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La face cachée de l’adoption du projet de loi relatif au blanchiment des capitaux


le Jeudi 22 Avril 2021



A lire ou à écouter en podcast :

La face cachée de l’adoption du projet de loi relatif au blanchiment des capitaux
Un accouchement dans la peine…
 
Un sprint-dernière-minute a soulevé ciel et terre sous la coupole du parlement, et  pour cause, ce projet de loi relatif au blanchiment des capitaux qui a trainé  en longueur au motif d’avoir été jeté aux oubliettes des tiroirs de l’hémicycle, ou que les tractations engagées par les sensibilités qui y ont pied ou siège n’avaient débouché sur autre conclusion que celle du tumulte et du désaccord ayant mis à mal cet accouchement d’un « oui » plein et définitif quant à  l’adoption du projet  qui s’affaire à régler son compte à la finance noire.

À noter qu’une fois le dossier sorti de l’ombre, que ses retentissements imprégnèrent les enceintes du parlement du nécessaire d’une urgence, l’opinion public s’est sitôt emparée de cette affaire aux contours argentés, et qui sous-tend qu’un argent « sal » emprunterait des canaux-laveurs-de-tort pour se raccorder, ni vu ni connu, au circuit économique usuel sous l’égide du fameux «  Circulez il n’y a rien à voir ! ». 
 
Quand l’opinion public se saisit de l’affaire…
 
À souligner aussi qu’une bonne frange de la société ne badine en rien avec l’argent, qu’elle ait sitôt fait de river ses yeux sur le cours de cette affaire jugée trouble jusqu’à nourrir des appétits de doutes et  d’accusations portées sur la personne des  parlementaires, qui, disons-le sans nous tromper, ne sont pas en odeur de sainteté chez bon nombre de gens.

La question bourdonnait dans les tréfonds de la base populaire jusqu’à gagner en clarté dans les vis-à-vis citoyens, pour être enfin couchée par écrit sur notre toile bleue en guise de commentaires et de dire bêtement : Pourquoi tant de bâtons dans les roues de cette machine démocratique et parlementaire qui se devrait et sans délai dire « oui » à une évidence, car peut-on prôner le blanchiment d’argent, sans être un malfrat fieffé ? dit-on.
 
Maître « GAFI » fait des miracles…
 
Sans doute devrait-on mettre un tant soit peu de raison dans cette fougue populaire qui se hasarde, peut-être, à tirer des constats hâtifs, car un projet de loi a beau être en tout point louable que sa mise en application nécessite de fait un abord plus nuancé, ne faut-il pas avoir, dit-on, les moyens de ses ambitions pour habiller d’ une forme définitive  ce qu’on érige en « bien » ?

La technicité de la chose est posée, le fameux « pourquoi du comment », et c’est, dit-on dans les hémisphères de la machine parlementaire, le « comment » de l’affaire, plutôt que le « pourquoi » qui aurait retardé l’adoption de la loi, une fois sorti des tiroirs.

Chose que l’on peut oser écarter d’un revers de main à la lumière de ce sprint effréné allant du 18 au 20, le jour du « oui », où les députés remuèrent ciel et terre, aussi dit-on que les nuits blanches étaient au menu, pour solder cette affaire de tout compte avant le jour fatidique du 21.

Date limite où le Maroc fut appelé à se régler sur le tempo du GAFI, s’aligner de la façon la plus orthodoxe qui soit sur l’ensemble de ses 40 recommandations ayant pour visée de mettre de plain-pied les règles et procédures affairant, grosso modo,  au système financier de tout un chacun. 
 



Une adoption de forme ? 
 
C’est dire que cette adoption à la va-vite,  ce sprint vertigineux est intéressé, peut-être bâclé comme le laissent entendre certains députés qui pointent le peu de pragmatisme qui ressort de ce tracé de loi , et delà, la difficulté de sa mise en exercice.

En gros, une adoption de forme décalée d’avec le réel qui, lui, opte pour des mesures tangibles. En gros, que ce fut la croix et la bannière pour mettre sur pied un « oui » où se soient multipliées de ces concessions en veux-tu en voilà pour répondre au bien national.

Cette zone grise où fut cantonné le Maroc et qui pesait comme ciel lourd de menaces sur la coupole parlementaire s’est épris du cœur de chaque entité pour l’enjoindre à céder ce terrain nécessaire  à l’entente avec sa rivale pour enfin accoucher d’un « oui » et de vitesse.

Dans ces précipitations infernales, une « zone noire » plutôt que « grise » traversait de temps à autre cet espace-temps rétréci par cette course vers le devoir national. Certains, dans leur euphémisme situationnel disent espérer une couleur meilleure, tandis que d’autres avancent que cette adoption paraphée, ces mesures mises au point  restent en deca du requis en la matière « gafiste »…
 
À quand une maturité citoyenne 
 
A-t-on évincé, le mot est un peu hâtif, du moins sur papier, la formule du  blanchiment des capitaux rien que pour nous arborer d’une couleur meilleure à même de lever cette barrière éventuelle aux investissements étrangers, aux mannes financières portées au secours de nos dérèglements économiques, plutôt qu’habités par la conviction que le blanchiment des capitaux met à mal notre pays ?   

Tout porte à croire que la chose est telle…rappelons que l’argent sale compte pour 5 à 7 % de notre PIB.     C’est à se demander, à part soi, si cette manie que ça vienne du « dehors » pour forcer la main nationale à œuvrer dans le sens du bien ne devrait pas sauter et sans délai pour laisser place à une souveraineté bienveillante, qui a droit de regard sur  ses affaires internes. 
 
Hicham Aboumerrouane




Jeudi 22 Avril 2021