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La recette du CRI Casablanca-Settat pour un foncier industriel sur mesure dans la région


le Vendredi 25 Février 2022

« Les processus de planification et d’aménagement du territoire devront prendre en considération et anticiper en amont les besoins des acteurs économiques et des autorités publiques. Dans cette perspective, la réflexion stratégique initiée par le Centre Régional d’Investissement Casablanca-Settat, dans un cadre participatif, est de nature à permettre de construire une vision partagée en vue de faciliter l’accès au foncier industriel. » indique M. Said AHMIDOUCH, wali de la région Casablanca-Settat.



Par Samah Najmi

zone industrielle - Casablanca
zone industrielle - Casablanca
Casablanca, le berceau du développement industriel du Maroc, maintient toujours sa position de plus grand pôle industriel national avec environ 3000 unités en 2018, soit près de 40% des unités industrielles du pays et 44% du PIB industriel national en 2019. La préfecture de Casablanca concentre à elle-seule 53% du PIB de la région en 2017 tandis que la préfecture de Mohammedia et les provinces de Berrechid, El Jadida et Settat représentent 29% du PIB de la région, relève le centre régional d’investissement (CRI) de Casablanca -Settat dans son dernier livre blanc consacré à la problématique du foncier industriel dans la région.  

Ce pôle industriel fait face à une pression foncière considérable qui obstacle son développement et sa compétitivité, et ce dû  à plusieurs facteurs : la rareté et la cherté, la difficulté dans la maîtrise de l’offre actuelle, l’inadaptation de l’offre actuelle avec les besoins spécifiques des industriels, le manque de visibilité sur la demande, la relation entre la planification urbaine et les vocations des différentes provinces  de ce territoire ainsi que d'autres paramètres qui interviennent dans la planification des zones industrielles (économiques, juridiques, procédurales, etc).

Lors de ces dernières années, le stock de terrains s’est considérablement réduit : seul 250 hectares disponibles, tandis que le besoin en zones d’activités économiques identifié dans le PDR (plan de développement régional) est de 1851 ha en 2021 et 676 ha additionnel à l’horizon 2030.

Quant aux prix de cession de terrains, ceux-ci ont également connu une forte croissance au cours des 15 dernières années, dans un premier temps au niveau des zones Nord de Casablanca, ce qui a eu un impact sur la hausse des prix des zones Sud à partir de 2015 avec une augmentation entre 40 et 80% par rapport aux prix pratiqués entre 2009 et 2015. Cette spéculation foncière a donc engendré une pression importante sur le marché régional en l’influençant à la hausse et le transformant en un marché concurrentiel, qui pourrait éventuellement pousser au découragement de l’acte d’investir dans certains territoires et endiguer à l’avenir le potentiel industriel de la région de Casablanca-Settat.

Les auteurs du livre blanc insistent sur la mise en avant du décalage entre l’offre et la demande au vu des divers besoins de différentes typologies d’entreprises, en particulier en termes de superficies et de dispositions des lots, sachant que l’offre aujourd’hui, qui se compose de zones et parcs industriels généralement réalisés sous forme de lotissements avec des superficies de lots standards, ne répond qu’aux attentes des entreprises de taille intermédiaire.  

Afin de remédier à ce déséquilibre, le CRI de Casablanca a formulé dix principales recommandations ainsi qu’une feuille de route pour un foncier industriel plus attractif : 
 
Les dix recommandations :
 
  1. La création d’une structure de développement du foncier industriel régional pour la gestion du patrimoine existant et futur dans le but de mieux maîtriser les processus d’assainissement et de mobilisation. 
     
  2. Le développement des mécanismes innovants en termes de planification urbaine pour l’encouragement des investissements industriels.
     
  3. L'intégration des opérateurs privés et les organismes de promotion de l’investissement dans les processus d’élaboration des documents d’urbanisme.
     
  4. La constitution d’un comité régional pour le pilotage et le suivi du foncier industriel.
     
  5. La mise en place d’un dispositif régional efficace pour le partage et la mise à jour des données économiques, industrielles et foncières. 
     
  6. Disposer d’une connaissance fine et permanente des besoins des industriels. 
     
  7. Approfondir la connaissance de l’offre foncière publique et privée disponible sur le territoire et sa diffusion auprès des entreprises.
     
  8. Développer un nouveau modèle de gouvernance efficient des zones et parcs industriels.
     
  9. Développer un mécanisme d’appui à l’émergence d’acteurs structurés et professionnels de la gestion du foncier industriel.
     
  10. Préciser les vocations industrielles de chaque territoire de la région Casablanca-Settat.

La feuille de route représentant un plan d’action en 10 étapes étalée sur un timeline de 3 phases :  
 
  • Améliorer la prise de décision (<12 mois) :
  1.  Développer un baromètre de la demande
  2.  Intégrer systématiquement les besoins des opérateurs lors de l’élaboration des documents d’urbanisme.
  3.  Créer un comité Public–Privé consultatif sur le foncier industriel de la Région.
 
  • Améliorer la performance du foncier industriel (12-24 mois) :  
       4.  Créer des pépinières pour TPME dans la région de Casablanca-Settat.
       5.  Innover dans la conception des documents d’urbanisme en faveur de l’investissement industriel.
       6.  Optimiser l’existant en intensifiant l’action sur les terrains non valorisés.
 
  • Un changement de paradigme (étapes 7 à 10).
       7. Réaliser un travail prospectif sur les besoins à long terme en foncier industriel de la région.
       8. Développer des outils innovants pour mobiliser de nouvelles réserves foncières pour l’industrie.
       9.  Instaurer la « Décision Administrative d’Adaptation Urbanistique (DAAU) ».
     10.  Changer le statut du foncier industriel.

Article en partenariat avec Welearn




Vendredi 25 Février 2022