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La moitié des femmes de Tanger-Tétouan-Al Hoceima ont subi des violences domestiques


le Lundi 8 Novembre 2021

Une étude menée par la Direction régionale du Haut-Commissariat au Plan HCP a révélé qu'environ la moitié des femmes de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima ont subi une forme de violence de la part de leur partenaire.



La moitié des femmes de Tanger-Tétouan-Al Hoceima ont subi des violences domestiques
Le rapport sur « les violences faites aux filles et aux femmes dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima » qui s'est déroulé entre février et juillet 2019 et a été publié récemment. Il en résulte que 602 000 femmes, entre 15 et 74 ans, avaient été soumises, au cours de la 12 mois précédant la recherche, à une forme de violence de la part du conjoint (mari, fiancé, ex-fiancé, partenaire affectif, ex-conjoint..).
 
L’enquête a constaté que ce pourcentage équivaut à 49% (52,5 dans les zones urbaines contre 42,8 dans les zones rurales), tandis que le pourcentage atteint 46,1% au niveau national. Dans ce contexte, les violences psychologiques restent les plus courantes dans la région, touchant 575 000 cas chez les femmes entre 15 et 74 ans (46,7 %), le second pourcentage le plus élevé au niveau national après la région de Casablanca-Settat (58,6 %).
 
Viennent ensuite les violences économiques avec 136 000 cas, soit 11 % (classé troisième au niveau national), puis les violences physiques avec 118 000 cas (9,6 % / troisième au niveau national), et les violences sexuelles avec 50 000 cas (4,1 % / sixième au niveau national).
 
La Direction Régionale du HCP a précisé que les chiffres contenus dans ce rapport s'inscrivaient dans les données de la « Seconde Recherche nationale sur les violences faites aux femmes et aux hommes au Maroc », réalisée en 2019, et visant à lutter contre le phénomène de violence basée sur le genre dans sa globalité, c'est-à-dire ses déterminants, sa propagation, ses formes, ses contextes, ses répercussions, les attitudes à son égard et les perceptions qui s'établissent autour d'elle.
 
L’enquête a concerné des personnes âgées entre 15 et 74 ans, respectant la représentation géographique, sociale et économique de l'échantillon cible, qui s'est constitué au niveau de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima de 1140 filles et femmes et 285 garçons et hommes, ce qui équivaut à 9,5 % de l'échantillon sélectionné au niveau national.
 
En dehors des relations affectives, 400 000 filles et femmes (29 %) ont déclaré avoir subi des violences, y compris domestiques (membres de la famille en dehors du conjoint), qui ont touché 246 000 cas (17,8 %), et des violences dans les lieux publics avec 192 000 cas (13,9 %) suivi de la violence au travail avec 39 000 cas, et de la violence dans les établissements d'enseignement et de formation (14 000 cas).
 
En milieu familial, 190 000 filles et femmes ont subi des violences psychologiques, ce qui équivaut à 13,8% (répartis en 6,6% de violences psycho-émotionnelles et 10,9% de comportements dominateurs) et 81 000 cas (5,9%) de violences économiques, 22 000 cas (1,6%) de violences physiques, puis 3000 cas (0,2%) de violences sexuelles.
 
Le rapport a montré que le nombre de femmes âgées de 15 à 74 ans qui ont subi une ou plusieurs formes de violence physique et/ou sexuelle par un ou plusieurs adultes au cours de leur enfance (avant l'âge de 15 ans) a atteint 329 000 cas (23,8% ), tandis que 252 000 femmes ont subi des violences physiques pendant l'enfance (18,3 %) et 126 000 femmes ont subi des violences sexuelles (9,1 %).
 
Quant à la perception de l'évolution de la violence chez les filles et les femmes au cours des cinq dernières années, il a été constaté que 62,8% des femmes interrogées dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima considèrent que la violence à l'égard des femmes a augmenté, et que 20,2% considèrent qu'elle a diminué, tandis que 23% voient que la violence contre les hommes a augmenté et 19,7% considèrent qu'elle a diminué, tandis que 42,4% n'ont pas exprimé de position sur cette question ou ont refusé de répondre.
 
Concernant la violence contre les enfants, 64,7% des femmes interrogées ont indiqué qu'elles pensent que ce type de violence a augmenté, tandis que 16,2% d'entre elles pensent qu'il a diminué. En ce qui concerne les violences faites aux personnes âgées, 46,3 % des femmes considèrent qu'elles ont augmenté, contre 16,7 % qui pensent qu'elles ont diminué.
 
Le rapport a en outre souligné que la violence entre individus se manifeste par des « comportements de domination ou d'assujettissement » dans lesquels la force physique, psychologique, verbale, économique ou autre est utilisée. Ces comportements peuvent se produire consciemment ou inconsciemment, et peuvent concerner aussi bien les femmes que les hommes.
 
Après la « première enquête nationale sur la prévalence des violences faites aux femmes au Maroc », qui a été menée en 2009 et qui visait à enrichir la base de données sur le genre et à répondre au besoin de données spécifiques, le HCP a mené une deuxième en 2019.
 
Sans s’aventurer à faire des conclusions hâtives, force est de constater que ce phénomène social gagne du terrain. Des efforts certains devraient être fait pour contrecarrer cette tendance. Le plus urgent est de construire une stratégie transversale de sensibilisation à la culture de paix, si longtemps défendue par l’UNESCO, aussi bien sur le plan éducatif que  médiatique, et ce dans le but de construire une société saine, civilisée et libre, dans le respect de l’intégrité de la personne humaine sans discrimination, aucune.




Lundi 8 Novembre 2021