que d’autres, issus de la gauche, adoptent des positions de droite. Résultat : un amalgame qui brouille la scène politique et laisse les jeunes sans repères.
 
En ce qui concerne les maux qui rongent notre jeunesse, cette richesse immatérielle qui façonne le présent et porte l’avenir , d’autant plus le problème du chômage demeure le plus criant. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 36,7 % des jeunes de 15 à 24 ans sont sans emploi, et ce taux grimpe à 61,2 % chez les diplômés du supérieur. Voilà une réalité sociale amère, presque insoutenable.
 
Un vieux proverbe dit : « Un jeune oisif est une nation appauvrie. » Car un pays qui laisse sa jeunesse au chômage dilapide son capital le plus précieux. À quoi sert d’investir dans l’éducation si le marché du travail se trouve incapable d’absorber les jeunes diplomés?
 
Cette situation n’est pas qu’une statistique : c’est un fardeau collectif qui hypothèque l’avenir. Sans solutions plausibles, sans politiques actives de l’État pour créer de l’emploi, soutenir l’entrepreneuriat et encourager l’innovation, nous risquons de transformer l’or de notre jeunesse en poussière.
 
Car, ne l’oublions pas : « Une nation sans jeunesse est condamnée à disparaître ». La jeunesse n’est pas seulement l’avenir du Maroc, elle est son présent. Et si elle est reléguée au chômage, à la marginalisation et à la désillusion, c’est l’ensemble du pays qui en paiera le prix
 
Ce n’est donc pas un hasard si une grande partie de notre jeunesse — 31,9 % de la population, soit 11,8 millions de personnes selon le dernier recensement du Haut-Commissariat au Plan — se détourne de la chose publique.

Les raisons sont multiples :
-des programmes politiques déconnectés des préoccupations réelles des jeunes ;
-l’absence de politiques publiques ambitieuses dans l’éducation, le sport, la culture, l’emploi ou l’associatif ;
-la balkanisation du champ politique, miné par la montée en puissance de leaders médiocres et sans scrupules
-La corruption et le clientélisme : la perception que certains politiciens utilisent la politique pour des intérêts personnels ou financiers.
-Le favoritisme et le népotisme qui ne font que décourager les jeunes se sentant exclus du jeu politique.
- Le manque de renouvellement des élites du coup on a les mêmes visages qui reviennent d’un mandat à l’autre, donnant l’impression d’une classe politique claustrée.
-Peu d’espace est laissé aux jeunes pour accéder à de vraies responsabilité.

La faiblesse de la culture politique :
L’éducation civique reste marginale dans le système scolaire, ce qui risque de produire des générations dépourvues des valeurs universelles de civisme, de citoyenneté et de respect. Cela montre que l’investissement dans le capital humain demeure un choix essentiel et prioritaire pour notre pays. À défaut, nous risquons de voir émerger des jeunes déboussolés, désorientés, sans repères ni valeurs, et happés par la délinquance et la débauche. Ce phénomène est déjà en expansion et, si nous ne l’endigons pas à temps, il sera trop tard : les conséquences pour notre société seraient alors particulièrement lourdes.
Les conséquences de ce fléau social sont de taille.
 
Le désintérêt croissant des jeunes Marocains pour la politique n’est pas un simple caprice générationnel. C’est un séisme silencieux qui fragilise peu à peu les fondations de notre démocratie. Car une jeunesse qui tourne le dos aux urnes, c’est une voix collective qui s’éteint, et comme dit l’adage : « Quand la voix des jeunes se tait, c’est l’écho des anciens qui gouverne. »
 
Cette absence massive se traduit par un affaiblissement de la légitimité des institutions élues. Les responsables politiques, déjà fragilisés par une crise de confiance, se retrouvent portés au pouvoir par une minorité qui ne reflète pas toute la société. Le champ politique, lui, se fige et se referme sur lui-même : ce sont toujours les mêmes visages, les mêmes discours, les mêmes logiques usées qui occupent le devant de la scène. Sans le souffle d’une jeunesse engagée, la politique devient une pièce de théâtre répétée à l’infini, où rien ne change sinon les décors.
 
Mais le désengagement des jeunes ne signifie pas qu’ils n’ont rien à dire. Bien au contraire : ils s’expriment ailleurs, autrement, parfois avec plus de force que dans les urnes. Les réseaux sociaux, les mouvements de boycott, la rue deviennent leurs tribunes. Lorsqu’on déserte la voie institutionnelle, on cherche des canaux parallèles. Cela crée une contestation diffuse, informelle, parfois imprévisible, qui échappe au contrôle des partis traditionnels.

Les conséquences économiques et sociales sont tout aussi graves. Une jeunesse désintéressée de la chose publique, c’est une énergie nationale gâchée. Au lieu de participer à l’élaboration des politiques, beaucoup finissent par rêver d’exil, s’enfermer dans l’informel ou sombrer dans la résignation. « Si les jeunes baissent les bras, le pays perd ses ailes », dit un proverbe africain. Or comment un pays pourrait-il avancer sans ses ailes ?
 
En désertant la politique, les jeunes laissent aussi la place au clientélisme et aux réseaux traditionnels. Plus ils s’écartent, plus prospèrent l’argent, les notables et les alliances de circonstance. Le cercle vicieux est clair : ceux qui pourraient régénérer la vie politique s’en détournent, et ceux qui s’y accrochent la rendent encore plus répulsive.
 
Au fond, ce désamour pour la politique n’est pas seulement un problème électoral : il porte en lui une fracture sociale. Car une jeunesse exclue du jeu démocratique, surtout dans un pays où 36,7 % des 15-24 ans et 61,2 % des diplômés du supérieur sont au chômage, n’est pas une jeunesse tranquille. C’est une génération qui vit avec l’amertume et la colère, et l’histoire nous enseigne que quand les jeunes perdent l’espoir, c’est toute la société qui perd sa paix.

Marouane bouchikhi


Dimanche 21 Septembre 2025