Par Marouane Bouchikhi
Au Maroc, le constat est amer : nos villes et nos communes s’enfoncent dans une crise chronique, marquée par la marginalisation, le manque d’infrastructures de base et l’absence d’une vision de développement cohérente. La question qui se pose alors est simple mais douloureuse : comment espérer un avenir meilleur quand ceux censés porter nos aspirations collectives – nos élus – se révèlent souvent incompétents, corrompus et déconnectés des réalités citoyennes ?
Il suffit de regarder autour de nous. Routes dégradées, quartiers entiers privés d’assainissement, espaces publics laissés à l’abandon, services de proximité inexistants… Cette situation ne relève pas d’un manque de moyens mais bien d’une faillite de gouvernance. Dans nombre de cas, nos élus ne possèdent ni la formation, ni l’expérience, ni même parfois le niveau d’instruction minimum pour gérer la chose publique. Comment prétendre planifier une ville, définir une stratégie urbaine ou attirer des investissements quand on peine à comprendre les bases de l’administration locale ?
Prenons l’exemple d’Oujda, capitale de l’Oriental, qui malgré son potentiel et son emplacement stratégique souffre toujours d’un retard flagrant en matière d’infrastructures et d’attractivité économique. Salé, voisine de Rabat, illustre encore plus clairement l’échec : deuxième ville la plus peuplée du pays, elle reste prisonnière de ses problèmes chroniques de mobilité, d’insalubrité et d’absence de projets structurants. Quant à Kénitra, en plein essor industriel grâce aux investissements étrangers, elle demeure incapable d’accompagner cette dynamique par une urbanisation cohérente : embouteillages monstres, espaces publics délaissés et services de base déficients traduisent une gouvernance locale dépassée par les enjeux.
Ce phénomène, fruit de l’incompétence, est couramment désigné dans le langage managérial par le terme kakistocratie, qui signifie littéralement « le pouvoir des pires », autrement dit la gouvernance des incompétents et des médiocres. Dans certaines organisations, qu’elles soient publiques ou privées, la règle implicite semble être la promotion de ceux qui manquent de compétences, au détriment du mérite et du savoir-faire.
Ce type de gestion, dominé par les moins qualifiés, illustre parfaitement la kakistocratie, issue du grec kakistos (le pire) et kratos (le pouvoir). On parle également d’idiocratie pour qualifier une société qui tend à valoriser et à récompenser les individus non pas pour leur intelligence, mais plutôt pour leur manque de discernement
À cette incompétence s’ajoute un autre fléau : la corruption. Les promesses électorales se transforment trop souvent en simples slogans destinés à séduire l’électorat, avant que la réalité ne reprenne ses droits : clientélisme, favoritisme, détournement de fonds, et projets mal ficelés qui ne répondent pas aux besoins réels des citoyens. Le mandat devient alors une opportunité d’enrichissement personnel, au détriment de l’intérêt général.
Les conséquences sont visibles et dramatiques : des villes qui auraient pu rayonner deviennent des espaces étouffés, incapables d’offrir une qualité de vie digne de ce nom à leurs habitants. Pendant ce temps, la jeunesse se décourage, le tissu économique s’asphyxie, et les inégalités se creusent davantage.
Face à cette situation, une question fondamentale s’impose : faut-il continuer à confier la gestion de nos villes à des élus improvisés, dénués de compétence et rongés par la logique de rente ? Ou bien le Maroc doit-il enfin engager une réforme profonde du système électoral et des critères d’éligibilité, afin de garantir que ceux qui briguent un mandat soient véritablement capables de porter un projet crédible et visionnaire ?
Il est urgent de rompre avec cette spirale de médiocrité. Nos villes méritent mieux que l’indifférence et la négligence. Elles méritent des élus formés, intègres et porteurs d’une véritable ambition. Car tant que la politique locale restera l’apanage de l’ignorance et de la corruption, nos territoires resteront prisonniers d’un immobilisme destructeur.
Par Marouane Bouchikhi
Il suffit de regarder autour de nous. Routes dégradées, quartiers entiers privés d’assainissement, espaces publics laissés à l’abandon, services de proximité inexistants… Cette situation ne relève pas d’un manque de moyens mais bien d’une faillite de gouvernance. Dans nombre de cas, nos élus ne possèdent ni la formation, ni l’expérience, ni même parfois le niveau d’instruction minimum pour gérer la chose publique. Comment prétendre planifier une ville, définir une stratégie urbaine ou attirer des investissements quand on peine à comprendre les bases de l’administration locale ?
Prenons l’exemple d’Oujda, capitale de l’Oriental, qui malgré son potentiel et son emplacement stratégique souffre toujours d’un retard flagrant en matière d’infrastructures et d’attractivité économique. Salé, voisine de Rabat, illustre encore plus clairement l’échec : deuxième ville la plus peuplée du pays, elle reste prisonnière de ses problèmes chroniques de mobilité, d’insalubrité et d’absence de projets structurants. Quant à Kénitra, en plein essor industriel grâce aux investissements étrangers, elle demeure incapable d’accompagner cette dynamique par une urbanisation cohérente : embouteillages monstres, espaces publics délaissés et services de base déficients traduisent une gouvernance locale dépassée par les enjeux.
Ce phénomène, fruit de l’incompétence, est couramment désigné dans le langage managérial par le terme kakistocratie, qui signifie littéralement « le pouvoir des pires », autrement dit la gouvernance des incompétents et des médiocres. Dans certaines organisations, qu’elles soient publiques ou privées, la règle implicite semble être la promotion de ceux qui manquent de compétences, au détriment du mérite et du savoir-faire.
Ce type de gestion, dominé par les moins qualifiés, illustre parfaitement la kakistocratie, issue du grec kakistos (le pire) et kratos (le pouvoir). On parle également d’idiocratie pour qualifier une société qui tend à valoriser et à récompenser les individus non pas pour leur intelligence, mais plutôt pour leur manque de discernement
À cette incompétence s’ajoute un autre fléau : la corruption. Les promesses électorales se transforment trop souvent en simples slogans destinés à séduire l’électorat, avant que la réalité ne reprenne ses droits : clientélisme, favoritisme, détournement de fonds, et projets mal ficelés qui ne répondent pas aux besoins réels des citoyens. Le mandat devient alors une opportunité d’enrichissement personnel, au détriment de l’intérêt général.
Les conséquences sont visibles et dramatiques : des villes qui auraient pu rayonner deviennent des espaces étouffés, incapables d’offrir une qualité de vie digne de ce nom à leurs habitants. Pendant ce temps, la jeunesse se décourage, le tissu économique s’asphyxie, et les inégalités se creusent davantage.
Face à cette situation, une question fondamentale s’impose : faut-il continuer à confier la gestion de nos villes à des élus improvisés, dénués de compétence et rongés par la logique de rente ? Ou bien le Maroc doit-il enfin engager une réforme profonde du système électoral et des critères d’éligibilité, afin de garantir que ceux qui briguent un mandat soient véritablement capables de porter un projet crédible et visionnaire ?
Il est urgent de rompre avec cette spirale de médiocrité. Nos villes méritent mieux que l’indifférence et la négligence. Elles méritent des élus formés, intègres et porteurs d’une véritable ambition. Car tant que la politique locale restera l’apanage de l’ignorance et de la corruption, nos territoires resteront prisonniers d’un immobilisme destructeur.
Par Marouane Bouchikhi