Une carte industrielle en pleine expansion
Les régions de Tanger, Kénitra, Jorf Lasfar, Guemassa et même le Sud du Royaume, accueillent ou accueilleront bientôt des unités de production stratégiques, toutes liées à la fabrication de composants de batteries au lithium, au phosphate de fer lithié (LFP), au cobalt ou encore à la transformation de graphite.
À Tanger Tech, le Canadien SRG Battery Minerals, associé à un partenaire égyptien, installe une unité de transformation de graphite, tandis que le Chinois BTR y prévoit deux usines : l’une pour les cathodes et l’autre pour les anodes.
À Kénitra, Gotion, un poids lourd chinois du secteur, lance un écosystème industriel intégré, regroupant les différentes étapes de la chaîne de valeur d'une gigafactory. À Jorf Lasfar, un cluster se met en place avec CNGR (Chine) et le fonds marocain Al Mada, qui y développeront des unités de fabrication de composants LFP et NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt), ainsi qu’une usine de recyclage de batteries.
Dans le Sud, à proximité de Guemassa, les groupes Managem et Haisum misent sur la production de sulfate de cobalt, un matériau stratégique pour les batteries. Toujours dans la région, Shinzom se spécialise dans la fabrication d’anodes, et Hailiang prévoit une usine de tiges pour feuilles de batteries au lithium.
Le Maroc au centre de partenariats technologiques stratégiques
L’innovation n’est pas en reste. Le groupe marocain OCP, via Innovx et en partenariat avec l’UM6P, pilote un projet de production de matériaux LFP à vocation technologique, témoignant de la volonté de développer une expertise locale.
Par ailleurs, plusieurs projets chinois, dont Huayou (composants LFP), Yahua (hydroxyde de lithium), et Tinci (également sur le LFP), sont déjà lancés sans emplacement encore révélé, preuve que le Maroc reste très attractif pour les industriels asiatiques dans le contexte de délocalisation et de sécurisation des chaînes d’approvisionnement.
Un enjeu stratégique pour la souveraineté énergétique
Avec ces initiatives, le Maroc ne se contente plus d’être un pays de transit ou d’assemblage. Il s’impose comme un acteur intégré de la transition énergétique mondiale, capable de jouer un rôle-clé dans la production, la transformation et le recyclage des matériaux critiques.
Le positionnement géographique stratégique du Royaume, ses accords de libre-échange, la stabilité politique, ainsi que la disponibilité des ressources comme les phosphates et le cobalt, en font un terrain fertile pour les investissements dans les technologies propres et la mobilité électrique.
Vers une industrie à haute valeur ajoutée
Derrière ces implantations industrielles, se profile un changement de paradigme pour l’économie marocaine. La montée en puissance d’un secteur aussi stratégique que celui des batteries peut générer des milliers d’emplois qualifiés, renforcer la recherche scientifique et accélérer l’industrialisation verte du pays.
Mais cette promesse industrielle doit s’accompagner d’une vision claire en matière de formation, d’infrastructures énergétiques, et de régulation environnementale. Le défi est à la hauteur de l’ambition : faire du Maroc une puissance industrielle verte du XXIe siècle.