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Le Maroc maintient le cap : croissance stable à 4,6 % au T2 2025


Rédigé par le Vendredi 11 Juillet 2025

Services, construction, agriculture, extractif… Malgré une demande extérieure toujours atone, l’économie marocaine confirme sa dynamique de relance, avec une inflation sous contrôle.



Le Maroc maintient le cap : croissance stable à 4,6 % au T2 2025
Le deuxième trimestre de l’année 2025 confirme que l’économie marocaine ne se contente pas d’un simple rebond : elle s’inscrit désormais dans une phase de stabilisation active de sa croissance. Avec un taux de progression du produit intérieur brut estimé à quatre virgule six pour cent, soit un niveau quasi identique à celui enregistré au premier trimestre, le pays consolide les acquis d’une relance portée par ses fondamentaux internes.

Ce résultat, qui aurait pu être entamé par un contexte international défavorable, est à attribuer à plusieurs piliers : la performance continue du secteur des services, une reprise solide du secteur extractif, le dynamisme des chantiers de construction, et une agriculture en relatif redressement malgré des conditions climatiques hétérogènes.

Services et extractif en tête de file
Depuis 2022, le secteur des services évolue à un rythme supérieur à celui observé sur la décennie 2010-2019. Cette transformation n’est pas seulement quantitative : elle s’explique aussi par une montée en gamme qualitative, notamment dans les services financiers, les télécoms, le tourisme et les services aux entreprises.

Parallèlement, le secteur extractif, qui avait montré des signes d’essoufflement en 2023, profite d’une conjoncture internationale favorable. La demande mondiale en phosphate brut, soutenue par la pression continue sur les cours des fertilisants, a relancé les exportations marocaines. Ce retour en grâce des phosphates, ressource stratégique du Royaume, apporte un soutien précieux à la balance commerciale, même si cela reste insuffisant pour compenser le recul global des exportations.

La construction, quant à elle, enregistre une hausse de six virgule huit pour cent, reflet de l’activation de nombreux chantiers d’infrastructures à travers le pays. Routes, ponts, équipements sportifs, barrages… autant de projets qui irriguent l’économie et dynamisent l’emploi local.

Une agriculture en demi-teinte mais positive
Si l’agriculture ne fait pas de miracle, elle s’inscrit néanmoins dans la relance. Avec une croissance de quatre virgule sept pour cent au deuxième trimestre, elle contribue pour zéro virgule cinq point à la croissance globale du produit intérieur brut. Ce résultat cache une réalité contrastée.

D’un côté, les productions végétales ont connu des évolutions irrégulières en raison des perturbations climatiques. La saison automnale et le printemps 2025 ont été marqués par des températures anormalement élevées et des déficits pluviométriques très inégalement répartis. Les rosacées et les oléagineuses ont souffert, tout comme certaines cultures fragiles.

Mais à l’inverse, les céréales, les maraîchères de saison et les cultures sucrières ont bénéficié de conditions plus favorables dans les zones irriguées et peu exposées à la sécheresse. Les mesures publiques de soutien ciblé, notamment en intrants et en irrigation, ont permis de contenir les pertes et de renforcer les rendements.

En revanche, la production animale reste en retrait. Depuis 2022, elle évolue en dessous de son niveau tendanciel. Seul le secteur avicole montre des signes de reprise, sans pour autant compenser le fléchissement global de l’élevage.

La consommation, moteur principal
Ce second trimestre marque également la continuité de la reprise des dépenses de consommation des ménages. Sur les trois derniers trimestres, les foyers marocains ont retrouvé une certaine confiance, stimulée par des mesures socio-fiscales favorables et une amélioration du marché de l’emploi. Résultat : la demande des ménages reste le moteur central de l’économie.

La consommation publique, bien que légèrement ralentie, progresse encore de cinq pour cent, traduisant le maintien d’un engagement fort de l’État en matière de services publics et d’investissements sociaux.

Sur le front de l’investissement, les signaux sont également encourageants. Les entreprises privées affichent une dynamique plus forte qu’en début d’année, notamment dans les secteurs liés à l’infrastructure. Toutefois, dans un climat d’incertitude sur les débouchés à l’export, leur comportement de stockage reste prudent.

Demande intérieure forte, demande extérieure en recul
Dans l’ensemble, la demande intérieure a contribué à hauteur de sept virgule sept points à la croissance du produit intérieur brut au deuxième trimestre. Un chiffre très élevé, qui démontre la résilience de l’économie nationale.

En revanche, la demande extérieure continue de peser négativement, soustrayant trois virgule un points à la croissance. Le ralentissement des économies partenaires, notamment européennes, combiné à un contexte commercial mondial tendu, limite l’impact des exportations marocaines. Cela souligne l’urgence pour le Maroc de diversifier ses débouchés internationaux et de renforcer sa compétitivité.

Une inflation contenue et rassurante
La bonne surprise du trimestre vient probablement de l’inflation. Pour la première fois depuis 2021, l’inflation sous-jacente est passée sous le seuil des deux pour cent, atteignant un virgule un pour cent. Au niveau global, la hausse des prix à la consommation est restée modérée à zéro virgule huit pour cent, contre deux pour cent au trimestre précédent.

L’inflation alimentaire a ralenti à un virgule quatre pour cent, grâce à une meilleure disponibilité de certains produits (œufs, poissons frais, céréales transformées). Les prix non alimentaires ont crû de façon très modérée (zéro virgule quatre pour cent), notamment en raison de la baisse des prix de l’énergie (moins deux virgule deux pour cent), liée à la chute des cours du pétrole et du gaz. Les services progressent à un rythme ralenti (zéro virgule neuf pour cent), et les produits manufacturés restent stables.

Une relance solide mais déséquilibrée

Au terme du premier semestre 2025, l’économie marocaine affiche une santé encourageante. La croissance est bien orientée, l’inflation est maîtrisée, et la demande intérieure – publique comme privée – demeure vigoureuse.

Mais cette relance reste déséquilibrée : la dépendance vis-à-vis de la demande intérieure, conjuguée à la faiblesse du secteur exportateur, constitue une vulnérabilité. Le second semestre devra confirmer cette dynamique tout en préparant une réorientation stratégique vers l’international, l’innovation et la productivité.




Vendredi 11 Juillet 2025