Ce lundi 6 octobre, la station balnéaire de Charm el-Cheikh devient le centre des regards. Délégations israéliennes et responsables du Hamas, dans des salles séparées, ouvrent des pourparlers indirects sous médiation égyptienne, qatarie et américaine. L’objectif est clair : un cessez-le-feu rapide, la libération d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens, et un retrait militaire graduel à Gaza.
La délégation du Hamas a été la première à poser le pied en Égypte, menée par Khalil Al-Hayya. Elle se dit prête à un échange “immédiat”, avec une première liste d’otages supposés vivants et la remise des dépouilles des captifs morts en captivité. Côté israélien, l’équipe conduite par un ministre clé, épaulée par des responsables du renseignement, doit finaliser le format des discussions. Méthode retenue : “navette diplomatique” — chaque camp dans sa salle, les médiateurs circulent entre les deux. Des émissaires américains sont attendus mardi pour verrouiller le volet sécurité et l’échéancier opérationnel.
Le canevas posé par Washington fin septembre sert de socle : cessez-le-feu, libération des otages dans une fenêtre resserrée (72 heures visées), retrait progressif des troupes israéliennes vers une ligne de repositionnement, puis séquence “jour d’après” (sécurité, désarmement, gouvernance). En miroir, il est question d’un échange massif : des prisonniers palestiniens condamnés à de lourdes peines, dont des perpétuités et des détenus arrêtés après le 7 octobre 2023. La mécanique est technique : listes nominatives, critères de sélection, garanties de non-retour à la violence, corridors humanitaires, et calendrier de mise en œuvre. C’est là que tout se joue.
Politiquement, l’équation est fragile. À Jérusalem, le pouvoir marche sur un fil entre l’impératif de ramener “tout le monde à la maison” et la pression de partenaires de coalition hostiles à toute concession. À Gaza, la population n’a qu’un mot à la bouche : “daba”. Trêve maintenant, pour pouvoir se soigner, se ravitailler, retrouver les proches. Trop d’attente tue l’espoir.
Trois nœuds décisifs vont dire si l’accord décolle vraiment. D’abord, la fenêtre des 72 heures : calendrier réel de la libération des otages et transfert des dépouilles. Ensuite, la ligne de retrait : où s’arrête l’armée israélienne, quelles zones tampon, et quelles garanties de sécurité. Enfin, les listes de prisonniers : noms, critères et séquencement des libérations, sujet hautement inflammable des deux côtés. Si ces trois verrous sautent, une phase 2 s’ouvre (gouvernance et sécurité). Sinon, retour au bras de fer.
