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La gastronomie, « soft power » du Maroc

Marrakech capitale de la gastronomie mondiale, sous l’égide de l’Association des disciples d’Escoffier


Rédigé par le Mercredi 30 Novembre 2022

Du 1ier au 3 décembre à Marrakech, une quarantaine de disciples d’Auguste Escoffier se réunissent à Marrakech pour célébrer la gastronomie marocaine, comme en continuum à la réunion de l’UNESCO sur le patrimoine immatériel qui se tient à Rabat. L’association des disciples Escoffier, la plus grande association gastronomique du monde, crée en 1954 à Villeneuve Louber, la ville natale du célèbre chef, décédé en 1935, compte aujourd’hui quelques 40 000 disciples dans une quarantaine de pays.



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Par Par Farida Moha

La gastronomie, « soft power » du Maroc
La gastronomie qui réunit à la fois le plaisir des sens et la convivialité, donne en effet, du sens à une pratique universelle, celle de la cuisine. Au cours de ce rendez-vous , une trentaine de nouveaux disciples Escoffier marocain ,cuisiniers, pâtissiers ,producteurs seront nommés, assurant ainsi et selon le mot de Lahcen Hafid ,Président de l’Association  et responsable des cuisines du Ritz de Paris « la transmission d’un art et d’un patrimoine gastronomique qui fait rayonner le Maroc à l’international  par son gout, sa finesse et ses influences et diverses subtiles  amazigh arabes africaines juives » ..C’est en 2020 que le Maroc  sous l’impulsion de Lahcen Hafid, natif d’Agadir, a rejoint l’association internationale  avec la volonté « d’ancrer la gastronomie marocaine dans le panthéon de la gastronomie mondiale ».

Traditions et savoir-faire multiples
 
Ce rendez-vous «3ieme chapitre des rencontres des disciples escoffier Maroc » est parrainé par le chef Guillaume Gomez ambassadeur de la gastronomie française dans le monde et par Philippe Faure ancien ambassadeur de France au Maroc et fondateur du guide gastronomique mondial « La Liste »et par Léa Benchetrit israélienne d’origine marocaine. Au-delà de l’aspect festif, cette rencontre est une illustration de l’esprit de l’UNESCO où a été signé en 2003 la convention régie par cette organisation internationale et ratifiée par 132 pays qui a pour objectif de protéger le patrimoine immatériel humain   en distinguant les traditions, savoirs faires et les cultures populaires à travers le monde. Des richesses culturelles et civilisationnelles qui se transmettent de générations en générations et qui procurent à chaque pays un sentiment de continuité et d’identité particulière.
 
Dans ce patrimoine immatériel, on pourrait intégrer la cuisine, qui, selon les anthropologues de renom constitue une forme d’activité universelle et un véritable langage qui traduit la structure des sociétés. A côté de ses aspects techniques, association de substances et de procédés notamment de cuisson pour préparer le plat et donner du gout, la cuisine est en effet un don, une manière de créer un lien vertueux et du sens.

Faire à manger, c’est en effet, penser en tout premier lieu au bienêtre et au plaisir de l’invité, une tradition de l’hospitalité marocaine.C’est donner ce que nous avons de meilleur en partageant ce que l’on sait faire de mieux et la meilleure manière de souhaiter la bienvenue aux invités, aux touristes ..En traduisant ce sentiment à une large échelle, on rappellera que la gastronomie est un facteur d’attractivité touristique et toute inscription au patrimoine de l’UNESCO d’une gastronomie ou d’un plat est un levier qui donne une visibilité internationale au pays ou au produit.

L’importance de la gastronomie en diplomatie est reconnue dans le monde entier. C’est un élément clefs du soft power comme l’affirmait le ministre Talleyrand pour qui « le meilleur auxiliaire d’un diplomate c’est son cuisinier ». Ce cuisinier à qui, Auguste Escoffier a rendu hommage dans ses ouvrages, références pour des générations de gastronomes. Escoffier,  « le roi des cuisiniers » et « le cuisinier des rois »  figure légendaire des fourneaux et qui a fait du métier de cuisinier selon le mot de son préfacier Christian constant « l’un des plus magnifiques au monde »

La gastronomie, un élément clef de la diplomatie
 
La diplomatie culinaire permet elle et selon l’adage britannique de gagner les cœurs et les esprits en passant par l’estomac, une manière « soft »de célébrer la paix et d’abaisser les tensions. Au Maroc, plusieurs éditions du festival de Fès, de Marrakech, d’Agadir de diplomatie culinaire ont décliné tout un art de vivre, de paix et d’ouverture, le dernier en date sous le thème « arts culinaires Santé et sagesse du monde : gastronomie et culture du terroir du Maroc et d’ailleurs ».

Dans la géopolitique du gout, la gastronomie marocaine comme la gastronomie française qui a été inscrite en 2010 au patrimoine immatériel est en bonne position, grâce à sa diversité au mélange de cuisine amazighe et arabe, espagnol et juif et à la qualité des produits locaux et aux savants mélanges des épices. Ce rendez-vous international de Marrakech, sera rehaussé par une autre fête du gout et du savoir, celui de la mode, par des défilés de mode orientale et de caftan. Une autre manière de célébrer des savoir-faire millénaires et de rendre hommage à ces milliers de petites mains des dentelières, brodeuses et couturières qui contribuent, dans l’ombre, à faire rayonner le Maroc.
 




Mercredi 30 Novembre 2022